Ce matin, mon fils de sept ans m’a dit : « Les gens pensent que les personnes sont des objets, mais ce n’est pas vrai. »

Intrigué par sa remarque, je lui ai demandé : « Alors que sont-elles ?

- Ce sont des créatures », répondit-il, après un temps de réflexion. 

Quel heureux hasard !

Peu avant qu’il ne fasse cette remarque, je m’étais demandé comment décrire l’expérience singulière et réconfortante qui s’était déroulée la veille, quand des gens m’abordèrent, en quête de compréhension, d’expression et d’espoir. J’étais au centre-ville de Brooklyn, dans un "Festival du livre", assis dans mon stand, et les coups de vent frais et les rayons réchauffant du soleil s’alternaient.

Toutes sortes de personnes passaient – jeunes, vieux, riches, pauvres, désœuvrés, pressés, foncés ou clairs de peau… Le titre principal de mon poster était « la Foi après l’Holocauste ». Le titre de mon livre : « N’oublie jamais mon âme ». Trois mots attiraient les gens et leur donnaient envie de parler – « foi », « holocauste » et « âme ».

Pourquoi ces mots ?

« Holocauste », car cela exprime la cruauté et la souffrance dans notre monde.

« Foi », car les gens ont besoin de croire que les horreurs que nous avons vécues ne peuvent pas être tout ce qu’il y a au monde.

« Âme », parce que, pour paraphraser mon fils : « Les gens veulent que les autres sachent qu’ils ne sont pas des choses. Qu’ils peuvent se vexer, qu’ils ont des espérances, qu’ils aspirent à la paix, à la vérité et à l’amour. Qu’ils sont importants ...

Une Africano-Américaine m’aborda et me dit qu’elle achèterait bien mon livre, si elle en avait les moyens. Elle me raconta ensuite que son fils avait été tué, un an plus tôt – il lui avait fallu l’année entière pour faire le deuil.

Plusieurs enfants de survivants de l’Holocauste m’abordèrent, juste pour me faire savoir, qu’ils ont, tout autant que moi, été confrontés à cette question : « quelle est notre source d’espoir, d’apaisement et notre signification, avec un tel héritage ? »

Une professeure qui exerçait comme remplaçante dans une école de la ville de New York était en larmes, en me racontant qu’elle avait le cœur brisé de voir tant de pauvreté, d’ignorance, de drogue et de violence détruire de jeunes vies.

Un athée autoproclamé me demanda quelle était ma définition de la spiritualité. Nous étions d’accord que cela impliquait quelque chose qui nous dépasse, qui nous apporte élévation, beauté et une inspiration qui transcende l’esprit. Il nia l’existence de D., mais je pense qu’il était disposé à admettre… et bien…, qu’il n’est pas un objet.

Nous pouvons peut-être tous utiliser les personnages décrits ici pour comprendre une vérité fondamentale : les personnes que vous croisez dans la rue aujourd’hui – n’importe qui – pourraient être certaines de ces personnes qui s’arrêtèrent dans mon stand et qui se confièrent au sujet d’une perte, d’une douleur, d’un désespoir, d’une aspiration ou d’un espoir. Nous sommes trop souvent pressés. Combien de fois, nous énervons-nous sur des gens qui s’introduisent dans nos vies, qui sont sur notre chemin et nous barrent la route vers nos objectifs « extrêmement importants » ? Nous devons nous souvenir, comme l’a dit mon fils que les gens ne sont pas des objets ; ils sont des créatures.

Laissez-moi vous dire quelque chose concernant les créatures. Lorsque nous fabriquons quelque chose, nous y mettons inévitablement du nôtre. Nous sommes profondément liés à notre œuvre, et, par conséquent, nous l’aimons.

Si nous nous souvenons seulement de cela, que toute personne que l’on voit est une créature, aimée de Son Créateur – D.ieu –, nous traiterons l’autre à sa juste valeur et nous donnerons de l’importance à chacune de nos rencontres avec lui. Alors, petit à petit, nous créerons un monde dans lequel l’Holocauste ne pourra plus jamais se reproduire. 

Michael Milgraum