Gagnerons-nous l’estime de nos enfants si nous cédons à leurs demandes ? Un enfant équilibré est-il un enfant qui obtient ce qu’il veut ? Et à quoi servent les limites que nous imposons à nos enfants ?

Tous les parents du monde sont confrontés aux questions classiques autour de l’autorité. « Ai-je raison d’interdire à mes enfants de manger des bonbons ? » « Suis-je dans mon bon droit lorsque j’impose à mon ado des horaires pour ses sorties ? » « Est-ce que je fais bien de leur interdire certaines fréquentations ? », sont autant de questions que se posent naturellement les parents, même s’ils ne les expriment pas toujours. Et la liste est encore longue…

A quoi servent les limites ?

Dans l’esprit de beaucoup de gens, le fait d’imposer des limites à leurs enfants rime forcément avec entrave, conflit et dureté. A l’inverse, pensent-ils, le fait de faire preuve de « souplesse » et « d'ouverture » les conduira sur la voie de l’entente avec leur progéniture et d’une bonne atmosphère à la maison. De plus, imaginent-ils (consciemment ou pas), en cédant aux demandes de leurs enfants, ils s’attireront l’estime et l’amour de ces derniers.

En réalité, ces croyances, pour populaires qu’elles soient, sont fondamentalement erronées et témoignent d’une grave méconnaissance de la nature humaine.

L’être humain, contrairement à ce que l’on pourrait penser, est à la recherche de limites claires. La société moderne a beau poser la « liberté » comme droit fondamental de l’homme, il n’en reste pas moins que la nature humaine, au contraire, a désespérément besoin de se voir imposer un cadre bien défini pour pouvoir évoluer de manière saine. D’ailleurs, la Torah l’avait compris bien avant la déclaration des droits de l’homme : que fait D.ieu dans Sa loi si ce n’est guider l’homme vers le bonheur à travers des sentiers bien délimités ?

Ce que sont les rails pour le train, ce qu’est le passage clouté pour le piéton, ce qu’est le mode d’emploi pour l’utilisateur novice – les limites le sont pour les enfants !

Les enfants face aux limites

Hélas, certains parents, lorsqu’ils sont confrontés à la réaction parfois violente de leurs enfants face aux limites qu’ils tentent d’imposer, sont tentés de battre en retraite. Il se disent que, finalement, il n’est peut-être pas nécessaire de faire preuve d’autant d’autorité et qu’il est au fond plus simple de ne rien imposer du tout, sans compter que leurs enfants sont probablement trop faibles ou trop petits ou trop grands pour qu’on exige d’eux tant de choses…

En fait, ces parents n’ont pas intégré l’idée que, contrairement à ce que la réaction de leurs enfants peut laisser supposer, ils sont là en train de rendre un service d’une valeur inestimable à leur progéniture !

Certes, les enfants, du fait qu’ils n’ont pas encore acquis suffisamment de maturité, répugnent généralement aux limites. Personne n’aime être entravé dans sa course vers la satisfaction de ses désirs ! Mais les parents, de par leur position, leur expérience, mais surtout de l’amour qu’ils portent à leurs enfants, savent naturellement distinguer ce qui est bon pour eux de ce qui ne l’est pas.

Ainsi, un parent peut être amené à s’imaginer qu’il gagnera l’amour et l’estime de ses enfants s’il cède à ses demandes. Mais en réalité, c’est l’inverse qui est vrai : un enfant ne sera jamais plus reconnaissant qu’envers celui qui aura su lui imposer des limites claires et intelligentes, ces mêmes limites qui lui auront permis de se frayer un chemin dans le labyrinthe de la vie.

Oui, mais comment faire ?!

Si vous êtes à présent convaincus du bien-fondé de l’autorité dont vous avez été investis en tant que parents, vous vous demandez certainement comment exercer cette autorité concrètement, de manière saine et sans entraîner de conflits superflus.

La bonne nouvelle, c’est que cet exercice est plus aisé qu’on ne le croit ! En fait, dès lors qu’un parent est sûr de lui et croit sincèrement que sa limite vise le bien de son enfant, il réalisera qu’il n’a plus aucun mal à l’imposer ! Cela devient une évidence, comme le fait de dire “bonjour” le matin au réveil…

Il ne ressentira alors plus ni le besoin d’imposer ses règles par la force, ni de s’engager dans des négociations dont lui seul sortira perdant… Les « arguments-choc » du type : « Mais la mère de ma copine, elle, elle permet ! », « C’est toujours à moi qu’on demande d’aider et jamais aux autres ! », ou encore : « La dernière fois tu as dit oui, pourquoi maintenant c’est non ? » ne l’impressionneront plus. Il saura y répondre calmement, fermement, sans se laisser entrainer dans des conflits sans fin.

Du bon emploi de la limite

Une fois avoir mûrement réfléchi et décidé qu’une certaine règle devait être respectée chez vous, vous pouvez vous demander comment la faire appliquer dans les faits, sans que la chose ne soit source de conflits et de rébellion. Pour ce faire, ces quelques conseils pratiques pourront certainement vous y aider :

  1. Bien réfléchir avant de dire non/d’imposer une certaine conduite : il vaut mieux travailler en amont par une réflexion sérieuse que de vous retrouver dans une situation où vous regrettez d’avoir énoncé une règle. Si vous dites non ou décidez que tel comportement ne peut être accepté, il faut que la chose ait été mûrement réfléchie.
  2. Sachez différencier le “pourquoi” interrogateur du “pourquoi” conflictuel : lorsque les enfants se voient imposer un “non”, il n’est pas rare qu’ils rebondissent immédiatement sur le fameux “Pourquoi ?”. Or, il existe deux sortes de “pourquoi” : celui qui vise à réellement comprendre la raison de votre refus et celui qui vise simplement à vous faire changer d’avis. Face au premier type de “pourquoi”, il peut être bénéfique de dialoguer et d’expliquer à l’enfant que notre décision vise son bien, même si lui-même ne le ressent pas ainsi. Par contre, lorsque vous vous trouvez face à un “pourquoi” de conflit, sachez vous prémunir contre ces tentatives de vous entrainer dans des discussions sans fin visant à remettre en cause votre décision en même temps que votre autorité. Dans un tel cas, ne vous sentez pas obligée de répondre. Vous pouvez dire calmement : “Car c’est ce que Papa et moi avons décidé”, sans vous justifier davantage.
  3. Gardez votre calme, même si vos enfants perdent le leur. Certains parents sont désemparés lorsqu’ils tentent d’imposer une certaine discipline et que leurs enfants réagissent violemment. Ils paniquent, perdent leur calme, essayent à tout prix de raisonner leur enfant, sont tentés de faire marche arrière, etc. Comprenez qu’il est naturel qu’une règle ou qu’un refus soulève la colère. Celle-ci est le plus souvent passagère, surtout si l’enfant est persuadé que ses parents l’aiment et agissent dans son intérêt. Inutile donc de paniquer !
  4. Exprimez-vous toujours calmement. Une règle est plus facilement acceptée lorsqu’elle est énoncée calmement ! Ce qui ne contredit absolument pas le fait d’être ferme.

Pour conclure, les limites que nous posons à nos enfants, loin de les entraver dans leur développement, sont en fait le plus beau cadeau que l’on puisse leur faire. En les habituant à accepter sereinement les règles que nous leur imposons – pour leur bien –, nous les préparons à une vie d’adulte épanouie, heureuse et sereine !