« Tu n’auras pas d’autres dieux en Ma présence. » (Dévarim 5,7)

« Écoute Israël, Hachem est notre D.ieu, Hachem est Un. » (Dévarim 6,4)

Deux des plus célèbres passages de la Torah figurent dans la Parachat Vaét’hanane : les dix Commandements et le Chéma'. En analysant ces paragraphes, il semble que les deux Mitsvot évoquées dans les versets mentionnés se répètent ; l’interdit de servir d’autres dieux et l’obligation de croire en un D.ieu unique. Que nous ajoute cette Mitsva, une fois que l’on sait qu’il ne faut pas croire et suivre d’autres divinités ?

Bien évidemment, la Mitsva de Yi’houd Hachem va plus loin que la croyance en un D.ieu unique. Pour bien comprendre cette Mitsva et la différencier de l’interdit de servir d’autres dieux, il faut tout d’abord expliquer ce que signifie cette prohibition et comment elle s’applique de nos jours. Autrefois, il y avait un désir réel et répandu d’idolâtrer activement de faux dieux, donc cette Mitsva était très pertinente. Mais depuis que les Anché Knesset Haguédola annulèrent le penchant pour la 'Avoda Zara, cette Mitsva semble obsolète. En quoi nous concerne-t-elle, à notre époque ?

En réalité, l’idée qui se cache derrière cette interdiction est pertinente à toutes les époques. Un faux dieu n’est pas simplement une idole physique, mais c’est tout ce en quoi l’individu accorde du pouvoir, tout ce que l’on imagine être source de succès. Cela peut être l’argent, les désirs, sa propre personne, le patron ou toute autre chose que l’on pense être la clé de la réussite.

La Guémara[1] parle d’un autre faux dieu qui influence tout un chacun. « Qu’il n’y ait pas chez toi de divinité étrangère », affirme David Hamélekh[2]. La Guémara explique que cette divinité étrangère correspond au Yétser Hara' qui envahit la conscience de l’individu. Le Yétser Hara' prend parfois le contrôle des désirs de l’homme et lui montre que la satisfaction de ses envies lui procure du plaisir. En ce sens, il est une sorte de fausse divinité.

Ainsi, cet interdit de servir d’autres dieux nous enseigne que toute force que nous estimons être la clé du succès ne vaut rien par rapport au D.ieu Tout Puissant. Malgré tout, il reste nécessaire d’ajouter la Mitsva de Yi’houd Hachem, sans quoi l’attitude de l’individu vis-à-vis de ces diverses « sources de puissance » serait défaillante. Cette obligation nous apprend qu’en réalité, toutes ces « forces » ne sont pas « en lutte » contre Hachem, elles ne sont pas en contradiction avec Sa présence. Elles font partie du projet divin, comme toute autre création. Par exemple, le but ultime du Yétser Hara' n’est pas de nous éloigner d’Hachem, mais au contraire, de nous forcer à surmonter nos tentations et de nous rapprocher de Lui. C’est ce qu’affirment ’Hazal à propos de ce que dit Hachem lors de la création du sixième jour ; c’était « très bien », contrairement aux autres jours où il est uniquement écrit que c’était « bien ». Cela fait allusion à la création du Yétser Hara'. En effet, elle est très bénéfique, puisqu’elle nous permet de nous rapprocher d’Hachem en surmontant les divers challenges qu’il place devant nous. De même, les autres choses que nous estimons négatives, parce qu’elles nous éloignent d’Hachem sont en réalité des outils pour nous rapprocher de Lui.

Ainsi, les « fâcheux » événements sont programmés par Hachem, tout comme les heureux dénouements. Ils ont tous pour objectif de nous rapprocher de Lui, quoique de manière différente.

Rav Its’hak Berkovits parle des petits contretemps que nous jugeons ennuyeux : « Certaines choses sont bonnes et d’autres sont mauvaises. Que veut-on dire par là ? C’est en contradiction avec le principe de « Hachem Elokénou Hachem E’had » ! Insinue-t-on que certaines choses vont dans un sens et que d’autres vont vers une direction opposée ? Tout a été créé pour le même objectif, parce que tout provient de la même Source, tout a été créé par Hachem, tout est pour le bien et tout ce qui nous arrive est là pour nous rapprocher de Lui ! "Oh ! j’aurais bien voulu étudier, mais j’ai tel ou tel souci ! J’aurais bien voulu étudier, mais j’ai pris froid, quelle poisse ! Toutes ces importunités font obstacle à ma 'Avodat Hachem !" Balivernes !! Voulez-vous dire qu’il existe autre chose qui pourrait vous procurer un plaisir éternel ? Ce froid a été créé pour vous rapprocher d’Hachem, au même titre que n’importe quelle création, tout autant que votre Siddour, votre ’Houmach ou votre Guémara. Il faut juste comprendre que notre élévation spirituelle peut avoir différents aspects. Nous avons beaucoup de choses à apprendre et certaines leçons ne peuvent être apprises qu’à travers une petite grippe. À nous d’essayer de comprendre quel était son objectif. Mais dans l’absolu, tout converge vers la même direction. Tout sert au même objectif. Il y a une unité absolue dans tout. Il n’existe aucune autre force. Il n’y a pas de mal, c’est une illusion ! Nous ne le comprenons pas, parce que nous pensons que ces choses sont une réalité, qu’elles sont réellement mauvaises, mais c’est faux ! »

Ainsi, le Yi’houd Hachem ajoute au concept de « Élohim A'hérim » et nous enseigne que non seulement il ne sert à rien de considérer ces « sources de succès » comme contraires à la volonté d’Hachem, il nous faut savoir qu’elles nous aident en réalité à nous rapprocher de Lui.

Puissions-nous tous réussir à accomplir ces deux Mitsvot majeures de manière optimale.

 

[1] Chabbath 105b.

[2] Téhilim 81,10.