L’athéisme, ce refus de reconnaître une force supérieure Qui domine l’existence, Qui a créé et ne cesse de créer l’univers, cet athéisme se renouvelle à chaque époque de l’Histoire, et, chaque fois, elle reçoit une nouvelle forme. Révolte contre D.ieu, à l’époque de Babel – être UN ici-bas opposé à l’unité absolue –, désir prométhéen d’affirmer la puissance de l’être humain, cette pulsion qui pousse l’homme à rivaliser avec le Créateur, Babel, Prométhée, serait-ce aujourd’hui Elon Musk qui espère arriver bientôt sur la planète Mars ?! En toute hypothèse, l’humanité ira-t-elle en 2050 coloniser l’espace, selon les rêves des promoteurs modernes ? Les efforts faits, ces dernières années, l’argent investi dans ce but, pour promouvoir les voyages dans l’espace prouvent que l’utopie ne cesse de faire rêver et de dévoyer l’humanité !! Babel, Prométhée, Elon Musk, ayons le courage dans cette chronique de le dire, c’est la même utopie, le même rêve. Hier, les Etats-Unis et l’Union Soviétique rivalisaient dans la conquête de l’espace ! Aujourd’hui, c’est la Chine qui est la grande rivale, et qui veut envoyer un homme sur la lune !

On a envie, une nouvelle fois, de rappeler la réponse du vieux Juif pieux auquel le célèbre philosophe allemand, Hermann Cohen, avait expliqué avec brio les éléments principaux de sa philosophie juive, on a envie donc de rappeler la réponse du vieux Juif : « Et le Boré-Olam (Créateur), où se trouve-t-Il dans tout ça ? » (anecdote rapportée par le Rav Sadin dans le livre : « Le Verbe et la Lumière » p. 262). Cet intérêt pour l’espace, n’est-ce pas plus une fuite qu’un intérêt réel ? Comment voir ce phénomène aujourd’hui ? À nos yeux, de croyants fidèles, qui espèrent l’avènement messianique, cet engouement pour la recherche spatiale cache, consciemment ou non, un désir de fuir les problèmes qui se posent hic et nunc, ici et aujourd’hui. Quand il y a tellement de problèmes menaçants sur terre, est-il nécessaire d’aller chercher ailleurs ? S’il y a tellement d’argent à dépenser, ne serait-il pas plus raisonnable d’aider à la solution des problèmes urgents, plutôt que de faire des dépenses pour le prestige et pour développer une émulation entre les puissances ? Chacun est persuadé : « C’est ma puissance et la force de mon bras qui m’ont procuré cette richesse » (Dévarim 8, 17). On oublie quel est le véritable Propriétaire de l’univers, qui est le « Boré Olam » et on se lance dans des aventures extraterrestres. La réponse à Babel fut claire : la dispersion des peuples, qui ne purent plus s’entendre. L’être créé veut, en réalité, remplacer le Créateur. Conquérir l’espace, c’est se mesurer avec l’Éternel, mais c’est la vanité de cette attitude qu’il faut dénoncer. Les problèmes terrestres que fuient ces promoteurs se situent dans trois domaines : le domaine humain, le domaine écologique et le domaine idéologique. Ces trois domaines ne suffisent-ils pas à occuper l’humanité pour aller chercher à créer des défis au-delà de la réalité immédiate ? Dans le domaine humain, trois directions – l’aspect sanitaire, les relations sociales, les problèmes psychologiques suffiraient à l’occupation des habitants de la terre. Dans le domaine écologique, les problèmes climatiques – inondations, tremblements de terre, protection de la nature, autant de thèmes proposés à l’homme. Dans le domaine idéologique, ici aussi, l’être humain ne peut vivre comme un animal. Il est doué d’intelligence, qui le dirige vers un choix. Autant d’activités qui donnent une orientation à une vie ! Pour le Juif fidèle, la voie est tracée : il SAIT OÙ IL DOIT ALLER, et QUEL RÔLE il doit jouer ici-bas.

Que l’on nous comprenne bien : il ne s’agit nullement d’une attitude antimoderniste qui refuse les progrès pour l’humanité. Chaque découverte, utile pour la créature, est souhaitable, même si, comme l’explique le Rav Dessler, cette découverte dénote, en général, une faiblesse psychologique (comme l’usage de la béquille prouve une insuffisance dans la démarche, ou les lunettes une difficulté dans la vue). La découverte de l’imprimerie a permis de mieux conserver les traités du Talmud, que l’on connaissait par cœur précédemment. Les découvertes médicales, de même que toutes les utilisations de la technologie moderne sophistiquée, ne peuvent qu’être encouragées, mais la course à l’espace apparaît dépourvue d’intérêt. En toute hypothèse, un voyage dans l’espace ne pourra s’effectuer dans le cadre de la durée d’une vie ! Le texte des Téhillim dit qu’« Il connaît le nombre des étoiles, et donne leur nom à chacune d’elles » (147, 4). Laissons ces dénombrements au Tout-Puissant, et occupons-nous des problèmes d’ici-bas. Cela permet largement de remplir une vie humaine. Admirons Son œuvre, adorons-Le, exaltons Son Nom. Cela suffit à Sa gloire. Hallélouya !