Combien de fois dans la Torah, D.ieu promet-il de faire hériter aux descendants des Patriarches la Terre d'Israël ? Celle du Canaani, du Yévoussi, du ‘Hitti

Pas moins de 86 fois. Mais ce n’est vraisemblablement pas assez. Et Rachi d'expliquer dans son commentaire sur le premier verset de la Torah, que viendra un jour où les nations nous traiteront de “voleurs” prétendant que cette terre appartient aux peuples qui y résidaient avant nous.

Rachi, l’immense, l’incontournable commentateur de la Torah écrite et orale, animé de l’esprit divin, clair et tranchant, visionnaire génial, prévoit la scène géopolitique dix siècles à l’avance. Et il ne se trompe pas…

“Si le Texte Saint commence par les mots ‘Au début D.ieu créa le Ciel et la Terre…’, c’est pour fixer à jamais, que de même que l’Éternel a créé le monde, de même Il assigne la terre à qui et comme bon Lui semble”, explique Rachi. 

Et c’est aux enfants d’Avraham qu’Il la destine, comme stipulé dans la Bible, le livre référence de toutes les sociétés évoluées.

vue du ciel terre d'israel

Le drame de l’Israélien laïc

Le drame de l’Israélien laïc, qui aime son pays, qui y a servi fidèlement, et est fier de l’enrôlement de ses enfants, est que lorsque les nations viennent lui dire « Espèce de voleur ! », il reste hébété et soudain manque d’arguments devant le fiel des détracteurs, qui lui reprochent d'occuper et d’asservir une population déjà présente sur ce lieu avant son arrivée. Car la première pierre de la fondation, celle qui soutient et justifie tout l’édifice de sa présence dans cet endroit si convoité, lui fait défaut, lui qui a grandi sur les « légendes » bibliques, et sur la réalité de l’État hébreu commençant en 1948. 

Rav Israël Meïr Lau, Grand Rabbin d’Israël de 1993 à 2003, père de l’actuel Grand Rabbin ashkénaze David Lau, fut à 7 ans le plus jeune survivant du camp libéré de Buchenwald. Orphelin de père et mère, arrivé en Palestine avec son grand frère Naftali après la Shoah sur un bateau, ils étaient les derniers représentants d’une prestigieuse famille, décimée dans la tourmente, qui servait de rabbins à leur communauté en Pologne depuis 5 générations. 

Grand Rabbin ashkénaze David Lau

Il raconte dans une interview, que jeune marié, il enseignait le ‘Houmach dans une école israélienne laïque à Péta'h Tikva, et qu’un élève lui demanda : « Monsieur le Rabbin, ce Moché Rabbénou dont vous parlez, il a existé ? Car notre professeur d’histoire nous a dit que c’était un personnage fictif… »

La voix du Rav Lau s’enroue lorsqu’il raconte cet épisode, qui est une réalité de l’Israël “revu et corrigé” par l’establishment laïc. Les conséquences de cette éducation profane sont dramatiques : des élèves dans un lycée en Israël, moins de dix ans après la création de l'État hébreu, émettent des doutes sur le bien-fondé du Texte qui justifie leur présence en ce lieu. 

Mais le Rav reste optimiste. Il a gardé des contacts étroits avec ces adolescents devenus des hommes, et a parfois ordonné leur ‘Houppa. Dans ce bouillonnement de cultures, d’avis différents, à première vue tellement disparates, tellement opposés, il est persuadé qu’un cœur juif bat à l'unisson. Lorsqu’il se rend à la prière de Kol Nidré, en Talith, en plein Tel Aviv, à Yom Kippour, on le reconnaît dans la rue, et on lui crie de l’autre côté du trottoir en lui faisant un grand geste de la main : « Rav Lau ! Gmar ‘Hatima Tova, Chana Tova, soyez béni ainsi que votre famille… » Israël est un lieu dynamique, d’espoir, de confrontation, d’émulation. 

Identité israélienne en mouvance

L’Israélien a compris que la revendication de son installation en Israël suite à la plus grande catastrophe humaine jamais vécue par son peuple, il y a de cela 80 ans, n’est plus un argument satisfaisant face aux nations. Après avoir lavé leur culpabilité en votant pour la création d’un État juif, elles adoptent aujourd’hui une position beaucoup plus critique et ambiguë à notre égard. 

L’Israélien s'interroge de plus en plus sur son identité et cherche un pont entre le Juif et le Tsabar qui cohabitent en lui, même si les médias et certains politiques veulent faire croire qu’ici, c’est la guerre entre religieux et non religieux, que la haine conduit les différents blocs et que les positions sont figées. Observons ce qui se passe sur le terrain, car la réalité est beaucoup plus nuancée qu’il n’y paraît.

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Un homme au crâne rasé, lunettes de soleil, installé confortablement dans sa jolie 4x4, s’arrête et prend en stop un orthodoxe en caftan. 

Une femme en pantalon embrasse son fils qui s’apprête à monter dans le bus : étudiant en Yéchiva (académie religieuse), habillé en noir et blanc, avec sa grosse valise, il commence le « Zman », le nouveau semestre après les fêtes.

Le tombeau du Rabbi de Zwill en plein Jérusalem, est fréquenté à toute heure par de nombreuses femmes dont rien, absolument rien dans leur apparence, ne peut laisser deviner qu’elles tiennent à ce mini-pèlerinage, tous les lundis et jeudis, et prient sur le tombeau avec ferveur à côté d’une ‘Hassida Gour et Satmer… 

Qu’on ne vienne pas nous parler de fossé dans le peuple !  

Hassid et laic juif

Le fil rouge

Ben Gourion, ayant quitté la religion déjà en Pologne, reniant le 'Héder de son enfance et refusant d’entendre parler Yiddish - la langue de l’exil selon lui -, brandira avec pathos un petit exemplaire de la Bible devant ces messieurs de l’ONU, répondant à leur question : sur quoi appuyez-vous votre requête de retour à Sion alors que ce peuple a quitté ce lieu il y a 2000 ans ? Cet homme qui avait abandonné complètement la pratique continuait à penser que le Livre des Livres est la base incontournable de notre installation ici. Quant au respect du reste des articles stipulés dans le Texte Saint, Ben Gourion était un politicien, et l’incohérence ne lui faisait pas peur…

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L’argument final et sans appel de notre établissement dans ce pays, de notre retour à Sion, du désir d’y vivre en paix, d’y fonder une famille, est bien antérieur à Herzl, aux ‘Hovevé Tsion, et aux néo-cananéens, qui, eux, ont carrément coupé l’arbre de ses racines. Le seul véritable justificatif de notre présence sur cette terre d'Erets Israël est écrit dans la Torah, et il n’y en a pas d’autres. Et ce sera uniquement devant cette assertion que nos détracteurs s’inclineront.

Juif tenant un sefer torah

Il est donc primordial de savoir que notre présence en Israël est voulue, stipulée, décidée par l’Éternel, Créateur du Ciel et de la Terre. 

Mais également que le Parchemin Saint où est retranscrite la promesse sans appel du cadeau de la Terre d’Israël aux enfants d’Avraham, contient 613 commandements, incluant le respect du Chabbath, la jachère, les lois de Cacheroute, l’interdiction d’idolâtrie, de mœurs corrompues.

Ayons la bonne foi de reconnaître qu’un contrat, ça se respecte sans conditions, sous toutes ses clauses, et qu’on ne peut pas prendre que ce qui nous arrange…