Nous vivons dans une société qui a, malheureusement, banalisé et sali le concept d’intimité conjugale. Pourtant, la Torah, qui est notre référence spirituelle pour savoir comment gérer nos vies et diriger nos foyers, donne une grande importance aux relations physiques entre mari et femme. En quoi un acte si physique, qui nous rapproche davantage du milieu animalier que de celui des Saints Anges, un acte qui paraît détaché de toute élévation spirituelle, a une telle puissance, judaïquement parlant ?

En fait, lorsqu’une âme est créée, elle est entière, et dès qu’une personne naît, Hachem insuffle en elle la moitié de l’âme créée et garde l’autre moitié pour l’insuffler dans le corps de son futur conjoint, que l’on appelle communément son « âme sœur ». Au moment où ces deux personnes se rencontrent, il y a un fossé entre elles, elles ont reçu une éducation différente, ont évolué avec des mentalités et principes très différents, elles ont parfois même des ambitions et des points de vue diamétralement opposés, mais les deux moitiés de l’âme se reconnaissent et c’est grâce à cette puissance que le couple est formé. Là où ce dernier ressentira une véritable alchimie, c’est lorsqu’il s’unira physiquement, car toutes les différences seront mises de côté et la Néchama (âme) jouira de sa « réunification ». C’est pourquoi, il est écrit : « Un homme quittera son père et sa mère. Il s’unira à sa femme et ils deviendront une seule chair. » (Genèse 2, 24)

Si les relations conjugales ont cet extraordinaire pouvoir de permettre au couple de ressentir une symbiose parfaite à ce moment-là, Hachem a évidemment donné un emploi du temps pour être sûr d’utiliser ce merveilleux outil au maximum de son potentiel. L’emploi du temps est dans les lois qui régissent la séparation mensuelle du couple et ses retrouvailles après l’immersion au Mikvé.

Les lois de pureté familiale ont toujours été très respectées dans notre religion. Que les personnes soient pratiquantes ou non, ces lois sont comme un flambeau que les femmes chérissent comme un trésor et qu’elles se passent avec amour et bienveillance de génération en génération. Beaucoup de femmes trouvent difficiles les lois de Tsni'out (pudeur juive), de Cacheroute, d’observance du Chabbath, mais quand on arrive aux lois de pureté familiale, les plus grands sacrifices sont de mise. Les femmes se trempaient dans des bassins d’eau glacée, elles voyageaient parfois des jours entiers pour rejoindre le Mikvé le plus proche, ou s’abstenaient carrément de s’unir à leur mari tant que l’immersion n’avait pas pu être faite pour cause de danger… Aujourd’hui, les conditions sont bien différentes, les Mikvés ressemblent à des espaces de spa détente, les bassins sont évidemment chauffés, mais il n’en est pas moins que le statut spirituel de cette Mitsva demeure inchangé. Il n’est en aucun cas question d’hygiène, cette immersion est là pour purifier la personne et la rendre apte à la Mitsva qu’elle s’apprête à accomplir. D’ailleurs, les hommes aussi se trempent avant d’accomplir une Mitsva importante, comme par exemple écrire un Séfer Torah.

La Mitsva du Mikvé est souvent mal comprise et sa beauté est malheureusement entachée à cause du siècle vide de sens et aux valeurs faussées dans lequel nous vivons. Lorsqu’un couple respecte les lois de pureté familiale, qu’il se sépare au bon moment et de la façon dont il doit se séparer, et qu’il s’unit au bon moment et de la façon doit il doit s’unir, il montre à Hachem qu’Il a Sa place dans leur foyer, il L’invite à bénir et protéger leur couple. Lorsque le mari et la femme se retrouvent physiquement après la séparation d’usage, les forces de la vie (conception potentielle) reprennent le pouvoir sur les forces de la mort (menstruations).

