Un terme hébraïque a deux significations, selon sa vocalisation (‘Agala d’une part, et ‘Egla d’autre part).

Un vocable évoque un animal (génisse) et le second un véhicule (voiture). L’origine est évidemment commune, car bien souvent des génisses conduisaient des voitures. En réalité, au-delà de la sémantique, une idée véhicule les deux termes, et s’inscrit précisément dans le paysage de l’Égypte (dénommée « ‘Agalah Yeféphia » – très belle génisse) par le prophète Jérémie (26,20).

Cela signifie quelque chose si l’on se souvient que c’est en voyant les « ‘Agalot » envoyées par Yossef que Ya'akov a reconnu son fils. « Yossef, MON FILS, vit » (Béréchit 28, 36).

Ce n’est pas le gouverneur d’Égypte qui importe pour lui. C’est le message de Yossef qui compte. Il semble qu’il faut voir ici un point essentiel, non moins important aujourd’hui.

Voyons d’abord le SENS du message : c’est Yossef qui envoie les voitures, et pas Pharaon. Depuis 22 ans, il l’a cru « déchiré par une bête sauvage » et maintenant, c’est lui, Yossef, qui lui parle. Cela signifie qu’il y a un rapport entre le fils et le père. De plus, le terme « ‘Agala » évoque l’étude qu’ils ont pratiquée ensemble, 22 ans plus tôt. Les Sages expliquent qu’il s’agit de la loi concernant quelqu’un qu’on a trouvé assassiné, sans que l’on sache qui a effectué ce crime. Pour faire pardonner cette grave négligence vis-à-vis de la victime, les Sages de la ville proche sacrifient une génisse (« ‘Egla ‘Aroufa »). Pourquoi ce symbole ? Yossef indique – allusivement – qu’il n’en veut pas à son père de l’avoir envoyé dans les champs chercher ses frères. C’est un premier enseignement.

De plus, la génisse était un symbole de la SÉDUCTION égyptienne, comme on l’a vu dans le texte du prophète.

Yossef a résisté à la séduction de l’Égypte. La femme de Potiphar a tenté de le séduire, et il a résisté à la tentation. Il symbolisera la victoire contre le « mauvais œil » (‘Ayin Hara’) qui évoque les fautes d’autrui, c’est-à-dire l’importance du monde matériel. Il ne s’est pas laissé séduire par la « beauté », mais est resté celui qui dit : « Je crains D.ieu ». C’est le deuxième sens de la « ‘Agala ».

On sacrifie la « ‘Egla » parce qu’une action NÉGATIVE, matérielle, a été commise et pour la pardonner. C’est la convergence de ces deux concepts – souvenir de l’étude, refus de la séduction – qui permet à Ya'akov de reconnaître son fils. Il lui donnera la bénédiction « contre le mauvais œil », c’est-à-dire contre l’assimilation à l’Égypte. C’est ainsi que l’on bénit Ben Porat Yossef – tiré de la bénédiction de Ya'akov à Yossef, « descendant FIDÈLE de Yossef »). Alors, Ya'akov pourra descendre en Égypte, et enverra Yéhouda préparer la maison d’étude.

Lutter contre la valeur du monde matériel, refuser les actes criminels (sacrifice de la génisse), ne pas accepter l’assimilation à la culture ambiante, à la séduction, ce message de Yossef est plus vrai à notre époque. On doit connaître les séductions de la puissance physique, du modernisme, de la machine, de l’intelligence artificielle. Ces séductions nous plaisent, mais le mauvais œil risque de nous égarer. Yossef a su résister – c’est le message de la ‘Agala – Yéhouda prépare la maison d’étude de Gochen. Le Machia’h Ben Yossef amènera la fin de l’affrontement matériel (risque de guerre avec les armes nucléaires) et, ensuite, bientôt viendra le Machia'h Ben David qui fera régner la paix !