Chaque semaine, Déborah Malka-Cohen vous fait plonger au cœur du monde des Yéchivot pour vivre ensemble les intrigues passionnantes de quatre étudiants, sur fond d’assiduité et d’entraide…

Dans l’épisode précédent : Eden fixe une date pour son retour en Israël, tant l’envie de revoir Yona est pressante. Les parents de Yossef viennent le trouver à la Yéchiva  pour lui proposer de rencontrer Anaëlle Dayan. Pendant ce temps, David entreprend la dangereuse expédition de retourner au village arabe. Il y revoit la jeune femme voilée aux yeux bleus et, bravant la vigilance d’Abdoul, il parvient à lui glisser secrètement une note dans laquelle il lui indique qu’il va venir la délivrer prochainement. Ménou’ha est submergée d’espoir. Mais Abdoul entraîne David dans un piège...

Lorsque David se réveilla, il mit du temps à comprendre où il se trouvait. Il lui était impossible d’avoir les idées claires avec le terrible mal de tête qu’il ressentait. On aurait dit qu’un bûcheron muni d’une hache tapait sur un bout de bois. L’arrière de son cerveau était le bout de bois. Il avait chaud et suait à grosses gouttes à cause de l’humidité de l’endroit où il se trouvait. Il avait atrocement soif. Il s’était mis à respirer par la bouche par manque cruel d’oxygène tant il étouffait. Guidé par d’autres douleurs, surtout celle au niveau de ses poignets, il reprit complètement connaissance. En ouvrant les yeux, il découvrit avec épouvante qu’il était dans un sous-sol sans fenêtre, plongé dans une semi-obscurité et attaché à un radiateur les mains liées par des câbles de voiture. 

Son cœur battait la chamade et son premier réflexe fut de crier. Sauf qu’il entendit une voix à quelques mètres qui lui indiquait de se calmer : “Tu vas épuiser tes cordes vocales pour rien. Personne ne peut nous entendre.”

 

La voix féminine s’approchait de lui. Elle parlait en français avec un léger accent israélien. Il eut du mal à voir totalement le visage de la jeune fille qui lui parlait. Elle était cachée dans un coin. 

Brusquement, à la manière d’un boomerang, sa mémoire refit surface. Lorsqu’il était revenu sur ses pas qui le menaient jusqu’au garage, il fut frappé d’effroi en découvrant Abdoul hurlant sur la fille en burqa. Le plus horrible, c’est qu’il empoignait une partie du tissu où étaient maintenus les cheveux de la jeune fille, en brandissant le papier que David lui avait transmis. Il criait des mots dans une mélange d’arabe et hébreu assez incompréhensible. La prisonnière, en larmes, avait supplié son agresseur de la lâcher. Devant tant de violence, David n’eut pas d’autre choix que de s’en mêler et d’ordonner à l’employé de la lâcher autrement il serait contraint d’appeler la police. 

Le fusillant du regard, l’Arabe lâcha sa prisonnière de manière brutale. D’un air des plus menaçants, les yeux noirs qui envoyaient des éclairs, il s’était avancé vers le jeune religieux.  

“Ah oui, tu crois ça ? Et tu comptes t’y prendre comment ?”

Et avant même qu’il ne puisse répondre, David reçut un violent coup à la tête qui lui avait fait perdre connaissance. En se réveillant, il en avait déduit qu’il avait été trainé jusque-là.

“J’espère que vous n’avez pas trop mal à la tête, s’était inquiétée ‘Yisma’. D’habitude, Abdoul n’est pas aussi nerveux. Le mot qui a glissé de ma manche lui a fait perdre les pédales. Je suis navrée, c’est de ma faute si vous vous retrouvez dans cette posture. Je vous jure que je ne voulais pas que tout ceci vous arrive.”

 

La gorge sèche par ce début de nuit qu’il venait de passer, David ne voulait surtout pas qu’elle se sente coupable. C’était lui, et lui seul, qui avait pris la responsabilité de la revoir et de lui venir en aide.

“C’est moi qui suis désolé. Par ma faute, ce sauvage vous a brutalisée. Si seulement j’avais pris ma voiture, à l’heure qu’il est j’aurais déjà prévenu la police. Si cela se trouve, vous seriez même libre.

– J’en suis moins sûre que vous.” 

