Une prière très ancienne, prononcée par la communauté juive de Cracovie, en Pologne, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale sur la tombe du Rama, a été retrouvée il y a quelques semaines dans une ancienne Guémara.

Les vieux ouvrages recèlent des trésors inestimables. Pas seulement dans leur contenu, mais parfois, aussi, dans ce qui peut se cacher entre les pages, au cours des décennies et des siècles passés.

C’est ainsi qu’une très ancienne prière a été retrouvée dans une ancienne Guemara originaire de Pologne, sur une feuille à part car elle n’apparaît pas dans un Sidour classique. Cette prière, imprimée pour une utilisation unique sur la tombe du Rama, Rav Moché Isserlis, notamment à Lag Baomer, le jour de la Hiloula du sage du Talmud et révélateur du Zohar, Rabbi Chimon bar Yo’haï. Rav Moché Isserlis, le Rama, a vécu au 16e siècle à Cracovie et est extrêmement renommé pour ses travaux sur la loi juive : Darké Moché, un commentaire sur l’Arbaa Tourim ainsi que la célébrissime Hamappa (la nappe), un commentaire sur le Choul’han Aroukh qui donne à ce dernier son statut de référence absolue et universelle de Halakha.

Berel Chor, âgé de 94 ans, est l’heureux découvreur de cette prière disparue. Né à Cracovie, monsieur Chor est l’un des descendants du Rama. Il se souvient encore très bien de la coutume de se recueillir sur la tombe de son ancêtre le jour de Lag Baomer. Alors que monsieur Chor était âgé de douze ans, la Seconde Guerre mondiale éclata. Tandis qu’il réussit à s’échapper de Cracovie avec sa sœur, ses parents ne réussirent pas à prendre la fuite et périrent quelques temps plus tard. Avant d’être assassinés, ils réussirent à transférer leur précieuse  bibliothèque de Torah à un ami polonais, le professeur Traoch Kowalski, de l’université Jagellonne de Cracovie, qui préserva intacts les ouvrages pendant la guerre, les restitua aux survivants de la famille, et qui sont aujourd’hui en possession de Berel Chor.

Parmi les centaines de livres de la bibliothèque, il y a de nombreuses pages coincées à l’intérieur des livres, dont cette rarissime Téfila oubliée, récitée sur la tombe du Rama. A l’époque, un jeune juif de Cracovie, Zev Alexandrowitz, avait pris des photographies des pèlerins priant sur la tombe du Rama dans les années 1930, mais jusqu’à présent, on ne savait pas ce qu’elles étaient devenues. Berel Chor a envoyé cette prière aux dirigeants de la communauté juive de Cracovie, dans l’espoir que cette tradition vieille de plusieurs siècles , empreinte de Kédoucha, sera renouvelée.