La Haftara de cette semaine est à nouveau tirée du livre d’Ezéchiel. Comme nous pouvons le constater depuis ces dernières semaines, les Haftarot que nous lisons sont issues pour nombre d’entre elles de ce livre. Cela donne au lecteur une vision synthétique des différents thèmes abordés par ce grand prophète d’Israël.

La Haftara de cette semaine fait partie des derniers chapitres du livre d’Ezéchiel qui sont restés particulièrement célèbres dans l’histoire biblique. Le prophète évoque au cours de ces pages la reconstruction du troisième Temple lors des temps messianiques : les dimensions de ce Temple, sa cérémonie d’inauguration, la restauration du culte des sacrifices, et bien sûr, le service des Cohanim (les prêtres).

Cette partie du livre d’Ezéchiel, et tout particulièrement notre Haftara, sont également connues car elles ont posé problème aux Sages de la tradition juive dans la mesure où certains de leurs passages semblaient contradictoires avec d’autres versets de la Torah, à tel point que ce livre a failli être retiré du canon biblique. Le Talmud (‘Haguiga 13a) nous enseigne que c’est Rabbi ‘Hanania ben ‘Hizkiya qui a résolu les contradictions apparentes entre les textes et a « sauvé » le livre d’Ezéchiel. De plus, les Sages du Talmud (Ména’hot 45a) nous disent également à propos de cette Haftara que le prophète Eliahou lui-même sera amené à commenter et expliquer notre texte dans les temps messianiques.

Notre Haftara évoque ainsi plus particulièrement le rôle des Cohanim, des prêtres qui officieront lors du troisième Temple. Ezéchiel nous dit que ces derniers seront choisis en raison de leur vertu et de leur fidélité à Hachem, ils seront les descendants du grand prêtre Tsadok.

Liens entre la Haftara et la Paracha

La Paracha et la Haftara évoquent toutes deux les règles relatives aux prêtres, les Cohanim, qui avaient vocation à servir dans l’enceinte du Temple. Certaines dispositions sont reprises à l’identique entre nos deux textes. En revanche, certaines lois semblent différer étrangement.

Notre Haftara semble interdire à tout Cohen d’épouser une veuve, alors que cet interdit ne s’applique qu’au Cohen Gadol dans la Torah.

De même, il semble que le Cohen doit compter deux fois sept jours de purification alors que dans la Torah, seuls sept jours semblent nécessaires.

Les vêtements du Cohen doivent être également uniquement en lin selon la Haftara alors que dans la Torah, certains vêtements comportent également de la laine (exceptions à l’interdit du Chaatnez).

Comme nous l’avons vu, les Sages du Talmud ont proposé de nouvelles lectures de ces versets qui résolvent ces contradictions apparentes. En outre, ils nous précisent que le prophète Eliahou nous aidera en personne à mieux comprendre ces versets étonnants.

L’écho de la Haftara

Cette Haftara s’adresse naturellement au cœur de tout un chacun dans la mesure où elle confirme l’espérance messianique que notre peuple a gardée en lui tout au long de son histoire.

Elle nous rappelle également l’importance de la présence du Temple, dans la mesure où il sera l’un des éléments clés, dans les temps futurs, de notre proximité avec D.ieu.

Pour autant, les premières lignes de cette Haftara semblent s’adresser exclusivement aux futurs prêtres qui serviront dans la troisième Temple : « les Cohanim de la tribu de Lévi, descendants de Tsadok, qui ont veillé à la garde de Mon Beth Hamikdach ».

Ces derniers s’étaient, en effet, distingués par leur grande piété aussi bien lors de l’épisode du Veau d’or où ils ont immédiatement suivi Moché, que lors des pérégrinations dans le désert où ils n’ont jamais cessé d’observer le commandement de la Brit-Mila, en dépit des conditions météorologiques difficiles.

En outre, depuis l’époque du Roi Salomon, la prêtrise revenait aux descendants de Tsadok (lui-même descendant direct d’Aharon). Ce dernier et sa famille se sont illustrés par des qualités de droiture, d’intégrité et de fidélité à Hachem tout à fait exceptionnelles.

Ce sont précisément ces qualités qui ont valu à Tsadok et ses descendants d’être élus par Hachem pour Le servir dans la troisième Temple.

Le ‘Hafets ‘Haïm voyait dans ce premier verset de notre Haftara une lecture contemporaine et qui s’adresse à chacun d’entre nous. Les prêtres, descendants de Tsadok, représentent tout ceux qui s’efforcent de rester intègres et fidèles aux commandements d’Hachem dans leur vie, tous ceux qui parviennent (ou tout au moins essaient) à triompher des tentations intérieures ou extérieures.

Le ‘Hafets ‘Haïm faisait remarquer que les générations modernes font l’objet de tentations particulièrement puissantes qui sont susceptibles de les éloigner de la Torah. Et notre génération ne peut que confirmer la difficulté de préserver son éthique dans une société qui brouille et inverse les valeurs, la difficulté d’élever des enfants dans un monde où la pudeur, le goût du travail et la transcendance sont battus en brèche.

Il faut une force de caractère, une détermination, une indépendance d’esprit très forte pour conserver sa morale et la diffuser autour de nous. Cela oblige chacun de nous à aller puiser au fond de ses ressources afin d’y parvenir.

En nous rappelant l’exemple de Tsadok et de ses descendants, mais aussi de sa récompense merveilleuse, servir dans le Troisième Temple, Ezéchiel encourage chacun d’entre nous à persévérer dans la fidélité à la Torah et aux commandements d’Hachem.

Une telle attitude nous permettra de faire partie des « proches d’Hachem », et de figurer en bonne position pour assister à la délivrance et au service du Temple, très prochainement, Amen !