Le 21 Juillet 1969, un homme mettait pour la première fois un pied sur la lune, et cela devant une centaine de millions de spectateurs, enthousiasmés par cet événement exceptionnel dans l’histoire de l’humanité. Cinquante ans plus tard, l’événement est célébré dans le monde entier, les média, les réseaux sociaux célèbrent cet anniversaire comme l’un des projets les plus extraordinaires de l’Histoire. Depuis 1969 jusqu’en 1972, 12 missions ont répété cet exploit, et aussi 12 hommes ont foulé le sol lunaire, pendant ces années, et ont passé ainsi 81 heures sur la lune. Il s’agit, bien sûr, plus d’une aventure humaine que d’une aventure scientifique, qui, elle, est assurément spécialement remarquable. Mais l’objet de notre réflexion, ici, est évidemment l’aspect humain de l’événement.

On le sait : Neil Armstrong, le premier astronaute à avoir foulé le sol lunaire, a prononcé une phrase historique, restée dans la mémoire de tous ceux qui ont vécu à cette époque : « C’est un petit pas pour un homme, un bond de géant pour l’humanité ». Son collègue, Buzz Aldrin, membre de l’Eglise presbytérienne, sorti du véhicule après lui, priait, au même moment pour la réussite de sa mission. Cette minute devait devenir historique. En France, c’est le 21 Juillet 1969, à 3h56 du matin. La sortie du véhicule lunaire, consacrée à une exploration du sol, va durer quelque deux heures. Et, à partir de ces données extérieures, techniques, il nous revient de réfléchir à cette épopée, rare, d’un point de vue qui nous relie au Créateur, au Ribono chel Olam, au Maître du monde, qui n’a, certes, pas créé la lune pour que l’homme l’explore. Il n’est pas question de critiquer ou de dénigrer une avancée technique remarquable, qui n’est d’ailleurs pas ressentie ou même conçue comme un acte s’opposant au Créateur de toutes choses. Il ne s’agit pas d’une tentative semblable à celle de la tour de Babel, ou d’un nouveau Prométhée. Notre réflexion s’inscrit dans une autre direction. En 1957 déjà, le premier voyage dans l’espace, du premier Spoutnik, avait attiré notre attention, relatée dans un article du « Trait d’Union », où la question était soulevée, sur l’utilité ou la nécessité d’un voyage dans l’espace (Chavouoth à l’ère du Spoutnik – « Trait d’Union » 1957).

Les données changent, la technique progresse mais les hommes demeurent, et les questions restent posées. Avant de présenter une approche basée sur la Torah, il est intéressant de relever que les réticences à l’égard des conséquences éthiques du progrès ne découlent pas nécessairement d’un regard religieux sur le progrès, mais que même des savants se montrent aujourd’hui inquiets de l’utilisation des avancées de la science. Un mathématicien de réputation internationale, Cédric Villani, pose dans un livre paru récemment, la question essentielle : « Nous nous retrouvons détenteurs de savoirs plus pointus, à mesure que nos connaissances s’aiguisent,  nous ne savons plus comment les utiliser. Plus nous multiplions les capacités techniques, plus la question des fins devient pour nous problématique » (L’Express, Juillet 2019, n° 3550). Le problème est posé : de même pour la conquête de la lune, pour les voyages éventuels dans l’espace : « A quelle fin ? » Ces questions restent actuelles : quel est le but ? Y a-t-il une fin à ces recherches ? Inquiet devant ces perspectives, et devant l’utilisation anarchique de l’intelligence artificielle, il fait cet aveu : « Le vaisseau spatial Terre – on ne le répètera jamais assez, a été livré sans mode d’emploi » (Ibid.). Pour le Juif croyant, pour le peuple d’Israël, existe, depuis plus de trois mille ans, un « mode d’emploi » qui est l’observance, la fidélité à la foi. Pourquoi monter vers la lune ? Pourquoi coloniser l’espace ? A quelle fin ? Le monde a été créé pour pouvoir se rapprocher de la divinité, de la spiritualité. Découvrir D.ieu ne se situe pas dans l’espace physique, mais dans une réalité spirituelle. Le nom même d’Apollo – divinité du soleil dans la mythologie grecque, symbolise mieux que toute explication le but matérialiste de la quête de l’espace. Refuser les avancées techniques n’est pas du tout notre intention, mais il importe de reconnaître qu’il y a un « mode d’emploi » réel à l’utilisation de la matière, et c’est ce qu’il est important de signaler plus que jamais à notre époque : cherchons à améliorer l’humanité, élevons-nous spirituellement, car tel est notre « Takhlit » (objectif final) sur terre.

On ne saurait mieux conclure cette réflexion qu’en citant le prophète Ovadia s’adressant, au nom de l’Eternel, aux ennemis d’Israël : « Si tu penses, toi qui habites les pentes des rochers, qui as établi ta demeure dans les hauteurs, et si tu dis en ton cœur : ‘Qui peut me faire tomber à terre ?’ Sache que même si tu t’élevais comme l’aigle, et si tu te plaçais dans la région des étoiles, sache que Je t’en précipiterais – Ainsi parle l’Eternel » (Ovadia 3, 4). Quelque élevée, supérieure, orgueilleuse que soit la créature, le Créateur peut la précipiter vers le bas. L’homme doit connaître ses proportions, et reconnaître la supériorité absolue du Tout-Puissant.