En écoutant parler sa colocataire de cellule, soudainement, David fut pris d’une quinte de toux, ses poumons étant peu habitués à respirer autant de poussière. 

“Attendez, je vais vous donner de l’eau. Je sais ce que c’est que de se réveiller ici. Vous devez mourir de soif.”

Pendant que David avait été inconscient, “Yisma” avait ôté le haut de sa burqa, ce qui laissait place à son visage. Elle s’était rapprochée pour lui tendre le pot en terre rempli d’eau afin qu’il assèche sa soif. Il avait en face de lui le visage des Lévy !

Après cette découverte choquante, il faillit s’étouffer avec l’eau qu’il buvait. On aurait dit qu’il avait devant lui le sosie de l’un des frères d’Avraham, mais en fille. Cette découverte le fit trembler de la tête aux pieds. Il recracha l’eau qu’il venait d’ingurgiter de travers.

“Qu’est-ce qu’il se passe ? Veuillez me pardonner, c’est la première fois que je donne à boire de cette manière à un adulte tuméfié de la tête, les mains attachées à un radiateur. Dans mon ancienne vie, j’avais une certaine expérience avec les enfants de moins de trois ans, mais j’avoue sans mal que je suis novice dans ce domaine.”

L’entendre plaisanter sur une situation aussi grave avait été déstabilisant pour David car c’était lui d’habitude qui avait recours à cette méthode pour masquer son stress. Lui qui avait fait Téchouva quelques années plus tôt avait perdu l’habitude de regarder une fille dans les yeux. Réussir à marcher dans les rues de Jérusalem et acquérir l’automatisme de détourner le regard dès qu’il croisait des femmes pour préserver une certaine pudeur avait exigé de lui beaucoup d'entraînement. Seulement… depuis leur première rencontre, il n’avait pas su pourquoi il avait fixé les yeux bleus de cette fille. Les yeux bleus de… Ménou’ha. Comme un choc électrique, la vérité venait de le frapper de plein fouet ! Sans aucune entrée en matière, le Yéchiviste lui demanda brutalement :

“Tu es bien Ménou’ha Lévy n’est-ce pas ?”

Entendre son prénom, le vrai, avait mis Ménou’ha dans une espèce de transe, diluée dans une dose de joie extraordinaire. Une multitude de questions se bousculaient dans sa tête. Comment était-ce possible qu’il connaisse son nom et son prénom ? Elle n’arrivait tout simplement pas à le croire. La coïncidence était presque impossible. L’émotion la gagna comme jamais. À quelques heures de son mariage forcé, elle qui avait prié si fort pour que le jour de sa délivrance arrive, elle ne put empêcher ses larmes de couler. Peu importe la tragique issue de sa vie, elle savait qu’Hachem ne l’avait pas oubliée.

“C’EST BIEN MOI, MÉNOU’HA LEVY !”, n’avait pu s’empêcher de crier la jeune fille. “Tu peux le constater, je ne suis pas partie de mon plein gré de chez mes parents. J’ai été kidnappée et enfermée dans cet espèce de ce sous-sol immonde, à l’état insalubre, depuis des mois. Malgré tout, je me suis efforcée de garder l’espoir que quelqu’un vienne me sauver ! Mais mis à part toi, personne n’est jamais venu. Comment tu t’appelles et comment tu me connais ?

“Je m’appelle David Laloum. Je suis un ami de ton frère Avraham. Nous sommes dans la même Yéchiva tous les deux. Mais avant cela, l’année dernière, j’avais passé quelques Chabbatot dans ta famille. 

– Mais attends, je crois que je me souviens de toi. Tu partageais la chambre avec Ména’hem et Avi, n’est-ce pas ? 

– Oui, c’est ça. 

– Je vois qui tu es.” 

Il ne saurait dire pourquoi, mais malgré la condition catastrophique dans lequel il se trouvait, David était heureux. Heureux comme jamais il ne l’avait été dans toute sa vie. En allant chercher cette inconnue, il ne s’était rien imaginé. En écoutant Ménou’ha lui raconter ce qui lui était arrivée, il sentait qu’elle était non seulement une fille pleine de courage mais aussi qu’elle n’avait rien perdu de ce qu’elle était. Elle était toujours une vraie Bat Israël : aussi belle que forte ! C’est là qu’il comprit que peu importe l’issue qu’allait prendre sa vie, être heureux ne dépendait pas de ce qu’il possédait mais de la manière dont il vivait les choses. 

