La paracha de cette semaine évoque notamment les conditions dans lesquelles les guerres devaient être menées par le peuple Juif. La Torah évoque ainsi les qualités requises pour participer à ces expéditions, et nous sommes parfois surpris de certains critères qui sont loin de ceux requis dans les guerres modernes, et auxquels nous ne nous serions pas attendus spontanément.

C’est ainsi que la Torah ne cherche pas à enrôler n’importe qui mais elle accorde une importance toute particulière à la qualité des futurs soldats.

Aussi, tous ceux qui ne sont pas susceptibles de participer à la guerre de leur plein gré en sont dispensés. Celui qui a des attaches particulières soit car il est dans sa première année de mariage, ou bien car il a planté une vigne ou bâti une maison toute neuve, est dispensé de prendre part au combat. Il n’aura en effet pas la tête libre pour combattre avec toute l’énergie et la confiance en D.ieu requises.

De même, ceux qui « ont peur ou le cœur lâche » sont aussi dispensés de participer à la guerre.

Ces premiers éléments nous permettent de réfléchir à la philosophie de la guerre suggérée par la Torah et les leçons que nous pouvons en tirer dans notre vie quotidienne.

Comme nous le voyons, tout d’abord, la quantité des soldats importe peu, mais notre tradition recherche avant tout des soldats de qualité, motivés, confiants dans leur capacité à vaincre. Il ne s’agit pas d’avoir confiance dans la force de son bras ou dans la puissance de ses armes, mais d’avoir confiance dans la capacité de D.ieu à mener les hommes à la victoire.

Dès lors, tous ceux qui auraient des calculs personnels qui éloigneraient leur esprit de la guerre, ou bien qui douteraient de leur capacité à vaincre sont invités à se retirer. Bien souvent, les réserves qu’un homme peut avoir sur sa faculté à gagner le combat, tiennent à sa mauvaise conscience de ne pas être suffisamment méritant pour être digne de gagner. Les Sages du Talmud (Talmud de Jerusalem, Sota, 8.9) évoquent ainsi certaines fautes apparemment anodines (parler entre les tefilines de la main et de la tête, entre Yishtabar et le passage suivant) que l’homme garde en tête et qui le font douter de son mérite, il craint pour sa vie et doit donc fuir la guerre.

Aussi, la sélection des soldats ne se faisaient pas sur les qualités physiques, ni sur la force de soldats, mais avant tout sur leurs qualités morales. Seuls Les Justes, les tsadikim, participaient aux guerres.

La leçon que nous pouvons peut-être tirer de cette paracha est la suivante : la victoire qu’un homme remporte dépend en premier lieu de son élévation morale et de sa confiance en D.ieu.

Cet enseignement peut paraître évident mais l’homme a vite fait de l’oublier lorsqu’il est pris dans le feu de l’action. Bien souvent il met toute son énergie dans son organisation matérielle pour atteindre le résultat escompté, il essaie de parer à toutes les éventualités et analyse rationnellement ses chances de réussite. Si celles-ci ne lui paraissent pas raisonnables, il est en proie au minimum aux doutes, au pire à la peur et au désespoir.

Or, notre paracha nous rappelle que, certes, l’homme doit aller au combat, il doit s’y préparer, mais il doit garder en tête que sa victoire ne dépend de l’analyse des forces et faiblesses objectives de chacun des belligérants. La victoire dépend en dernière analyse de la bénédiction de D.ieu qui seule est susceptible de remporter une victoire authentique.

A travers son histoire, aussi loin que l’on remonte dans le temps, nous pouvons constater que les victoires militaires d’Israël ont défié les règles classiques de la guerre et ont surpris plus d’un observateur.

Elles ont rappelé aux hommes que l’arme la plus fidèle et la plus performante que nous possédons est avant tout la prière. Acculés entre la mer des Joncs et les cavaliers Egyptiens qui se ruaient vers eux, les enfants d’Israël en ont fait l’expérience magistrale. « Ils appelèrent alors D.ieu à leur secours et c’est cette voix que D.ieu désirait entendre. « Ma colombe, nichée dans les fentes du rocher, cachée dans les pentes abruptes, laisse-moi voir ton visage, entendre ta voix, car ta voix est suave et ton visgae est gracieux » (Cantique des cantiques, 2.14. »  (R. E. Munk).

Les hommes que l’on souhaite voir combattre sont précisément ceux qui sont capables d’élever une voix pure vers l’Eternel et qui sont convaincus au plus profond d’eux-mêmes que l’Eternel leur donnera la victoire.

Il en est des guerres comme de tous les combats que les hommes veulent mener, la réussite dépend de la providence divine, de Sa bénédiction et de notre conviction que la victoire est possible, voire certaine.

Les théories modernes de développement personnel ont mis en lumière la force de la conviction, et de la capacité à visualiser mentalement la réussite d’une ambition. L’homme a d’autant plus de chance de réussir qu’il est convaincu que sa réussite va survenir.

En évoquant le cas extrême des guerres où la tension psychologique et la peur atteignent leur paroxysme, la Torah nous donne également un enseignement valable pour de nombreuses situations de la vie courante.

L’homme est d’autant plus enclin à réussir qu’il développe en lui-même la conviction que sa réussite est possible et qu’il remet sa confiance aux mains de l’Eterrnel. Cela ne doit pas le dispenser d’agir, il doit déployer ses meilleurs efforts pour atteindre le résultat escompté, mais le résultat final dépend de « Celui qui a proclamé « Ni par la puissance, ni par la force, mais bien par mon Esprit » dit l’Eternel. » (Zaccharie 4.6, cité par R. E. Munk, La voix de la Torah)