Un avrekh (homme étudiant la Torah à plein temps) raconta son expérience suivante :

« Un vendredi, mon épouse et moi devions voyager chez mes beaux-parents pour y passer le chabbat. Nous avons réservé un taxi pour quatre heures de l’après-midi et nous nous sommes préparés. Mais voici qu’une voisine vint nous demander de lui prêter notre appartement durant le chabbat, afin d’y loger un invité.

Mon épouse n’hésita pas un instant et accepta avec joie. Toutefois, un obstacle émergea : la voisine était venue à 15h15 et comme mon épouse est très méticuleuse, elle refusa de prêter l’appartement sans l’avoir astiqué auparavant.

Ma chère épouse ne prit pas compte du peu de temps qui nous restait et elle commença à laver et à frotter tous les coins de la maison. Elle fit de l’ordre dans toutes les pièces et n’oublia pas de dépoussiérer les meubles.

Le temps passa et il ne nous restait plus que vingt minutes avant l’arrivée du taxi. Mon épouse était toujours occupée à nettoyer et ne prêtait absolument pas attention à l’heure. De mon côté je finissais de boucler les valises et je l’aidais de toutes mes forces. Mais pour vous dire la vérité, j’étais préoccupé parle temps qui fillait. Il ne restait plus que quelques minutes avant quatre heures…

Je ne savais que faire. Comprenez-moi : si j’avais tenté de l’interrompre, elle aurait pu se vexer et se mettre en colère. Soudain j’ai décidé que quoi qu’il arrive, je ne lui ferais aucune remarque.

L’épreuve ne tarda pas à venir. Il était quatre heures et le taxi klaxonnait déjà. Dans l’appartement, mon épouse continuait sans faire attention à l’heure. La colère me monta à l’esprit, mais Hachem m’aida à retenir ma colère et à respecter ma décision de ne pas faire de remarque. Le taxi continuait à klaxonner et mes nerfs étaient à vif.

Je descendis avertir le chauffeur que nous devions annuler la course et je lui réglais son dû. Il partit le cœur léger : il avait gagné de l’argent sans travailler et il était libre pour une autre course. Le chauffeur du taxi était joyeux, et moi encore plus. En effet, je me sentais heureux d’avoir réussi à surmonter mon sentiment de colère. J’avais la sensation d’avoir conquis le monde ! Après avoir réglé le taxi je revins chez moi et je trouvai mon épouse encore en train de préparer la maison. Je l’aidai joyeusement et le nettoyage "de pessa’h" prit fin vers quatre heures vingt. Nous avons commandé un nouveau taxi et nous sommes partis chez mes beaux-parents.

Ce chabbat en question fut exaltant. Je sentis ce qui est décrit dans les livres : en se maitrisant, l’âme se purifie et l’on se rapproche de D’.

L’histoire ne s’arrête pas là. Mon épouse et moi n’avions pas encore connu la joie d’avoir des enfants. Nous ne savions plus que faire et nous attendions un miracle. Baroukh Hachem, peu de temps après cette veille de chabbat où j’ai surmonté ma colère, mon épouse tomba enceinte et notre joie fut indescriptible ! Je n’affirme pas que ces deux événements soient liés. Je ne fais que relater l’ordre chronologique de ces événements. En premier lieu, j’ai maîtrisé ma colère, ce qui fut pour moi extrêmement difficile. En second lieu, nous avons eu un enfant après de nombreuses années d’attente. » (Histoire rapportée par le Rav Itshak Zylberstein, gendre du Rav Elyashiv zatsal)