Une des étapes essentielles de la vie adulte est de vivre en couple. Un homme, une femme qui étaient autrefois seuls doivent dorénavant former une entité à part entière, pour le meilleur et pour le pire.

Cependant, si, sur le papier, la formule parait si évidente, la réalité sur le terrain l’est bien moins, comme en témoigne le taux vertigineux de divorces à travers le monde. Les raisons de ce fiasco sont multiples bien entendu, mais l’une d’entre elles tient au fait que les gens ont une mauvaise conception du couple.

Pour certains par exemple, l’idylle d’un couple réussi ne serait possible que si la femme avec qui ils la partageaient leur était soumise. L’homme décide, la femme suit… Une conception que certains attribuent même à la Torah. Ceux-là, s’insurgent contre la modernité qui a donné une liberté à la femme égale et parfois même supérieure à celle des hommes, sapant du même coup, le joug du mari au sein du couple.

La femme libre, serait-ce un concept nouveau pour le couple ou a t-il toujours existé ? Consultons le plus vieux livre du monde – la Torah.

La Torah ou l’apologie d’une femme non soumise

S’il y a bien un livre qui doit nous servir de référentiel en matière de couple, c’est bien le livre publié par le Maître du monde, Seul véritable connaisseur en la matière.

Le lieu dans la Bible où est traité pour la première fois le sujet du couple se trouve être dans les tous premiers versets de la Genèse, et c’est précisément là que de grandes révélations sur le couple nous sont faites. Il est marqué au second chapitre de la Genèse « Hachem-Eloquim dit : Il n’est pas bon pour l’homme d’être seul. Je lui ferai une aide en face de lui » (Genèse 2:18).

La première notion que nous voyons ici, est qu’un homme seul ne peut pas s’accomplir pleinement dans la vie. À ce titre, le Talmud au traité de Yébamot (p.62) nous dit qu’un homme sans femme, est également : sans joies, sans bénédictions, sans Torah…en bref, il n’ira pas bien loin dans la vie.

Cependant, il y a ici quelque chose qui nous interpelle davantage encore. En effet, nous sommes ici au second chapitre de la Genèse. Or, dans le chapitre précédent, D.ieu déclarait avoir déjà créé la femme, donc l’homme n’était pas seul ?! Lisons : « Éloquim créa l’homme à son image, à l’image de Éloquim, Il le créa. Mâle et femelle, Il les créa. » (Ibid. Chapitre 1 :27) Le Midrach ainsi que le Talmud (Irouvin p. 18) d’expliquer tout deux qu’ils furent créés à double face comme des frères siamois, l’homme d’un côté, la femme de l’autre.

Si bien qu’on est en droit de se poser la question : l’homme n’était pas seul au second chapitre lorsque D.ieu décida de lui « octroyer » sa femme ?! Quel est donc le sens de ces versets, qui semblent se contredire ?

S’éloigner pour mieux se rapprocher

En réalité, pas de contradiction, mais un enseignement pertinent sur le couple.

Tout le temps que la femme était « collée » à son mari sans avoir la possibilité de se détacher de lui, de prendre son autonomie, de décider d’aller dans une direction ou dans une autre, de façon tout à fait libre – l’homme était seul à bord. Tant que la femme n’a pas de possibilité d’expression libre, l’homme est isolé dans son propre système de pensée unilatérale et ne voit rien d’autre que lui-même, c’est à cela que la Torah fait référence lorsqu’elle dit que cela n’est pas bon pour l’homme. Il est seul, bien qu’accompagné…

Mais le plus intéressant dans tout cela, c’est qu’en détachant la femme du corps de l’homme, D.ieu nous dit que l’homme ne sera plus seul ; pourtant, c’est bien maintenant, alors que la femme, dispose de la capacité de s’éloigner de l’homme, que celui-ci risque le plus d’être délaissé…

Mais là encore, la Torah nous révèle que ce n’est qu’une fois que la femme a véritablement la possibilité de s’éloigner et qu’elle choisit de ne pas le faire, que sa proximité avec son époux est authentique, fruit de son choix personnel. Une véritable union ne peut venir que du fruit de la liberté. L’homme de son côté se voit de fait contraint au respect et à la bienveillance pour susciter suffisamment d’amour chez son épouse afin qu’elle ne s’éloigne pas…

Ainsi, c’est grâce à l’instabilité de leur lien que l’homme et la femme s’unissent de plus belle et réalisent ensemble, à la croisée de leurs volontés, le commandement divin « Ils seront une chair unique » (Ibid. 2 :24), unis par le fruit de leur liberté.