שֶׁקֶר הַחֵן וְהֶבֶל הַיֹּפִי: אִשָּׁה יִרְאַת יְהוָה הִיא תִתְהַלָּל

Mensonge que la grâce ! Vanité que la beauté ! La femme qui craint l'Eternel est seule digne de louanges.

« Qu’est ce qu’elle est bellllle ! » Avez-vous déjà entendu ce genre de remarque à propos d’une certaine femme ? Vous avez certainement dû ressentir de la frustration en entendant ce genre de propos. Il ne faut pas croire que la frustration vient de votre jalousie qui a été piquée, mais en fait parce que vous ressentez sûrement que d’admirer une femme pour sa beauté a quelque chose d’insignifiant, voire même… d’insultant !

Regardons ce verset de plus près pour comprendre.

La beauté ? Relative et éphémère !

Tout d’abord, la beauté et le charme sont des notions qui sont tout à fait relatives. Selon les cultures et les époques, les critères de beauté sont à géométrie variable. Une femme qui serait considérée comme “forte” aujourd’hui aurait été considérée comme très gracieuse il y a cinquante ans. Un Top-Model dans le monde occidental est considérée comme émaciée et squelettique dans la culture orientale. Une femme blanche peut être considéré comme “divine” dans certaines cultures. Bref, la beauté est relative ! C’est donc totalement insignifiant de faire la louange d’une femme pour sa beauté puisque c’est une donnée subjective et dépendante de la culture et de l’époque à laquelle on appartient.

De plus la beauté est éphémère. La beauté d’une femme est à son apogée pendant son jeune âge, mais après, le corps commence naturellement à se faner et la beauté à s’estomper… Il est vain pour une femme de vouloir faire de la beauté un objectif absolu et, pour une personne extérieure, c’est un non-sens de faire la louange d’une femme pour sa beauté… En effet, même malgré tous les efforts possibles et imaginables, on va forcément être amenée à s’amoindrir avec les années, donc ce compliment est forcément passager et fragile, c’est un compliment… avec une date de péremption !!!

La trace que nous allons laisser sur Terre n’est pas la trace de notre rouge à lèvres !

Enfin, la beauté, comme la richesse ou l’intelligence, est un don d’Hachem. À moins que l’on ait recours à la chirurgie esthétique pour se conformer aux standards de la société, ce n’est pas quelque chose pour lequel on a oeuvré pour l’obtenir, mais un don de naissance. En fait quand on fait l'éloge de la beauté d'une personne, on s'arrête sur quelque chose qui ne reflète ni sa personnalité, ni ses réalisations [1] : on s'arrête sur une donnée qui n’a pas vraiment de sens. Dans le fond, faire la louange pour sa beauté est aussi ridicule que de la complimenter sur sa taille de chaussure ! De plus, ne l’oublions pas : la trace que nous allons laisser sur Terre, n’est pas la trace de notre rouge à lèvres (!) mais la trace des actes de bonté et de vertu que nous aurons réalisés.

Une beauté qui a du sens : l’être et le paraître

Ce qui est très curieux c’est que la Torah nous décrit très souvent nos matriarches et autres femmes pieuses de la Bible comme étant belles. « Tu es une femme au gracieux visage » [2]  dit Avraham à Sarah. Ra’hel est décrite comme ayant de beaux traits et un visage radieux [3]. Ou encore Esther qui était, elle aussi, « belle de taille et belle de visage » [4]. Si la beauté est réellement futile, la Torah parlerait-elle de futilité pour parler de nos matriarches et autres héroïnes de la Bible ? N’est ce pas contradictoire avec tout ce que nous venons de montrer ?

En fait, ce que nous dit le Roi Salomon c’est que le charme ça vaut 0 et que la beauté vaut également 0, mais la seconde partie du verset traite de la crainte du ciel, qui est la seule valeur méritoire. Donc la crainte du ciel représente “1”. Lorsque l’on met un 1 devant deux 0 alors, les deux 0 prennent de la valeur, et le 1 devient 100. De la même façon, ce verset ne dénigre absolument pas la beauté en tant que telle mais il remet cette valeur à sa place, en perspective avec la spiritualité. Si une femme a la crainte du ciel, c’est-à-dire qu’elle vise à agir selon la volonté d’Hachem, à se raffiner jour après jour et à augmenter son niveau spirituel, alors sa beauté prend toute sa valeur et tout son sens ! [5] 

La beauté ne doit jamais être un but en soi mais venir accompagner quelque chose d’intérieur, de beaucoup plus profond. La beauté juste pour la beauté ne mène à rien : l'esthétique doit rimer avec éthique, sinon c’est dangereux. Et c’est ce qui mène des femmes à mener une course vers le paraître pour avoir plus de “followers” sur Instagram, et qui oublient de se concentrer sur l’être. 

La Echet ‘Hayil est toujours belle !

Le Rav Yaakovson conclut en disant que la Echet ‘Hayil est loin de se négliger : au contraire elle est toujours belle ! En effet, la beauté c’est l’harmonie. La Echet ‘Hayil a tellement conscience de sa beauté intérieure qu’elle va naturellement être amenée à entretenir sa beauté extérieure pour se sentir en parfaite harmonie avec elle-même. C’est ça la beauté de la Echet ‘Hayil :  c’est une harmonie profonde qui interpelle, qui apaise et qui inspire.

Qui est la femme qui se cache derrière ce verset ?

Selon le Midrach, derrière chaque verset se cache une femme de la Bible. Dans ce verset, Il s’agit de Ruth !

La vie de Ruth a été marquée par des difficultés incessantes et des dilemmes déchirants. Elle a sacrifié tout ce qu’elle avait dans ce monde pour rejoindre le peuple juif : son titre de princesse, sa richesse, sa famille, son palais et son confort de vie. Bien que sa belle-mère ait tenté de la décourager en lui énumérant les Mitsvot les plus difficiles et les châtiments engendrés en cas de non-respect de la Loi Juive, elle ne s'est jamais laissée aller au découragement car tous les efforts qu’elle a réalisés et les choix qu’elle a opérés furent selon sa crainte du Ciel et non pas sur des critères futiles et passagers comme le confort et la facilité.  De la même façon, la Echet ‘Hayil, c’est celle qui utilise ses atouts en leur donnant du sens et qui fait des choix inspirants pour réaliser une vie pleine de sens !

[1] Ashlikh sur Michlei (31,30)

[2] Béréchit (12,11)

[3] Rachi sur Béréchit (29,17)

[4] Esther (2,7)

[5] Artscroll sur Michlei (31,30)