Dans la Parachat Vayéchev, la Torah nous révèle les épreuves de Yossef, sa vente en tant qu’esclave, son épopée dans la maison de Potiphar, et son séjour en prison. Mais elle marque une pause, de prime abord étrange, afin de nous faire part de l’histoire de Yéhouda, le frère de Yossef, ainsi que de Tamar, sa belle-fille.

Cette interruption n’est guère une coïncidence, puisque toutes les paroles de la Torah sont là pour nous transmettre un message particulier. Tentons de donner un bref aperçu de l’échange entre Yéhouda et Tamar, et d’en extirper quelques perles de sagesse qui nous concernent à nous, en tant que femmes.

Tamar, la femme de Air, qui était le fils de Yéhouda, possédait une beauté toute particulière ; et sa Tsniout (pudeur) était aussi grande que sa beauté physique. Mais Air avait peur que si Tamar tombe enceinte, elle ne perde toute sa beauté. Il pécha donc en gaspillant sa semence, et fut punit par la mort. Yéhouda décida de donner sa belle-fille en mariage à son second fils, Onan, qui, malheureusement, commit la même erreur que son frère, et mourut à son tour. Voyant que sa belle-fille avait l’air de porter malheur, Yéhouda eut crainte de la donner à son troisième fils, et repoussa donc son mariage, afin que son plus jeune fils, Sheila, puisse l’épouser, mais il ne tint pas sa porale.

Entre temps, la femme de Yéhouda périt, et Tamar désirait ardemment engendrer des enfants qui descendraient de la tribu de Yéhouda. Elle eut une vision prophétique que de grands maîtres de la Torah allaient sortir d’elle et de son beau-père. Tamar était une Tsadékèt de haut niveau et elle agit entièrement Léchem Chamayim (de manière désintéressée, pour glorifier le Nom de D.ieu). Elle concocta donc un plan afin que Yéhouda aille vers elle.

Tamar se mit alors dans un coin, et revêtit des vêtements de prostituée. Yéhouda passa devant elle et ne la reconnut pas.

« Il se dirigea de son côté et lui dit : "Laisse-moi te posséder." Car il ignorait que ce fût sa belle-fille. Elle répondit : "Que me donneras-tu pour me posséder ?" II répliqua : "Je t'enverrai un chevreau de mon troupeau." Et elle dit : "Bien, si tu me donnes un gage en attendant cet envoi."

II reprit : "Quel gage te donnerai-je ?" Elle répondit : "Ton sceau, ton cordon, et le bâton que tu as à la main." II les lui donna, il approcha d'elle et elle conçut de son fait ». (Béréchit 38,16-18)

Trois mois plus tard, Yéhouda apprit que Tamar était enceinte, mais ne savait pas de qui. L’on circulait qu’elle s’était prostituée. Il décida donc de l’amener au Beth-Din (tribunal rabbinique) et de la mettre à mort. Les juges décrétèrent que Tamar devait être brûlée, dû à la sévérité de son acte.

La belle-fille de Yéhouda aurait très bien pu proclamer qu’elle était enceinte de Yéhouda, mais elle s’y est abstenue, préférant mourir que d’humilier son beau-père en public. Alors qu’elle s’apprêtait à se faire tuer, Tamar supplia Hachem qu’Il lui vienne en aide. Tout à coup, l’ange Michaël lui apporta les objets que Yéhouda lui avait donnés en guise de gage.

Elle les montra aux juges et à son beau-père, sans révéler à qui ils appartenaient, démontrant sa Tsniout incomparable. Yéhouda comprit brusquement que ces derniers étaient les siens. Il eut l’envie pressante de nier les faits, mais il vainquit son Yétser Hara’ (mauvais penchant) et avoua sa faute. Tamar enfanta des jumeaux, dont l’un d’entre eux se nomme Péretz. Péretz est l’ancêtre du Machia’h.

Nous pouvons tirer plusieurs leçons de l’histoire tumultueuse de Tamar. La belle-fille de Yéhouda démontre tout d’abord deux qualités toutes particulières : la Tsniout ainsi que l’abnégation de soi. Ces deux qualités lui ont donnée le mérite incommensurable d’être l’ancêtre de rois, prophètes et du saint Machia’h.

En effet, Tamar possédait une modestie sans borne ; elle a agit dans le silence et la discrétion, et ce, entièrement au service d’Hachem et du peuple juif. Par ailleurs, elle a préféré sacrifier sa vie plutôt que d’humilier son prochain. Combien d’entre nous serions capables d’arborer une telle force ? Comme la Torah nous l’enseigne : humilier son prochain est équivalent à le tuer. Puissions-nous nous inspirer des qualités exemplaires de Tamar, et les appliquer dans notre quotidien. Soyons plus sensibles au bien-être d’autrui et prenons conscience que pour une femme, la Tsniout représente l’équivalent de garder toute la Torah.