Ces jours de joie intense qui suivent l’accouchement vont te permettre de te renouveler, et ce, sur tous les plans. Ils sont comme un tremplin vers de nouvelles hauteurs, de nouvelles aspirations. De la même façon, le parfum qui embaume l’air de la saison du printemps nous apporte une sensation de renouveau. Le mois de Nissan balaye les masses de fatigue que l’hiver a générées ainsi que le travail harassant qui a été abattu en vue de la fête. Cela nous permet de remercier le Créateur dans les chants et l’allégresse.

Toi aussi, jusqu’à ce jour tu vivais comme sur un «  petit nuage  », dans un rythme à la fois tendu et insouciant de période prénatale. Tes prières aussi étaient récitées par habitude et sans que tu ne prêtes réellement attention au monde empli de grâce, de bonté et de miséricorde qui t’entoure.

Après la naissance, tu te renouvelles et à tes côtés se trouve un pur et adorable petit nourrisson. Ses habits sont neufs et sentent agréablement bon, des bouquets de fleurs ainsi que de nombreux présents t’entourent de tous côtés. Ton lien avec le Créateur lui aussi se ravive et se présente sous un nouveau jour.

Tes prières sont récitées dans la reconnaissance et la joie. Le fait de te rappeler de ton nouveau-né te sensibilise à chaque fois et les larmes te montent aux yeux. Tu ressens ainsi combien le Créateur du Monde t’a comblée, t’a fait vivre et t’a conduite jusqu’à ce moment précis !

Un don gratuit, fondement de la reconnaissance

Lorsque Léa Iménou donna naissance à son quatrième enfant, elle le nomma «  Yéhouda  », comme il est écrit  (Béréchit 29 ; 35) : «  Cette fois, je rends grâce à l’Éternel  ».

Cette expression n’a pas été utilisée pour les trois enfants précédents, Réouven, Chimon et Lévi. En effet, nos Matriarches se disaient que chacune devait engendrer trois tribus. Lorsque Léa vit qu’elle avait conçu une quatrième tribu, elle remercia Hachem. Elle fut particulièrement reconnaissante comme nous l’explique Rachi : «  Cette fois, je rends grâce, car j’ai reçu plus que la part qui m’était destinée. À partir de là, je peux vraiment remercier.  »

Dans ces paroles se dévoile un fondement très profond de la vie : ce n’est qu’au moment où l’homme reçoit quelque chose dont il est persuadé que cela ne lui revient pas, qu’il parvient à remercier d’une façon extraordinaire !

Ainsi, toute personne se nommant selon la racine du mot «  Yéhoudi  » porte en elle la capacité intrinsèque de remercier le Créateur. Afin que nous parvenions à remercier comme il se doit et mériter d’être appelés ainsi, il est de notre devoir de renforcer en nous cette croyance que tout ce que nous recevons ne nous revient pas forcément de droit. Même ton parfait petit bébé, qui t’a été donné à toi, et à toi seule, est venu à toi uniquement par la grâce d’Hachem, que Son Nom soit béni !

Remercier et louer

Nos Sages nous ont dit dans la Guémara (Brakhot 54b) : «  Quatre personnes doivent être reconnaissantes : celle qui a traversé la mer, celle qui a traversé un désert, celle qui a été malade et qui a guéri et celle qui était emprisonnée et qui a été libérée  ». Le point commun entre ces personnes est que toutes ont été confrontées à un danger. En de tels moments, l’ange disposé à l’accusation accable l’homme de mauvaises choses ; sans la miséricorde divine, il n’aurait pas pu vivre une seule seconde.

Durant l’accouchement, tu as mérité de vivre. Ton statut est celui d’une personne malade qui a guéri. Ainsi, il est de ton devoir d’être profondément reconnaissante envers le Créateur et de réciter la bénédiction du Gomel, comme il est écrit (Téhilim 107) : «  Il envoya Sa parole pour les guérir… Qu’ils rendent grâce à l’Éternel pour Sa bonté, pour Ses miracles en faveur des hommes  ».

Elichéva vécut un accouchement long et dangereux. Les battements du cœur de son bébé étaient très faibles, et cela, à de nombreuses reprises, tout comme sa tension à elle qui n’augurait rien de bon. L’éventualité d’une césarienne se présenta plusieurs fois, mais finalement, grâce à de nombreux miracles, l’accouchement se passa naturellement. Elichéva a bien sûr récité la bénédiction du Gomel avec beaucoup d’émotion. Cependant, elle continua à raconter autour d’elle les nombreux miracles dont elle a bénéficié à toute personne voulant l’entendre. «  Peut-être que j’exagère un peu ?  » se demanda-t-elle. «  Peut-être dois-je faire attention au mauvais œil ?  »

Il est important de savoir qu’en plus du fait de remercier Hachem lors de la bénédiction du Gomel, il est bon également de raconter autour de soi les prodiges dont on a été témoin, comme il est écrit (Téhilim105, 2) : «  Chantez en Son honneur, célébrez-Le, entretenez-vous de toutes Ses merveilles  », (Téhilim 107) : «  Qu’ils immolent des sacrifices de reconnaissance et racontent Ses œuvres dans des chants joyeux !  »

En apportant un sacrifice de reconnaissance au Beth Hamikdach, l’homme devait également joindre quarante ‘Hallot - pains. Le Natsiv explique sur le verset de Vayikra 7, 3 que la Torah ordonna cela afin que la personne miraculée voulant remercier Hachem pour Ses bontés offre aussi un festin à de nombreuses personnes afin d’y raconter les miracles et les prodiges qu’elle a vécus.

De nombreuses femmes dans leur période postnatale ressentent un puissant désir de raconter l’expérience qu’elles ont vécue. En faisant quelque peu attention, il t’est possible de transformer cette histoire en chants et en allégresse et l’utiliser en tant que reconnaissance et remerciement au Créateur, Béni soit-Il, pour Son infinie bonté.