Entendre David prononcer le prénom de son frère et lui parler des Chabbatot qu’ils avaient tous passé ensemble raviva en Ménou’ha la douleur du manque de sa famille, cette même douleur qui lui collait à la peau et qui l’avait bien souvent empêchée de dormir la nuit. À force de passer du temps cloîtrée entre ces murs, la cuisante douleur des premiers jours s’était atténuée peu à peu. Elle s’était surprise parfois à consacrer moins de temps à penser à eux. Il lui arrivait d’avoir peur de cet “oubli” car cela voulait dire qu’eux aussi de leur côté pensaient peut-être moins à elle. 

À ce moment, c’est comme si David lui avait ré-ouvert une plaie béante. Affolée, nerveuse, fébrile, troublée, agitée, elle était avide de savoir si sa famille avait cru à cette mascarade d’enlèvement. 

“Ton frère n’a jamais cru à cette histoire. Il n’a cessé de te chercher. Actuellement, il fait remue ciel et terre pour qu’il y ait réouverture de l’enquête qui te concerne toi, mais aussi d’autres jeunes juives qui sont dans ton cas.

– Parce qu’il y en a d’autres ? 


– Malheureusement, plusieurs éléments le prouvent. Tu n’as pas idée comme ton absence est douloureuse pour ton frère et le reste de ta famille. 

– Pourvu seulement que l’on arrive à sortir d’ici. 

– Peu importe mon sort, je suis si heureux de savoir que tu es en vie. Merci Hachem pour ce cadeau inestimable.”

À ces mots, comme un retour épouvantable à leur réalité, Ménou’ha se demandait ce qu’Abdoul allait faire du garçon qu’elle avait en face d’elle. 

“Je ne le laisserai pas faire !

– Comment ça ?

– Écoute, dans quelques heures, je ne sais pas précisément quand, deux femmes vont venir me chercher pour que j’aille m’unir avec l’un des leurs. Je vais tout faire pour qu’ils te laissent partir sain et sauf. Aussi étrange que cela puisse paraître, pour une raison obscure, j’ai compris que leur but n’est pas de me supprimer Lo ‘Alénou.”  

 

Guidé par son instinct, le jeune Yéchiviste prononça ses paroles : 


“Ménou’ha, ne t’inquiète pas. En ne me voyant pas rentrer à la Yéchiva, Avraham et nos amis vont donner l’alerte. Lorsqu’ils déclareront ma disparition à la police, des agents vont forcément envoyer des gens me chercher. Ainsi, nous serons libérés tous les deux. Il ne pourra en être autrement.” 

Sauf que des pas précipités dévalèrent les escaliers qui menaient jusque dans la cave… 

 

Au poste de police, Avraham s’était senti plus impuissant que jamais. On l’avait renvoyé de là où il venait en lui conseillant “d’attendre les instructions des auteurs de la lettre anonyme et de revenir [les] mettre au courant”. Sur le chemin du retour, le Rav lui avait assuré qu’il allait faire jouer ses contacts car il était aussi d’avis que l’agent qui les avait reçus avait traité leur affaire comme si on lui avait confié un tas de linge sale rempli de tâches particulièrement difficiles à laver. Cet homme du nom de Tomer Moss, qui avait été lieutenant dans l’armée, avait employé avec eux un ton que l’on aurait pu qualifier de méprisant. Leurs barbes, leurs Talith Katan visibles et leurs chapeaux y avaient été pour beaucoup. 

L’agent Moss les avait fait entrer dans une petite pièce adjacente aux bureaux à l’ambiance effervescente. Abruptement, il leur avait demandé ce qui les avait amenés à se présenter au poste. Avraham avait raconté l’ensemble de l’histoire en essayant de n’omettre aucun détail et avait conclu en lui montrant la lettre de menace qu’il avait reçue. 

Prenant son temps, le policier au visage renfrogné avait réfléchi à voix haute en émettant des bruits étranges et s’était mis à arpenter les cinq mètres carrés dans lesquels ils étaient tous les trois confinés. 

