La Torah doit répondre à tous les problèmes. Etant liée à l’Eternel, elle ne saurait être dépendante du temps et notre époque riche plus que jamais en inventions technologiques doit affronter ces problèmes nouveaux, en s’inspirant des principes de la Torah. A ce niveau, il est essentiel de comprendre, de tenter d’expliquer les technologies modernes, et de réfléchir à leur intégration dans la perspective de la Torah. Assurément, aucune époque n’a connu de tels problèmes, et il serait dangereux, voire désastreux, de les occulter. L’innovation scientifique, conjuguée aux pratiques délibérément affranchies de la société moderne, interroge nos contemporains. La Torah nous invite à relever ce défi : refuser toute déviation éthique mais aider, dans la mesure où cela rejoint les critères de la Torah, à améliorer les conditions naturelles. Il est important de guérir, et si, par exemple, se présentent des situations difficiles, la Torah peut et doit contribuer à apporter des solutions, qui seront salutaires pour le public.

Dans une première perspective, certaines opérations ne sont pas nouvelles : dons ou greffes d’organes, euthanasie, sont d’anciens problèmes, qu’il faut savoir régler dans les limites de la Halakha. Mais ce qui est nouveau, c’est l’utilisation du corps – essentiellement le corps de la femme – pour transformer la société, satisfaire des exigences formellement anti-naturelles. Les problèmes de procréation assistée ou de gestation pour autrui qui sont actuellement sujets de réflexion, ou plutôt objets des polémiques modernes, se heurtent, à notre avis, à trois sortes d’objections éthiques essentielles. 

Ces trois objections concernent l’individu, la famille et la société, mais se résument en un point essentiel : la stérilité. Certes, certaines avancées techniques liées à un désir légitime de lutter contre l’infertilité ont pu être positives, mais dans l’ensemble, les techniques concernant la gestation et la procréation assistée sont fondées sur des désirs de créer sans effort et sans intérêt pour la continuation des générations. Le commerce d’organes est un autre aspect de cette dégradation de la valeur du corps et de la dignité de la personne humaine. Il ne s’agit pas seulement ici de critiques fondées sur des principes religieux, mais également d’arguments liés à la dignité de l’individu. 

Une femme, philosophe et spécialiste des problèmes éthiques modernes, Sylviane Agacinski, a écrit sur ce thème un livre au titre significatif : « Corps en miettes ». Elle y dénonce les pratiques modernes en estimant que ces technologies transforment aujourd’hui la société, et risquent de changer les normes de notre civilisation. Cet auteur estime que la gestation pour autrui implique pour la femme un statut d’esclave. On en fait un objet destiné à être utilisé. De la sorte, les éléments qui donnent au foyer sa valeur essentielle – la présence solide du père, l’influence chaleureuse de la mère – sont en voie de perdition. 

Les progrès de la médecine, bienfaisants en général, risquent de dévoyer l’humanité, du fait des méthodes nouvelles ; la procréation assistée des enfants devient un élément lié à des choix commerçants, totalement éloignés du respect de la cellule familiale – cela étant présenté de façon nuancée. Incontestablement, si l’humanité progresse dans cette direction, éloignée des données éthiques, la décadence de la société des hommes est programmée !

La Torah peut et doit répondre à ces nouveaux affrontements. Il y a des autorités rabbiniques qui y réfléchissent, et cherchent à apporter des solutions conformes à la Halakha. Cela est réalisable, à condition que la dignité de l’individu soit préservée. Il faut savoir garder les yeux ouverts, sans tomber dans des débordements dangereux pour l’avenir de la société. Le but du foyer juif est de créer un centre de spiritualité harmonieux, cellule importante en vue de l’éducation salutaire des enfants, et d’un avenir serein pour la société des hommes.