« Car Je Suis Hachem, votre D. — vous vous sanctifierez et serez saints, parce que Je suis saint, et vous ne devrez pas contaminer vos âmes par tous les reptiles qui se meuvent sur la terre. Car Je suis Hachem, qui vous ai fait monter du pays d’Égypte, pour être votre D.… » (Vayikra, 11 : 44-45)

Rachi explique, sur les mots « Car Je suis Hachem qui vous ai fait monter » : Je vous ai fait sortir afin que vous acceptiez toutes les mitsvot.

À la fin de parachat Chemini, la Thora conclut le thème de la cacherout en nous rappelant qu’Hachem nous a fait sortir d’Égypte. Rachi note qu’Hachem nous enseigne par là une leçon fondamentale ; l’Exode avait pour unique but que le peuple juif accepte le joug des mitsvot. Le Kli Yakar demande pourquoi la Thora évoque cet événement précisément après les lois de cacherout, alors qu’il concerne tout autant le reste des mitsvot ; il conteste donc Rachi [1].

Nous pouvons répondre à sa question grâce à l’histoire suivante.

Un rav fut un jour abordé par un Juif non pratiquant, qui désirait améliorer son observance de la Thora en acceptant une seule nouvelle mitsva ; il était prêt à respecter les lois du Chabbat, ou bien celles de la cacherout [2]. Évidemment, chacun doit s’efforcer de respecter toutes les mitsvot sans faire de choix. Mais il était clair dans ce cas que si le rav avait suggéré de se plier aux deux mitsvot, cela n’aurait mené à rien. L’homme aurait alors pu refuser de respecter quoi que ce soit. Ne sachant que répondre à cette question délicate, il s’adressa à un Gadol [3]. Ce dernier répondit qu’il devait observer les lois de cacherout.

Cette réponse semble plutôt étonnante, parce que la sanction réservée à celui qui transgresse le Chabbat est plus sévère que celle infligée à celui qui ne mange pas cacher. Néanmoins, le Gadol expliqua qu’il y avait un élément plus crucial en jeu : en mangeant non-cacher, la personne ne transgresse pas seulement une loi de la Thora, mais elle fait entrer en elle l’impureté spirituelle contenue dans l’aliment en question. La consommation de cet aliment interdit entraîne un « timtoum halev », littéralement traduit par « obstruction du cœur ». En réalité, cela signifie que la sensibilité spirituelle de l’individu est ternie par la consommation de l’aliment prohibé.

Cette transgression empêche donc considérablement son progrès spirituel, même s’il respectait d’autres mitsvot. C’est pourquoi, le Gadol trancha qu’il devait respecter les lois de cacherout, avec l’espoir que cela faciliterait la désobstruction de son cœur et lui permettrait de renforcer, par la suite, son observance religieuse.

Nous pouvons à présent répondre à la question du Kli Yakar sur l’explication de Rachi, à savoir pourquoi la Thora nous informe de l’objectif de l’Exode – se conformer à toutes les mitsvot – juste après avoir mentionné les lois de cacherout. Le peuple devait certainement respecter ces lois afin de pouvoir garder correctement toutes les autres mitsvot. En effet, sans l’observance de ces commandements, il aurait subi un timtoum halev qui l’aurait empêché de servir correctement Hachem dans d’autres domaines. Ainsi, les lois de cacherout étaient un prérequis au respect de toutes les mitsvot ; la Thora nous rappelle donc l’objectif de l’Exode précisément après les lois de cacherout, car le fait de garder ces lois permet l’observance de toute la Thora.

Cet enseignement concerne tout le monde, d’une façon ou d’une autre, quel que soit le niveau de pratique religieuse. Pour certains, il montre l’importance de s’appliquer à respecter toutes les lois de cacherout, afin de protéger l’âme d’une altération spirituelle, et qu’il ne suffit pas de manger cacher à la maison si l’on ne fait pas de même à l’extérieur.

Pour d’autres, ceci est déjà une donnée de base, il leur faudra alors réaliser que tout label de cacherout n’est pas forcément acceptable [4]. Il est essentiel de demander à un rav compétent (qui connaît les lois et qui est « sur le terrain »), quel hekhcher (label de cacherout) est sérieux. D’autres personnes ont peut-être tendance à être plus souples quant à la nourriture qu’elles donnent à leurs enfants. Outre les problèmes de halakha impliqués, cette pratique est décriée, étant donné l’influence de la cacherout sur notre âme.

Et puis, en guise de leçon générale, nous devons nous souvenir que le respect de la cacherout nous aidera à grandir dans tous les domaines de la Avodat Hachem, du fait qu’elle préserve la pureté de notre âme.



[1] Voir Kli Yakar, Vayikra, 11:44 pour une autre explication du verset. En réalité, Rachi rapporte Torat Kohanim, Ch. 12 : 3. Le Sifra, 170, propose également cette explication.

[2] Entendu du rav David Orlofsky chlita. Selon une autre version de l’histoire, il y avait une troisième mitsva en option : la pureté familiale.

[3] D’après certains, le Gadol était le rav Chelomo Zalman Auerbach zatsal.

[4] Ce principe s’applique de partout, mais plus encore en Erets Israël, où l’on trouve une prolifération de hekhchérim, qui ne sont pas nécessairement sérieux.