“Donc si je résume, nous avons un jeune homme, majeur, qui ne rentre pas au centre d’étude alors qu’il a l’habitude de le faire tous les soirs. Ensuite, il y a cette jeune fille religieuse, votre sœur, qui revient de l’école, laissant un mot derrière elle. Puis, maintenant cette lettre anonyme. Messieurs, je ne crois pas que ces trois faits soient liés.

– Je crois le contraire ! Le fait que mon ami ne soit pas rentré doit être pour vous une priorité. 

– Loin de là, Monsieur Lévy ! Il a le droit de faire ce que bon lui semble sans ressentir le besoin de vous consulter. Vous n’êtes pas sa Métapélèt, que je sache ! 

– Et la lettre ?

– Peut-être des petits rigolos qui n’aiment pas beaucoup les hommes de votre genre. 

– Je crois que vous deviez prendre plus au sérieux ces menaces écrites à l’encontre de mon étudiant, avait vivement suggéré le Roch Yéchiva

– Si vous voulez mon avis, et sauf votre respect Rav, rentrez chez vous. Plongez-vous dans un de vos livres et ne pensez plus à tout ça. Si Monsieur Laloum ne donne pas signe de vie dans les prochaines 48h, revenez me voir. 

– Et si demain, on vient nous réclamer une rançon pour sauver sa vie, je fais quoi ?, s’était indigné Avraham”, avec presque du dégût dans la voix.

 

Moss leur avait conseillé d’attendre.

“Attendre quoi ?” 

Las, le policier leur avait répondu : 

“Dans l’hypothèse où vous recevez des instructions, ce qui m’étonnerait fort, revenez me voir. Oh ! Mais ne faites pas ces têtes ! Bon, si cela peut vous aider à mieux dormir cette nuit, je peux vous mettre deux hommes devant votre bâtiment pour surveiller les allées et venues. C’est le maximum que je puisse faire ! Ça vous va ?”

Aussitôt après avoir émis l’ordre de surveillance nocturne, Moss avait expédié le Roch Yéchiva et son élève à la vitesse de l’éclair hors de la station de police. Face à l’air désinvolte du policier, c’était le tonnerre qui grondait à l’intérieur d’Avraham. Il était bien décidé à retrouver David, avec ou sans l’aide des autorités.

Loin de cette horrible endroit qui ne lui avait procuré qu’une forte déception et arrivé dans l’enceinte de la Yéchiva, il avait souhaité bonne nuit à son Rav et avait décidé d’agir seul, et pas de la meilleure manière qui soit. Il n’était pas parti à la rencontre de Yona et Yossef comme ce qui avait été prévu initialement. Il avait préféré attendre que la bibliothèque soit déserte pour effectuer ce qu’il avait en tête.

La volonté de retrouver David avait pris le dessus sur sa raison. Il se revoyait jurer à lui-même et à ses autres compagnons il n’y avait pas si longtemps de ne plus effectuer quelque chose de stupide qui pourrait les mettre tous, et lui en particulier, en mauvaise posture. Comme par exemple utiliser un ordinateur ordinaire de la bibliothèque et fouiller dans des données auxquelles l’accès était formellement interdit. Rongé par l’angoisse, il avait choisi de rompre ce pacte. En parcourant des informations ordinaires, très vite, il avait été happé par l’envie de chercher plus en profondeur. Si par un quelconque hasard, l’affaire des “filles kidnappées et emmenées dans des villages arabes” avait avancé, il devait en avoir le cœur net.  

Au bout de quelques pages pas très compliquées à déverrouiller pour l’ainé de la famille Lévy, il comprit que la police et les services secrets n’avaient pas plus d’éléments en comparaison avec ses dernières consultations. Contrarié et impatient, il cliqua sur le fichier où était nichée la liste des villages arabes suspectés de faire du trafic d’esclaves. Concentré sur les données qu’il avait devant lui, il n’avait pas entendu Yossef et Yona entrer dans la pièce et encore moins s’approcher de lui jusqu’à regarder par-dessus son épaule. En entendant Yona presque crier : “Mais c’est le nom du village où j’avais été avec David, ça !? Qu’est-ce que c’est que cette liste, encore ? Ce n’est pas du tout la même que tu avais fait imprimer la dernière fois !”, Avraham avait sursauté et avait failli en faire tomber son clavier. Il redoutait la réaction de ses amis qui venaient de le prendre en flagrant délit.

