L’incroyable histoire d’amitié qui va lier un esclave hébreu, Eliakoum à un prince égyptien : Ankhéfènie, sensible à la souffrance humaine.

Sur fond de sortie d’Egypte, découvrez au fil des épisodes comment un héritier du trône égyptien s’apprête à troquer le pouvoir absolu contre une vérité qui le transcende, au fil de ses débats théologiques avec l’un des représentants de la caste la plus méprisée et la plus vile de la société égyptienne.

Résumé de l’épisode précédent :

Alors qu’Anoukis, l’agente engagée par le mage Osmaarê a fait voler en éclat la couverture du prince Ankhéfènie en soutirant les informations à Eliakoum, le prince d’Egypte continue son long apprentissage de la sagesse des Hébreux. Devant les prodiges accomplis par Moché et Aaron, une atmosphère d’espoir plane sur Goshen.

 

Cela faisait plus d’une semaine qu’Ankhéfènie était logé dans une petite chambre au sein de la grande tente des Lévites. Du matin au soir, le Rav Aboulkabat Halévi et lui débattaient des fondements de la loi hébraïque. Le prince ne démordait pas, avide de savoir. Quant au Rav, il tâchait de répondre à toutes les questions de son nouvel élève avec cette patience légendaire qui le caractérisait si bien. Les deux hommes en étaient venus à s’apprécier profondément.

Cependant, le prince savait que, d’ici peu, il devrait quitter Goshen pour ne pas éveiller les soupçons de son entourage et seconder Anarè son sosie après qu’il ait participé aux jeux de la capitale à sa place. Le temps était compté.

Pendant ce temps-là, de l’autre côté de l’Egypte, Moché et Aaron se tenaient devant le roi d’Egypte. Ils étaient porteurs du message de D.ieu : libérer Son peuple. Le temps de l’exil était révolu.

Personne ne comprit vraiment comment ils réussirent à pénétrer le palais infranchissable de Pharaon sans que les gardes royaux ne les arrêtent. Même les lions qui, d’habitude, grondaient à longueur de journée, n’émirent pas un seul rugissement lorsque les deux étrangers passèrent devant eux. Mais ils se trouvaient là, nez à nez avec l’empereur égyptien. 

Il y avait quelque chose d’insaisissable entre les murs de la cour ce jour-là. Une sensation du réel différé, une sorte d’énergie imperceptible qui se dégageait des deux envoyés hébreux. Leur aura tenait tout le monde en respect. Personne n’osait les approcher. Pharaon lui aussi était très nerveux, il ne cessait de gigoter en se redressant sur son trône cherchant du soutien dans le regard de ses conseillers et de ses mages.

Moché et Aaron quant à eux étaient parfaitement calmes. Leur attitude décontenançait encore plus les membres de la cour, qui malgré leur supériorité militaire écrasante, ressentaient une peur profonde.

Leur message était clair, Pharaon devait libérer les Hébreux. Ils avertirent Pharaon que s’il n’obéissait pas, tout le royaume d’Egypte subirait le courroux de D.ieu. Pour affermir ses paroles, Aaron fit un prodige sous les yeux de l’assistance. Il jeta le bâton de Moché à terre. Il se transforma en serpent comme il l’avait fait quelques jours auparavant devant les Hébreux de Goshen. 

Pharaon savait qu’il était en train de vivre le présage des astrologues concernant le libérateur des esclaves. Mais comme toujours, il était résolu à tenter de braver le destin.

Il appela ses sorciers à la rescousse pour qu’ils transforment eux aussi leurs bâtons en serpent, mais tout le monde comprit que les magiciens avaient usé d’une illusion d’optique et les serpents des mages n’apparurent qu’après un épais nuage de fumée trompeur.

Le public était placé des deux côtés de la salle, divisé en deux. Les deux hébreux se tenaient au milieu de la pièce face au trône de Pharaon. Les valets agitaient frénétiquement leurs feuilles de saule géantes afin d’aérer la pièce chaude et dissiper la fumée des magiciens. Le public était tenu en haleine, Pharaon dégoulinait de sueur, ses jambes tremblaient nerveusement.

