Le 9 août 1982, un groupe armé lié au Fatah d’Abou Nidal, une faction terroriste palestinienne dissidente de l’OLP, attaque le restaurant juif Jo Goldenberg, situé dans le quartier du Marais à Paris.
Le bilan est très lourd : six morts et vingt-deux blessés, à la suite de tirs à l’arme automatique et de l’explosion d’une grenade.
L'attentat cible explicitement la communauté juive française.

La façon dont le président François Mitterrand va gérer l'enquête soulève de nombreuses interrogations.
Pour ce cas, il décide de créer une cellule antiterroriste parallèle et indépendante de l’Élysée.
Cette structure opère hors du cadre judiciaire, sans transparence ni contrôle légal, manière de procéder étonnante et problématique s’il en est.
Rapidement, l’enquête s’oriente vers une piste : celle des « Irlandais de Vincennes ». Trois militants d’origine irlandaise sont accusés d’appartenir à un réseau terroriste qui aurait perpétré l’attentat.
Des armes et des explosifs sont « découverts » dans leur appartement, mais il sera révélé par la suite que ces preuves, fabriquées de toutes pièces, furent déposées par les agents de la cellule eux-même…
Pour plusieurs analystes, il s’agit clairement d’une manœuvre destinée à détourner l’attention de la piste palestinienne, et ce, pour trois raisons principales :
– La France, soucieuse de préserver ses relations avec certains pays arabes influents et fournisseurs de pétrole, voulait éviter une “affaire” qui ne pouvait que compliquer ses rapports avec eux.
– Le Parti socialiste de l’époque comptait une aile fortement propalestinienne, et Mitterrand voulait ménager ce courant qui pesait lourd pour lui, électoralement parlant.
– Et enfin — le plus grave, peut-être — d’anciens responsables de la sécurité affirmèrent que la France avait conclu un accord tacite avec certains groupes terroristes palestiniens, leur assurant une relative impunité sur le territoire national tant qu’ils n’y commettaient pas d’attaques. L’attentat de la rue des Rosiers risquait de briser ce délicat équilibre du “donnant-donnant.”
Le Président aura donc préféré masquer la vérité, faillir moralement et instrumentaliser une fausse piste à des fins politiques.
Lorsqu’on sait que Mitterrand, « ami des Juifs », dont le conseiller spécial à l’Élysée s’appelait Jacques Attali, reçut une décoration de Pétain en 1943, il apparaît plus comme un fourbe et un manipulateur que comme l’homme politique éclairé qu’il prétendait être.

Il entretiendra d’ailleurs des relations très amicales avec René Bousquet, l’un des principaux organisateurs de la rafle du Vel’ d’Hiv, qu’il continuera de fréquenter jusqu’aux années 1980.


Mensonge d'État
Le scandale judiciaire fut confirmé, mais aucune poursuite politique contre Mitterrand ou les donneurs d’ordre ne sera engagée.
Les auteurs de l’attentat de la rue des Rosiers, identifiés comme membres du groupe d’Abou Nidal, ne seront jamais jugés en France.
Malgré des mandats d'arrêt internationaux émis en 2015, aucun procès n’a encore eu lieu à ce jour (2025).
L’État français n’a jamais officiellement reconnu avoir détourné l’enquête pour protéger la piste palestinienne, même si des documents et témoignages le prouvent.
Et pour les victimes et leurs familles, 43 ans plus tard, justice n’a toujours pas été rendue.





