On connaît la théorie de Malthus, économiste anglais du 19ème siècle, qui préconisait la limitation des naissances pour éviter la surpopulation de la planète. Cette théorie a été très populaire dans le monde occidental, au 20ème siècle, et il est apparu qu’elle a eu une influence sur le développement des populations en Occident. En Afrique, en Asie, le malthusianisme a eu moins de succès, et c’est la raison pour laquelle les poussées démographiques ont été plus fortes dans ces deux continents. Seul le régime communiste, en Chine, a lutté pour qu’il n’y ait pas plus de 2 enfants par foyer.

Récemment, un économiste élevé dans les universités occidentales, Julian Simon, a effectué un travail rigoureux pour prouver que la surpopulation ne poserait pas le problème de la rareté des ressources, et que ce problème – prétexte essentiel du malthusianisme depuis plus de 100 ans – est un faux problème, car l’intelligence humaine est l’ultime ressource. Cet économiste rejoint – le sait-il ? je l’ignore – le verset des Tehillim « פותח את ידך ומשביע לכל חי רצון » (Tu ouvres Ta main et rassasies avec bienveillance tout être vivant – Tehillim 145, 110). Ce verset est tellement essentiel dans la prière quotidienne que le fidèle qui l’a dit sans « réfléchir au sens des mots » doit, selon la Halakha, répéter le verset. Simon a prouvé que, de 1960 à aujourd’hui, la population de la planète a augmenté de près de 4 milliards de personnes, et la malnutrition – insuffisance quantitative d’alimentation pour la population – n’a cessé de reculer. Il a voulu prouver par là qu’il n’y a pas de lien entre l’augmentation de la population et l’insuffisance d’alimentation.

Un autre économiste s’est basé sur cette conclusion pour exprimer la nécessité de s’opposer aujourd’hui au malthusianisme. Il explique d’abord que ce problème d’insuffisance alimentaire à l’échelle de la planète est donc inexact – à la lumière du développement précédent. De plus, une idée répandue est que la surpopulation contribue au dérèglement climatique, et cet économiste, Nicolas Bouzon, soutient que c’est là une idée fausse. Ce qui est nécessaire pour régler les problèmes climatiques, c’est « l’empreinte carbone » qu’il faut réduire. Pour parvenir à ce but, il importe de former et d’informer la population pour l’éduquer à obtenir ce résultat. Il souligne que plus nombreuse sera la population, plus aisé il sera de l’éduquer à affronter les problèmes planétaires, et à la sensibiliser aux enjeux de notre époque. Il écrit clairement : « Plus nous serons nombreux et riches, plus nous serons en capacité de résoudre les problèmes qui se posent à nous. » (L’Express, nos 3552-3553, Juillet 2019). Surpopulation nécessaire pour sauver la planète ! Cette conclusion revivifiante va assurément à l’encontre des nombreux Cassandre qui s’accordent pour promettre un avenir sombre à notre planète.

Mais pour celui qui lit, observe, et accepte notre Torah, cet avertissement nous encourage. Il est bien écrit au début de la Genèse : « D.ieu les bénit (l’homme et la femme) et leur dit : ‘Croissez et multipliez. Remplissez la terre et soumettez-la !’ » (Genèse 1,28). 

Il y a de la place et de la nourriture sur la terre pour l’humanité. Il est possible – en tout cas, souhaitons-le ! – que l’humanité se reprenne en main pour découvrir ce qui était et reste l’intention fondamentale du Créateur : approfondir le lien de la création avec la transcendance. Des remarques comme celles évoquées plus haut – provenant assurément d’origine laïque et non religieuse – nous permettent d’espérer que le retournement nécessaire à une unification de l’humanité se rapproche de nous. Il convient de transcender les difficultés de notre époque pour découvrir une étincelle d’espoir. Ce désir de voir dans l’augmentation de la population un moyen de sauver la planète serait-il cette étincelle, inattendue apparemment mais cependant incontournable, pour parvenir à l’établissement du Royaume divin sur terre ?

Il est essentiel, de nos jours, de découvrir cette étincelle, non pas par un optimisme béat (« L’humanité se rapproche du but final » – optimisme dangereux), mais pour éclairer nos contemporains : l’avenir n’est pas dans la colonisation d’autres planètes, dans la recherche d’un transhumanisme inquiétant, mais dans la survie de notre Terre, dans l’amélioration de l’existence, en fait dans la découverte d’une direction, d’un sens, d’une réponse à l’appel de la Transcendance.