Le 5 Chevat 5708 du calendrier hébraïque, un certain Éliahou Mizra’hi meurt sous les balles en allant secourir une jeune communauté juive du Gouch Etsion en Israël. Le 5 Chevat 5783, 75 ans plus tard jour pour jour, un certain Éliahou Mizra’hi meurt sous les balles en allant secourir les victimes d’un acte terroriste à Neve Ya’akov…

Par une nuit glaciale d’hiver 1948, quelques mois seulement après la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël, 35 combattants partent de Hartouv, un petit village à proximité de ce qui deviendra plus tard Beth Chémech. Cette escouade se met en route avec un objectif bien précis : aider les communautés juives du Gouch Etsion, un groupe de villages localisés dans les monts de Judée, au sud de Jérusalem et de Bethléem. Les villageois sont assiégés et harcelés par les forces arabes et n’ont pas la possibilité d’organiser leur défense. La troupe espère parcourir une trentaine de kilomètres et arriver juste avant l'aube. Cependant, lorsque le soleil pointe à l’horizon, les hommes n’ont toujours pas commencé à gravir la montagne accueillant les villages. Soudain, ils sont pris en embuscade par une force armée arabe écrasante en nombre et en puissance militaire.

Les 35 fantassins se sont courageusement défendus jusqu’au dernier avec tous les moyens à leur disposition, allant même jusqu’à utiliser des pierres contre leurs assaillants après que leurs réserves de munitions aient été totalement épuisées. Cette résistance fut si désespérée que les assaillants ont loué l'héroïsme des “35”, déclarant qu'ils souhaiteraient mourir avec le même courage. Les restes des 35 ont été ramenés par le Rav Goren après la guerre de 1948 et ils furent enterrés sur le mont Herzl.

La bataille eut lieu le vendredi 5 Chevat 5708. L'un des 35 soldats était Éliahou Mizra’hi, un jeune habitant de Jérusalem qui rêvait d’être acteur et écrivain, et qui abandonna ses études pour défendre ses frères et sœurs juifs, au prix de sa vie…

Nous avançons de 75 ans jour pour jour dans le futur, et nous arrivons en 2023, le vendredi 5 Chevat 5783 (27 janvier). Alors que les familles israéliennes sont attablées pour le premier repas de Chabbath, un terroriste pénètre à Jérusalem, dans le quartier de Neve Ya’akov, et commence à abattre un par un des riverains innocents. Éliahou Mizra’hi, un homme de 48 ans attablé chez son père avec son épouse dans un immeuble faisant face à la scène du crime, entend tout à coup des cris et estime qu'il ne peut pas rester les bras croisés. Bien que son père l’avertisse de ne pas sortir, Éliahou Mizra’hi court pour porter secours aux victimes, exactement comme son homonyme 75 ans plus tôt. Malheureusement, il s'est retrouvé face au terroriste qui l'a assassiné sans aucune compassion avec son épouse Nathalie qui s’était portée volontaire avec lui…

Par une coïncidence remarquable et à exactement 75 ans d'intervalle, deux personnes nommées Éliahou Mizra’hi, homonymes de l'un des rabbins les plus illustres du 15ème siècle - le Ré’em, auteur du Séfer Hamizra’hi, l’un des plus importants commentaires sur le Talmud à l’époque - sont morts ‘Al Kiddouch Hachem, en sanctifiant le Nom divin, alors qu'ils cherchaient à sauver leurs prochains. 


Yéhi Zikhram Baroukh, que leurs mémoires soient une bénédiction.