Nous nous trouvons dans la génération de “Ikvéta Déméchicha” (les talons du Machia’h), à propos de laquelle nos Sages ont dit : “L’insolence augmentera, le prix montera… la vérité sera absente, les jeunes feront honte aux anciens, les anciens se lèveront devant les petits, le fils méprisera son père, la fille se dressera contre sa mère, la belle-fille contre sa belle-mère, etc.” La confrontation, dans notre génération, dans le domaine de l’éducation, est une confrontation très difficile. La jeune génération est opiniâtre, et très souvent elle tourne le dos. Il y a beaucoup de disputes entre les parents et les enfants ; beaucoup d’enfants choisissent leur propre chemin et ne veulent pas vraiment écouter la voix des parents…

Cela peut se produire avant le mariage, et aussi après le mariage, comme une belle-fille qui se dresse contre sa belle-mère. Cette situation fait beaucoup souffrir les parents, et ils se retrouvent complètement démunis. Beaucoup de parents éduquent leurs enfants selon la voie de la Torah et des Mitsvot, de la Halakha et du service de D.ieu. Ils investissent réellement, ils consultent, mais malgré tout, nous voyons beaucoup d’insolence et d’indifférence, ce qui est très différent des générations précédentes. 

Que peut-on faire ?

La réponse à cela, nous la trouvons — avec l’aide du Ciel — dans les jours de ‘Hanouka. À ‘Hanouka, nous ajoutons dans la prière et dans le Birkat Hamazon le passage de “Al Hanissim” :  “Lorsque se dressa contre Ton peuple Israël le royaume grec impie, pour leur faire oublier Ta Torah et les détourner des lois de Ta volonté”. C’est-à-dire que les Grecs avaient un intérêt particulier à faire oublier. Mais pas seulement cela : il ressort que l’élément de l’oubli était le fondement et l’essentiel des décrets de la Grèce antique. 

La Torah nous raconte la guerre de notre père Ya'akov avec l’ange gardien d’'Essav, à la fin de laquelle : “Il toucha l’emboîture de sa hanche, et l’emboîture de la hanche de Ya'akov se démit”, et en conséquence nous avons été commandés : “C’est pourquoi les enfants d’Israël ne mangent pas le nerf sciatique (Guid Hanaché) qui est sur l’emboîture de la hanche, jusqu’à ce jour, car il toucha l’emboîture de la hanche de Ya'akov au nerf sciatique”. Dans les livres saints, il est rapporté que “Guid Hanaché” est lié au terme oubli Néchiya”, comme il est écrit : “Yossef appela le premier-né Ménaché, car D.ieu m’a fait oublier toute ma peine et toute la maison de mon père”. Et les commentateurs expliquent là-bas : “Car les premières souffrances ont été oubliées” (Sforno). Rabbénou Be’hayé rapporte également que lorsque la femme se marie, c’est aussi une expression liée à l’oubli, car elle quitte et oublie la maison de son père.

Le Kéli Yakar explique une chose effrayante : “Nous trouvons chez nos Sages des choses profondes, difficiles à comprendre… Cette Mitsva fut donnée en allusion pour les générations, afin d’empêcher Israël d’enquêter sur les secrets cachés… car il y a à craindre que leur esprit ne se détériore et qu’ils en viennent à l’hérésie”. En effet, peu sont capables de comprendre tous les secrets comme il faut, car leur esprit traverse une vallée obscure : les vanités et les désirs de ce monde brouillent l’esprit humain. Ainsi, l’interdiction de manger ce nerf, pour les générations, est un souvenir perpétuel du fait que D.ieu leur a interdit le fruit de l’Arbre de la Connaissance, pour qu’ils ne nourrissent pas leur intellect de choses difficiles comme les “nerfs” etc.