“Je suis en train de chercher d’autres pistes. J’ai suivi les règles. Je suis parti voir la police mais je sens que cela n’aboutira à rien. Il faut que l’on retrouve David.”

Pensif, Yossef fit une rapide synthèse des informations qu’il venait d’avoir : 


“Si ça se trouve depuis le départ, tu ne cherchais pas au bon endroit, Avraham.”

Il se tourna vers Yona et lui demanda s’il était certain que c’était le même nom de village qui était sur la liste.

“Étant donné que je me suis aventuré qu’une seule et unique fois dans les territoires palestiniens, le nom de l’endroit est gravé dans mon esprit. Tu te souviens que David nous avait dit qu’il avait projet d’y retourner mais il n’a jamais précisé quand.

– Téméraire comme je le connais, ce fou a dû y retourner tout seul ! Bon sang, j’espère qu’il va bien. Écoutez, je crois que nous avons assez d’éléments pour retourner voir cet agent Moss. Lui ou ses collègues vont forcément nous aider. Ils ne prendront pas le risque de ne pas aller au moins vérifier là-bas.

Yona, avait aussitôt ajouté : “Je crois que je peux me souvenir du chemin exact à prendre qui nous mènera jusqu’au garage.”

Avraham s’était levé d’un bon pour aller récupérer le papier qu’avait craché l’imprimante. En la récupérant, il était passé devant ses amis et leur proclamant qu’il ne fallait pas perdre une minute pour aller au poste. Yossef, moins enclin à foncer droit au but que son ami, arrêta celui-ci en plein vol : 


“Tu oublies quelque chose d’essentiel.

– Quoi donc ? Yossef laisse-moi passer, chaque minute compte !

– Tu crois que je ne le sais pas ! Il n’y a pas que toi qui a peur, ici ! Tu oublies simplement que si tu donnes ces documents que tu as obtenus de manière formellement interdite, tu risques la prison ! D’autant plus que si le Roch Yéchiva a compris que c’était toi qui était à l’origine du premier hackage, tu t’imagines bien qu’ils ne vont pas mettre longtemps à savoir que c’est toi et tu risques de le payer cher.

– Je m’en fiche. Je préfère passer quelques années en prison pour sauver la vie de David et de ma sœur ! 

– Tu entends ce que tu dis !? Tu perds la raison.

– Avraham, Yossef a raison, tu ne peux pas aller au poste avec la liste.

– Vous ne comprenez pas !”

Ils débattèrent encore une bonne heure sur le sujet. Yossef avait réussi à convaincre Avraham de laisser passer la nuit et de ne prendre aucune décision hâtive. 

“La nuit porte conseil. Demain avec l’aide d’Hachem, nous y verrons plus clair. Allons dormir et Bli Néder demain juste après la Téfila, si David n’est toujours pas là, on retourne voir la police.” 

Sauf que le lendemain, à peine quelques heures après cette discussion, des sirènes hurlantes s’étaient mises à retentir dans toute la rue où était située la Yéchiva.

Encore endormis, Yossef, Yona et Avraham n’entendirent pas les portes des voitures claquer, qui auraient dû leur indiquer que l'on entrait dans l’établissement. C’est seulement quand deux hommes habillés en civil hurlèrent à l’entrée de leur dortoir, qu’ils se réveillèrent tous les trois en sursaut :  

“Que personne ne bouge ! Nous demandons à Avraham Lévy de sortir de sa chambre. Nous savons que vous êtes là !” 

N’ayant pas le choix, Avraham se leva et passa la tête dans le couloir, découvrant les autres étudiants à avoir eux aussi passé la tête pour essayer de comprendre cette situation. Il eut tout juste le temps de décliner son identité, ne pensant pas une seconde à la phrase qu’il allait entendre par la suite :
“Monsieur Lévy, vous êtes en état d’arrestation pour avoir violé des données informatiques. Vous allez devoir nous suivre immédiatement. Un agent va vous surveiller le temps que vous passiez des vêtements convenables.” 

Complètement abasourdi, Avraham ne réagit pas quand le policier désigné vint près de lui et lui murmura :  

“Je crains que cette fois, votre directeur ne pourra rien pour vous.”

A suivre mercredi prochain…