Une question importante de notre génération, et qui revient très souvent dans les demandes des mamans, est celle de la relation avec les grands-parents.

Nous parlons du cas de « Ba’alé Téchouva », c’est-à-dire qu’eux sont revenus à la Torah alors que leurs parents n’en ont pas encore pris le chemin. En d’autres termes, que faire quand les grands-parents sont moins religieux que leurs enfants ?

La question se formule à peu près de cette façon : « Lorsque mes parents arrivent, ils gâtent les enfants avec des jeux qui ne me plaisent pas, ils veulent leur montrer des films inadéquats, le langage ne convient pas toujours non plus, sans parler des tenues vestimentaires. Pourtant, j’ai besoin de ma maman, elle m’aide beaucoup. »

Je pense que plus d’une se sera reconnue, dans au moins une partie de ce « discours ».

En fait, nous avons une équation très compliquée à résoudre dont voici les différents paramètres :

1. Tout d’abord, celui de la relation enfants / grands-parents : elle est très importante pour l’épanouissement des enfants. C’est une relation d’amour sans contrainte, les grands-parents peuvent être moins fermes, gâter - même un peu trop, sans que cela ne soit préjudiciable au ‘Hinoukh, bien au contraire, cela donne à l’enfant un sentiment de bien-être et de sérénité merveilleux pour l’aider à grandir.

2. Ensuite, toute notre vie étant régie par notre sainte Torah, nous devons respecter le quatrième des 10 commandements que nous avons reçus au Har Sinaï, celui de Kiboud Av Vaèm - honorer ses parents.

Il est tellement important qu’il est placé tout de suite après les commandements entre nous et Hachem. C’est le seul dont il est mentionné explicitement que son accomplissement rallonge les jours. Combien d’histoires ont été relatées à propos de grands hommes qui se sont totalement annihilés pour servir leurs parents. La Mitsva va si loin, qu’elle mentionne le cas d’un Rav que sa mère vient gifler alors qu’il donne un cours. Il n’a, à aucun moment, le droit de réagir ! Le respect dû à nos parents qui nous ont donné la vie a priorité sur tout, excepté sur les commandements d’Hachem Lui-même. Ceci vient nous poser une pyramide extraordinaire, qui est aussi un plan pour notre vie : tout en haut se trouve Hakadoch Baroukh Hou, et tout de suite après, nos parents.

3. Nous devons donner un ‘Hinoukh sans compromis, afin que nos enfants grandissent de façon épanouie dans la voie qu’Hachem nous a tracée.

Ainsi, si nos parents ne suivent pas cette voie, nous nous trouvons confrontés à une contradiction que je résumerais en : PROXIMITE SANS RENONCER.

Encore une fois, à aucun moment nous ne devons nous éloigner du ‘Hinoukh que nous avons choisi pour nos enfants, sous prétexte que nous devons respecter nos parents.

Parallèlement, à aucun moment nous devons manquer de Kavod - de respect à nos parents, ou, encore pire, les blesser sous prétexte que notre éducation est différente de la leur !

Alors comment faire ?

J’ai pris le temps, d’exposer le problème, car, ainsi bien posé, nous comprenons mieux la difficulté à surmonter. Bien énoncée, les solutions peuvent jaillir d’elles-mêmes !

Tout d’abord, commençons par le respect. Quoi que nous disions, fassions, exprimions, nous devons toujours agir avec respect.

Il faut les accueillir. Si possible aller les chercher, quand ils vous rendent visite. Leur réserver le meilleur siège. Les servir : une boisson, un repas… S’enquérir de leur bien-être et chercher à leur faire plaisir. Bref, s’inquiéter de chaque détail de leur vie.

Des parents qui montrent cette attitude devant leurs enfants est déjà une extraordinaire leçon d’éducation par l’exemple. Eux aussi développeront cette attitude à l’égard de leurs parents. Et nous pourrons voir dans un autre article, combien l’enseignement de la Mitsva de « Kiboud Av Vaèm » est un point central du ‘Hinoukh.

A part cela, les grands-parents envers lesquels on agit ainsi, d’autant plus s’ils ne sont pas dans la Torah, seront tout à fait admiratifs de comment leurs enfants adultes et religieux se comportent vis-à-vis d’eux.

Cela aura, d’une part, comme conséquence, un grand « Kidouch Hachem » (grandir le nom d’Hachem, une merveilleuse Mitsva dont la récompense est infiniment grande dans ce monde et dans le monde futur). D’autre part, et cela est loin d’être négligeable, ils seront attentifs à votre discours, et même à vos requêtes.

Nous voilà arrivés à la solution : les parents peuvent alors, si, et seulement si, ils se comportent comme nous l’avons vu, imposer, toujours avec le plus grand respect, leur désidérata.

Dans un tel contexte, dire à sa maman : « Je sais que tu as mis tout ton cœur dans l’achat de ce jouet, mais nous ne le permettons pas à la maison » avec le ton adéquat, aura de grandes chances d’être accepté.

En revanche, dire : « Maman, tu sais bien que ces jeux ne rentrent pas chez moi » témoigne un manque de respect.

Au contraire, dire « Merci beaucoup maman, c’est super » parce que vous ne voulez pas la froisser, est un renoncement grave, qui aura sans aucun doute des répercussions sur les demandes de vos enfants.

Accepter, parce qu’on a besoin de ses services, et que plus ou moins sciemment c’est « donnant, donnant » est encore pire !

Nous pouvons appliquer cette méthode pour les sorties, la façon de s’exprimer, de s’habiller, etc.

Attention, je vous entends dire que vous avez déjà essayé, mais que cela n’a pas marché !

Peut-être avez-vous effectivement essayé de dire les choses gentiment, mais le contexte général de votre comportement vis-à-vis de vos parents, était-il conforme à ce que nous avons décrit : c’est-à-dire une gentillesse, compréhension, disponibilité, etc., bref, en adéquation avec la Mitsva de respecter ses parents ?

Alors, avant de leur imposer quoi que ce soit, il faut d’abord, soi-même se comporter comme il convient.

La deuxième étape sera alors d’exprimer gentiment et fermement quel type de ‘Hinoukh vous entendez donner à vos enfants.

Le principe étant de toujours trouver un compromis, qui ne blesse pas, et qui ne remet pas les valeurs de Torah en cause.

Très souvent, les Ba’alé Téchouva ont tendance à remettre leurs parents en cause.

Ceci est une grave erreur, n’oubliez pas qu’ils vous ont donné la vie, le bien le plus précieux au monde. Et ce que vous êtes aujourd’hui est, sans aucun doute, au moins en partie grâce à eux.

Ce genre d’attitude a fait ses preuves, et tout le monde s’y retrouve : les grands-parents qui profitent avec bonheur de leurs petits-enfants, les parents, qui restent proches de leurs propres parents, en respectant une éducation de Torah. Les enfants, qui reçoivent cet amour si particulier de leurs grands-parents, et prennent un merveilleux exemple de leurs parents !

Béhatsla’ha, dans une des missions les plus délicates de tous les parents.