Si vous êtes maman de petit(s) garçon(s), vous avez certainement déjà assisté à ces délicieuses fêtes de fin d’année où nos petits hommes, vêtus de leurs plus beaux atours et – en général – d’une énorme couronne de polystyrène, se tiennent tout fiers sur l’estrade pour recevoir leur bulletin/diplôme de fin de Gan/certificat de fin d’étude d’un traité de Michna/tout autre décernement qui a pour effet d’agir sur vous comme le ferait un gros oignon épluché à vif.

Moi, j’ignore pourquoi, ça m’arrive chaque année. Je me retrouve les yeux rougis de larmes à la vue de mon fils, ce héros, chanter avec tant de brio (mêlé à une once de timidité…) les belles chansons de Torah apprises avec tant d’efforts et les accompagner d’une gestuelle appliquée. Sauf que cette fois, à la fin de la fête, alors que nous faisions notre chemin vers la sortie, mon petit Nathan s’est tourné vers moi en me prenant la main et m’a dit : « Pas vrai, maman, que je t’ai offert le plus beau cadeau ? ». Un peu surprise, j’ai demandé : « Oui, de quel cadeau veux-tu parler ? ». Et là, mon Nathan de me répondre : « Moi, j’étudie la Torah et toi, tu gagnes aussi des mérites ! C’est le Moré qui nous l’a dit : quand notre maman nous amène au Talmud Torah, on lui offre des mérites pour toujours ! Alors tu vois, c’est pas un beau cadeau ça ? ».

Sur le coup, je n’ai rien dit. J’avais besoin de temps pour réfléchir à tout cela. Puis, une fois à la maison après cette journée chargée en émotions, après avoir dûment couché, embrassé, bercé et bordé ma progéniture, je me suis assise entre quatre yeux avec ma tasse de café pour cogiter. C’est vrai, quel beau cadeau que celui que je venais de recevoir. Dans une génération où plus rien n’a de valeur, où des enfants se rebellent contre leurs parents, où l’on se dispute pour un portable ou un autre engin à fonction tactile, où en un clic des mondes entiers sont détruits, quel beau cadeau que de récolter les fruits de notre labeur, de voir nos enfants étudier la Torah ! Cela peut paraître évident pour certains, mais cela ne va pas de soi pour tous. Le déluge des époques a eu beau déferler sur le monde, le petit peuple juif a eu beau errer aux quatre coins du globe, dans ces eaux tumultueuses, une lueur n’a jamais cessé de percer l’épaisseur de l’obscurité : ces enfants purs qui étudient la Torah. Sur le souffle desquels le monde entier repose.

Et combien heureux sont les parents de ces mêmes enfants, qui voient chaque jour leur progéniture rapporter à la maison les paroles de nos Sages sur l’importance de donner à autrui, de respecter les aînés, de parler avec douceur, de contrôler son caractère, autant de perles qui viennent orner le foyer juif d’un éclat unique, transmis de génération en génération depuis des temps immémoriaux.

Alors oui, Nathan venait indubitablement de m’offrir un cadeau, le plus précieux des cadeaux qu’une maman puisse recevoir. Et moi, j’allais me coucher la tête pleine de pensées sereines, à l’image du riche dont la fortune est bien placée et dont l’avenir est assuré pour l’éternité.