Nous avions précédemment expliqué que l’adolescence est une période qui sera vécue par l’enfant en fonction de la relation que ses parents auront construite avec lui pendant des années. Or, cela implique que les parents doivent voir loin dans leur démarche éducative.

Bien souvent les parents sont admiratifs devant leur petit d’un ou deux ans. Ils le trouvent adorable. Ils le laissent agir à sa guise.  Ou bien au contraire, certains traits de caractère qui se manifestent dès le premier âge inquiètent les parents, qui vont naturellement chercher à les endiguer. Pourtant, cette vision à court terme est problématique. Ne s’intéresser qu’au moment présent et chercher à guérir les maux de manière immédiate est une grave erreur, dont l'effet n’est pas visible dans l’immédiat. Les parents peuvent vivre longtemps dans l'illusion qu’ils sont parvenus à réprimer certaines tendances chez leurs enfants alors qu’en réalité il n'en est rien. Ces parents manquent cruellement de clairvoyance.

A ce sujet, le Rav Wolbe raconte qu’il lui est arrivé un jour de rencontrer des parents consciencieux, qui s’impliquaient réellement dans l’éducation de leurs enfants. Ils étaient alarmés : avec leur ado, c’était la rupture. Ils ne comprenaient pas pourquoi leur enfant se montrait aujourd’hui irrespectueux et même agressif avec eux. Face à leur désarroi, le Rav leur posa la question suivante : ‘’ Avez-vous déjà levé la main sur votre enfant ? ‘’ Le père répondit par l’affirmative mais se justifia aussitôt : ‘’ Mais c’est parfois inévitable ! ‘’. 

“Certes, répondit le Rav, il y a des situations où les coups sont nécessaires, mais si l’enfant n’a pas décelé en même temps chez vous une volonté réelle de l’éduquer et un amour véritable, si votre geste n’était que le fruit de la colère ou pire, de la haine, sachez qu’il a produit en retour chez votre enfant un profond ressentiment à votre égard. Sur le coup votre enfant s’est plié à votre volonté, mais sachez que cette rancoeur enfouie a mûri, et aujourd’hui, à quinze ans, il vous fait payer le mal que vous lui avez infligé 

Attention, notre propos n’est pas d’invalider de manière absolue le recours aux coups, mais plutôt de dire que si les parents doivent sanctionner, alors ils doivent le faire avec amour.

De tout ce que nous venons de dire, vous comprenez qu’un adolescent équilibré est avant tout un enfant que l’on a aimé. La qualité des relations qu’il entretiendra avec ses parents est le fruit d’une construction minutieuse.

Nous commençons à comprendre que l’adolescence n’est pas vouée à être une période de conflits, mais qu’elle est avant tout l’aboutissement d’un lien qui s’est construit tout au long des années entre les parents et leurs enfants.

Les enfants qui ont joui de bonnes relations avec leurs parents qui leur ont prodigué tout l’amour et la confiance dont ils avaient besoin, vont à l’adolescence s’épanouir pour dévoiler une personnalité équilibrée, forte et stable. 

Lorsque leurs enfants arrivent à l’âge de l’adolescence, certains parents sont inquiets : vont-ils continuer à évoluer dans le chemin de la Torah ? Déjà, ils manifestent les premiers signes de lassitude. Ils se rendent à la synagogue en traînant le pas. Et lorsqu’ils y sont, ils bavardent sans cesse. Que faire pour les remettre dans le droit chemin ?

Que les parents cessent de scruter l’attitude de leurs enfants. Ils doivent avant tout retourner la question vers eux-mêmes. Peut-être que le manque d’intérêt de leur enfant pour la Torah prend sa source chez eux ? Pendant très longtemps l’enfant n’a pour seul modèle que celui de ses parents. Peut-être que son père n’a pas toujours été exemplaire à la synagogue. Alors qu’il était en pleine conversation avec son voisin lors de la répétition de la ‘Amida, ce père a oublié que son fils l’observait en coin et apprenait de lui. Aujourd’hui il reproduit l'attitude de son père. A qui la faute ?

Certains parents argueront certainement du fait que leurs autres enfants se comportent, eux, comme il faut. C’est à leurs yeux la meilleure preuve qu’ils n'ont rien à se reprocher.

Un des principes fondamentaux de l’éducation, c’est que tous les enfants ne réagissent pas de la même manière face aux mêmes messages. Chaque être est doté de dispositions propres. On ne saurait exiger de nos enfants qu’ils répondent tous de la même façon à notre mode d’éducation, ce serait un leurre.