Celui qui attire l’homme vers les désirs et les vanités de ce monde, c’est son “Ani — son ego. Il ne pense qu’à lui-même et oublie qu’il y a Quelqu’un qui a créé le monde et qui est le Maître de tout. L’homme pense que tout lui appartient et il ne se souvient pas de remercier Celui auquel tout appartient. Dans les livres saints, il est rapporté que “Guid Hanaché” est le centre de l’oubli, et l’ange d’'Essav chercha à frapper Ya'akov précisément à cet endroit. C’est aussi ce que les Grecs ont essayé de faire au peuple d’Israël. Ils voulaient leur faire oublier la Torah afin de les séparer du Saint béni soit-Il. 

L’oubli est l’un des plus grands problèmes des enfants de notre génération. “Leur faire oublier” — ils oublient tous les bienfaits et tous les efforts que leurs parents font pour eux. Très souvent, ils ne vivent que pour eux-mêmes et ne pensent qu’à ce qu’ils estiment leur être dû, et lorsque quelque chose ne leur convient pas, ils deviennent hélas insolents ou rebelles. Ils oublient que leurs parents les ont élevés et les ont nourris pendant de nombreuses années. Mais cela ne s’arrête pas là : car lorsqu’il y a “leur faire oublier Ta Torah”, il y a aussi “les écarter des lois de Ta volonté”. L’un dépend de l’autre. 

Nous apprenons de ces jours-là ce qui se passe chez nous à cette époque-ci et aussi la manière de faire face à ce problème. Face à l’oubli, nos Sages ont institué : ”Remercier et louer”. Tout l’objectif des Mitsvot de ‘Hanouka est la publication du miracle, et la louange, le Hallel et la reconnaissance envers le Saint béni soit-Il. Car lorsque l’homme remercie et loue, il se souvient de Celui qui lui fait du bien et, par cela, il répare l’oubli. Le grand problème survient lorsque l’homme cesse de remercier; d’emblée, il oublie, et il commence aussi à devenir insolent et à oser montrer un visage dédaigneux…

Lorsque l'on veut “leur faire oublier Ta Torah”, la véritable riposte consiste à “Remercier et louer”. Lorsque l’homme remercie et loue le Saint béni soit-Il, il sait tout ce qu’Il a fait pour lui, et alors il ne peut pas oublier : ni la Torah, ni l’ordre, ni les lois de Ta volonté. Il en est de même dans le monde de l’éducation. Si l’on enseigne aux enfants, dès leur jeune âge, qu’il faut toujours remercier, on leur inculque cette qualité ; et alors, lorsqu’ils grandissent, ils se souviennent de ce que les parents ont investi en eux, et ils les écouteront davantage et ne les ignoreront pas, ni ne seront insolents envers eux. La manière d’enseigner aux enfants et de les habituer à remercier se fait principalement par l’exemple personnel. Ils voient comment le père, à la maison, remercie la mère pour la nourriture qu’elle prépare, pour l’investissement dans la gestion du foyer et pour l’éducation des enfants. La mère, elle aussi, veille toujours à remercier le père pour la Torah qu’il étudie, pour l’effort dans la subsistance et pour l’aide à la maison. Lorsque les enfants voient comment les parents se remercient mutuellement et remercient les autres, ils apprennent de cela et s’habituent eux-mêmes à exprimer leur reconnaissance.

Dans la prière de Cha’harit du Chabbath, nous disons : “Car il est du devoir de toutes les créatures devant Toi… de remercier, de louer et de chanter, d’orner, d’élever, de glorifier et de triompher, etc.” “Car il est du devoir de toutes les créatures” – les initiales (שכן חובת כל היצורים) forment le mot oubli (Chikha שכחה). Lorsque l’on habitue les enfants à remercier et à dire “merci”, on veille à ce qu’ils n’aient pas d’oubli, et lorsqu’ils n’ont pas d’oubli, ils n’ont pas non plus d'insolence. L’insolence vient de mauvaises tendances qui proviennent de l’oubli, et la réparation à cela est la reconnaissance.

C’est pourquoi, en ces jours-ci, renforçons-nous dans la gratitude, enseignons aux enfants à dire un grand Merci, à louer et à chanter Celui qui nous a fait du bien. Si nous nous investissons dans cela dès le plus jeune âge, nous nous épargnerons l’insolence et la peine à l’âge adolescent…