’Hodech Tov ! Je voulais partager avec vous deux idées, ayant trait à la fois aux événements du mois de ’Hechvan et à la vie de couple...

Le mois de ’Hechvan est un mois « vide », en quelque sorte, de fêtes juives. Mais c’est un mois plein de signification.

En ce mois qui suit l’élévation spirituelle de Tichri, nos lèvres continuent de « murmurer » des prières (le mot Mar’Hechvan vient du mot araméen Mar’héché, qui signifie chuchoter). C’est également le mois où l’on commence à prier pour la pluie (dès le 7 ’Hechvan). Et enfin, c’est le mois de la Hilloula de Ra’hel Iménou (11 ’Hechvan). Quant à Léa Iménou, la date de son décès n’apparaît pas clairement dans nos sources, mais d’après certains, elle est morte peu après la vente de Yossef, quand les frères étaient loin de chez eux. Ya'akov était seul lors de l’enterrement de Léa (Bné Banim). Or la vente de Yossef eut lieu en Tichri (Sidré Parachiot). Il ne serait donc pas impossible que la Hiloula de Léa soit assez proche de celle de Ra’hel.

Soulignons que nos deux matriarches – Léa et Ra’hel – toutes deux génératrices des 12 tribus qui forment le peuple juif, eurent un autre dénominateur commun (outre le fait d’être jumelles, d’être toutes deux épouses de Ya'akov, etc.) Toutes deux pleurèrent ! Léa, nous le savons toutes, avait les yeux « ternes », affectés tant elle avait pleuré pour ne pas devenir l’épouse d’'Essav et pour que ses enfants ne soient pas influencés par un père mécréant. Ra’hel aussi pleura : quand les Bné Israël sortirent en exil et quittèrent Jérusalem, ils passèrent près du tombeau de Ra’hel à Beth Lé’hem et Ra’hel pleura pour l’avenir de la nation.

Il est intéressant de noter qu’Hachem enjoignit à Ra’hel de cesser de pleurer, de sécher ses larmes, parce que ses enfants allaient revenir en Erets Israël, que leur avenir n’était pas sans espoir, etc. En revanche, nous ne voyons nulle part qu’Hachem a demandé, ni même consenti, à ce que Léa arrête de pleurer, d’implorer. Nous en déduisons que pour ce qui a trait à l’éducation et à la vie de couple, nous ne devons jamais mettre un terme aux prières. L’enjeu est immense et même une fois mariée depuis plusieurs années, il convient de prier pour notre Chalom Bayit. Même après avoir marié tous nos enfants, il n’est pas temps de renoncer à nos prières pour leur éducation et leur réussite.

L’avenir du peuple juif, en tant que nation, nous est assuré par Hachem dans la prophétie de Yirmiyahou (31,16) : « Il y a de l’espoir pour ton avenir, tes enfants rentreront dans leurs frontières. » Par contre, l’avenir spirituel de nos descendants, pris individuellement, ainsi que l’avenir de notre vie de couple, nécessitent constamment des Téfilot  (prières) ! … À vos Sidourim (livres de prières) !!

Parlons à présent de la pluie, pour laquelle nous prions dès le 7 ’Hechvan.

L’eau que nous demandons symbolise, d’après les sources kabbalistiques, le ’Hessed (que l’on souhaite aussi abondant que l’eau). N’oublions pas que le ’Hessed est l’une des trois caractéristiques du peuple juif. Avraham, notre patriarche, est décrit comme le paradigme du ’Hessed et à l’époque de Noa’h, où le monde devint dépourvu de ’Hessed, Hachem décida de le détruire... par l’eau ! Hachem « immergea » le monde pour le purifier du mal et de la perversion.

L’eau du Mikvé purifie, elle permet à l’individu de faire page blanche, d’avoir un regard nouveau sur la vie. C’est le processus que l’on fait passer au non-juif qui souhaite se convertir (seules les eaux du Mikvé peuvent lui permettre de capter la sainteté du mode de vie dans lequel il aspire à s’engager). C’est également le processus de toute personne qui voulait entrer dans le Beth Hamikdach, pour pouvoir s’imprégner de la sainteté de ce lieu unique. La femme juive aussi se prépare, grâce à l’immersion dans le Mikvé, à mener une existence de sainteté dans son foyer. Son statut change, elle s’élève chaque mois et raffermit le lien avec son mari.

Le mot « מקוה, Mikvé » a la même racine que le mot « תקוה , espoir ». La Tévila marque un moment privilégié qu’il convient d’exploiter pour prier et implorer le Maître du monde. Par ailleurs, le mot מקוה comporte les mêmes lettres que le mot « קומה, hauteur ». Hachem nous donne le pouvoir, la force de nous relever « de toute notre hauteur » pour affronter notre quotidien avec une énergie renouvelée.

Pour que la Tévila soit validée et que la sainteté de la femme soit confirmée, cette dernière doit se trouver intégralement sous la surface de l’eau, c’est-à-dire dans un milieu où l’être humain ne peut pas vivre. C’est pourquoi elle en sort comme si elle venait de renaître, avec des forces nouvelles, un statut intrinsèquement différent [1].

Voilà une occasion extraordinaire de « tourner la page » et d’en entamer une nouvelle !

[1] Pour réaliser cette transformation, il faut tremper tout le corps en une fois. Même un seul cheveu, resté au-dehors de l’eau, suffit à ce que l’impureté se redéploie sur le corps entier.