Les serpents des enchanteurs faisaient face au serpent de Moché. Ils s’approchèrent, hostiles, lorsque soudain, sans que Moché ni personne n’en donne l’ordre, son serpent se transforma à nouveau en bâton. Petit à petit, sous les yeux éberlués de l’assistance, la queue du serpent se durcit, devenant plus rêche pendant que sa tête bougeait encore, jusqu’à ce qu’elle aussi se change en un bois dur. Le processus prit un certain temps et tout le monde put observer les étapes de cette transformation miraculeuse. 

Les sorciers avaient eux aussi remplacé leurs serpents par des bâtons dans un nouveau nuage de poussière, suivant le rythme de Moché. C’est alors que le bâton inerte de Moché s’avança on ne sait trop comment vers les bâtons des mages et s’ouvrit avec une rapidité éclair pour les avaler un à un. La foule ne put s’empêcher de retenir sa stupéfaction et un bourdonnement d’effroi couvra la salle. Le bâton s’était littéralement ouvert, on discernait les filaments de bois qui se détachaient les uns des autres pour permettre son ouverture. D’une manière toute à fait inexplicable, le bâton s’était refermé sur chacun des bois des égyptiens, en les happant à l’intérieur de lui sous les yeux ébahis du public.

Après que la foule reprit quelque peu ses esprits, Moché et Aaron dirent d’une même voix : « Ainsi a parlé l'Éternel, D.ieu d'Israël : “ Laisse partir mon peuple pour qu'il célèbre mon culte dans le désert. “ » 

Leur voix avait retenti dans toute l’Egypte. Les maisons, les jardins, les marchés et même Goshen l’isolée entendit les paroles de Moché et d’Aaron son frère. Tout le monde s’arrêta stupéfait par cette voix qui semblait venir du ciel. A Goshen, les esclaves souriaient, les cœurs éteints se remplissaient d’espoir. Le processus de la libération avait débuté. 

En dépit des événements, le mage Osmaarê avait envoyé une brigade en charge de retrouver le prince d’Egypte à Goshen. Les soldats sillonnaient les avenues de la région en vain : aucune trace du prince. Ils savaient d’emblée qu’il était inutile d’interroger la population, le prince se cachait trop bien.

Ils décidèrent de faire enlever le Rav Aboulkabat Halévi afin qu’il lui révèle l’emplacement du prince. Anoukis avait soutiré toutes les informations nécessaires à Eliakoum, et une unité secrète était en direction de la maison du Rav.

Ankhéfènie dormait sur un petit lit de paille dans une pièce adjacente à celle du Rav Aboulkabat. Les deux hommes avaient débattu la veille pendant plus de douze heures d’affilée, ils étaient épuisés. Ankhéfènie dormait à poings fermés. Il ne sentit même pas les hommes masqués pénétrer à l’intérieur de la tente avoisinante où résidait le Rav. L’unité d’élite était si bien entrainée qu’on n’entendit pas même un seul craquement de paille sous ses pieds. Les soldats pénétrèrent la chambre à coucher du Rav, placèrent sur sa bouche une compresse de gaze anesthésiante ainsi que sur celle de son épouse pour assurer le bon déroulement de leur opération. Puis ils transportèrent le corps engourdi du Rav sur leurs épaules avant de prendre la fuite. 

Ils sortirent de Goshen sur la pointe des pieds, évitant d’être aperçus, jusqu’à ce qu’ils regagnent le palais au beau milieu de la nuit. Leur mission fut accomplie, et le Rav Aboulkabat se trouvait à présent dans une cellule sans fenêtres, avec pour seul meuble une table en bois blanc à complètement délabrée. Il peinait à se ressaisir et la lotion qui l’avait plongé dans une profonde léthargie laissa place à d’affreux maux de tête. 

La porte s’ouvrit. 

Le Rav plissa les yeux afin d’être bien sûr de discerner l’identité de l’homme qui se tenait devant lui. Il le reconnaissait. C’était Eliakoum…