Chère amie,

Comment pourrait-on penser, ne serait-ce qu’une demi-seconde, que lorsque l’on se charge de 613 commandements et de centaines de Halakhot, on est plus libre ?!?

I-ni-ma-gi-nable !

Justement, il y a quelques jours j’étais au parc, et j’entendais - pour ne pas dire que j’écoutais, religieusement - une discussion entre deux cousines, l’une froom*, et la seconde fry**. Appelons-les respectivement Shirel et Liora.

Voici, à peu près, la teneur de leur conversation…

Liora : Alors ma cousine, ta maman, elle a fini par l’accepter ta Téchouva ?

Shirel : Eh ben non, toujours pas vraiment. Je pense sincèrement qu’elle souffre du fait que j’ai pu faire un choix différent de l’éducation qu’elle m’a inculqué. J’ai beau lui expliquer, mais…

L. : Oui, c’est certainement vrai, c’est dur de réaliser que son enfant ait tant changé, mais en même temps, pourquoi as-tu fait un choix si radical ? Tu aurais pu devenir Chomérèt Chabbath au max et basta !

S. : Rires… Mais ce que tu n’as pas perçu dans ma Téchouva, c’est que, bien au-delà de mes jupes, de ma façon de manger et de respecter le calendrier juif, j’ai noué un vrai lien avec Hachem, c’est un truc incroyable. Je ressens réellement maintenant qu’il n’y a pas de joie plus grande et plus vraie que ce lien ! Regarde, quand je me suis sentie prête à me marier, Il m’a envoyé Nathan. Quand je ne savais pas comment m’y prendre dans notre nouveau foyer, l’arrivée de notre fils, le travail, Il m’a aidé à chaque instant : dans tout ce que je Lui demande, peu importe si cela advient ou non, je Le sens à mes côtés, je me sens tellement plus forte ! Je ne peux plus Lui mentir, on forme ensemble une équipe qui gagne, tu comprends ma cousine ?

L. : Wow, je ne voyais pas cela sous cet angle-là. Tout ce que tu me racontes, ça me paraît un peu fou. Tu es peut-être devenue un peu illuminée, dis-moi…

S. : Très franchement, c’est ce que je pensais moi aussi des froom, avant. Mais quand tu apprends à comprendre pourquoi Il t’a envoyé tel et tel test de la vie, à croire en Lui, et au fait qu’Il se cache derrière chaque rencontre, chaque évènement, et que, donc, tout a un sens, alors là, ça y est, tu ne vois plus rien au premier degré. Tu vis tellement plus intensément : tu découvres ce qu’est la vraie liberté.

L. : Alors là, la liberté, je ne sais pas si c’est le mot le plus adapté… Au lieu d’enfiler un jean et des baskets, tu dois, tous les matins, prendre le temps de choisir une robe et des collants. Oyoyoy… Plutôt que d’avaler tout ce qui te donnerait envie dans la rue, tu check tout sur ta liste au préalable. Grrr… Au lieu de remettre toutes tes courses à samedi, tu fais face à tout un tas de lois restrictives qui t’en empêchent. Pfff !

S. : Disons que, en effet, pour la majeure partie des gens, faire ce que l’on veut, c’est mettre un jean et des baskets, manger toutes sortes de choses, et vivre selon le calendrier grégorien.Mais, si on y réfléchit bien, ma cousine :

- le jean untel et les baskets unetelle, d’où te vient l’idée même de les mettre ? Soyons claires : les publicités, les effets de mode, en gros, la société. Et en gros, si tu n’es pas dans ce moov’, elle t’en exclut, on le perçoit très tôt. C’est malheureusement ce que je vois régulièrement dans l’école de mes nièces. On peut donc facilement devenir esclave de la société. C’est alors elle qui te maîtrise, pas toi.

- Pour ce qui est de la nourriture, qu’est-ce qui régit ta faim au juste ? Ton estomac, ton instinct de survie. On peut donc être soumis à nos pulsions, elles peuvent nous asservir. Ton corps peut régir ta vie sans te laisser de choix. Il peut être le plus fort.

- Quant au shopping du samedi, là encore, c’est le mouvement de la société qui veut nous soumettre au calendrier grégorien ; nous seuls pouvons décider de nous soumettre, par nous-mêmes, au seul temps qui nous profite pleinement : le temps juif.

Alors, tu vois que l’on croit être libre, mais qu’en réalité on est ballotés par toutes sortes de forces qui nous conditionnent. On ne fait pas du tout ce que l’on veut, mais ce par quoi nous sommes portés !

L. : Mmmhh…

S. : Tandis que, à nous seuls, Hachem offre le cadeau chaque seconde, de pouvoir nous affranchir de l’esclavage de la société, de nos pulsions, etc. Il nous offre le choix d’être vraiment libres, au-dessus de tous nos instincts.

L. : C’est beau ma cousine. Ça me donne beaucoup à réfléchir.

Et là, alors que je jubilais intérieurement, le flux de paroles a laissé place à un grand silence. Ou plutôt, tout d’un coup, à une sorte de sérénité, alors que leurs enfants jouaient gaiement, les uns avec leurs Tsitsiot (ceux de Shirel), les autres, sans (ceux de Liora). Mais qui sait, peut-être plus pour très longtemps…

Alors, et toi, qu’en penses-tu : Froom ou Fry, qui est le plus libre ?!?

Pessa’h Cachère Vésaméa’h ☺


*Froom : pratiquante

**Fry : pas (encore) pratiquante