La Mitsva du Mikvé, nous l’avons donc bien compris, est d’une magnifique profondeur. Le terme « Mikvé » signifie « rassemblement ». En effet, il est le passage obligatoire avant le rassemblement entre un mari et sa femme, mais il est également le bassin qui rassemble des eaux naturelles, telles que les eaux de pluie ou sources souterraines. En quoi une Mitsva aussi magnifique et intense peut se faire à travers l’eau, un élément aussi simple, basique et à la portée de tous ? On aurait mieux compris que l’accomplissement de cette Mitsva nécessite un matériau de grande qualité et d’une grande valeur, un matériau qu’il serait difficile d’obtenir ou de trouver. Et pourtant, non, il nous faut non seulement de l’eau, mais en plus l’eau la plus simple qui soit, celle qui nous vient sans qu’on ait besoin de la chercher outre mesure.

Lors de la création du monde, la création de l’eau n’est mentionnée nulle part. On en déduit donc que l’eau existait avant la création du monde. « L’esprit d’Hachem planait à la surface des eaux. »

Le Mikvé, qui est généralement rempli d’eau de pluie, revient à lier le ciel, la divinité, la spiritualité, avec le bassin, la terre, le monde dans lequel nous, humains, en somme, vivons. Ainsi, lorsqu’une femme se trempe au Mikvé selon le respect des lois, elle revient à ramener avec elle une protection divine, elle ramène ce soir-là dans son foyer la présence d’Hachem, qui la guidera au quotidien et l’aidera à régénérer sa force créatrice. Une femme, qu’elle soit maman ou pas, est le pilier de son foyer. C’est d’elle dont dépend l’ambiance à la maison, c’est elle qui décide de sanctifier ou non sa maison, c’est elle qui décide de construire ou détruire sa famille. Il va donc de soi que le mérite lui revienne d’aller se tremper au Mikvé pour permettre à son couple d’atteindre des sommets de spiritualité.

Enfin, d’un point de vue beaucoup plus terre à terre, les commandements de séparation mensuelle ainsi que celui de l’immersion au Mikvé ont énormément de bénéfices sur notre vie de couple et notre construction en tant qu’individu.

  1. Ils nous permettent de ne pas plonger dans la lassitude et l’ennui. Ces sentiments sont la cause première de divorce de nos jours. Lorsqu’il n’y a plus d’éclat, de renouvellement dans un couple, c’est très dur de se résigner à rester ensemble.
  2. Ils nous apprennent la retenue. Alors que la société nous encourage à laisser libre cours à nos pulsions et à nos désirs, les lois de pureté familiale font le travail inverse. Et lorsqu’on se retient de ne pas enlacer sa femme parce que cela nous est interdit à ce moment précis, on saura se retenir sur un tas d’autres choses, complètement détachées de ce contexte.
  3. Ils nous permettent de redonner vie à notre identité personnelle. En effet, lorsqu’on est un couple, on a tendance à réfléchir à deux, à agir à deux… Mais, durant cette période où on se détache physiquement l’un de l’autre, on apprend également à se détacher émotionnellement et intellectuellement. Ainsi, chacun retrouve ses forces, ses capacités qui lui sont uniques, sa raison d’exister en tant qu’individu, et c’est ainsi qu’à l’issue de la période de séparation, le mari et la femme sont remplis de nouvelles énergies afin de s’unir à nouveau pour aider et enrichir l’autre sans pour autant disparaître.
  4. Le Mikvé nous apprend le respect de l’autre. Mon conjoint n’est pas là pour servir mes envies, il est là en tant que personne avec des envies propres à lui également, des appréhensions, des humeurs, que je me dois de comprendre et respecter.
  5. Enfin, il nous apprend la communication, la vraie. Le geste est bien plus fort que la parole, c’est une réalité. Ainsi, lorsqu’on a quelque chose à se faire pardonner, c’est plus facile de le faire à travers un baiser ou câlin qu’à travers de vraies excuses sincères où l’on met à plat le problème et de côté notre égo. Aussi, durant les périodes où les baisers et les câlins ne sont pas de rigueur, la communication prend toute sa valeur. Bien que très difficiles, ces moments solidifient le couple.

La Mitsva de Mikvé aide le couple à s’exprimer et s’épanouir afin d’atteindre des sommets en spiritualité et en intimité.