Près du Mochav Tekouma, dans le sud du pays, à 8 kilomètres de Nétivot, s'élève un étrange cimetière : pour les non-initiés, de loin, on dirait un amoncellement arbitraire de vieilles voitures abandonnées et carbonisées, retirées de la circulation après avoir terminé leur fonction.
Mais quand on s’approche, on s’aperçoit qu’il s’agit d’un site, avec un portail d’entrée, des visiteurs et des panneaux informatifs à côté de certaines autos exposées.
Celles qu’on ne pouvait plus identifier ont été rassemblées en un immense mur de métal et de rouille, rappelant les montagnes de chaussures du mémorial d'Auschwitz. Les autres, aux carrosseries éventrées, aux portières perforées par les tirs, aux pare-brises éclatés, qui gardent cependant une forme reconnaissable, portent une fiche signalétique détaillant avec dates à l'appui, leur terrible histoire.


Elles sont les restes fossilisés du massacre de la Nova, où 393 jeunes ont trouvé la mort, sur les 1697 victimes de cette effroyable journée du 7 octobre.
C’est le mémorial tacite et pourtant si parlant d’une jeunesse emportée par une foudre de feu et de sang.

Ambulance de la mort
De l’ambulance de la mort, également exposée, il ne reste que le squelette rouillé. 18 jeunes y ont trouvé la mort, alors que les bêtes du ‘Hamas les visaient sans pitié, lance-roquette à l'épaule.
Dans l'éthique juive, celle que nous avons donnée au monde, lorsqu’on cherche refuge dans une ambulance, c’est parce qu’il est évident qu’elle est un abri : c’est une convention humaine, admise et logique.

Mais les sous-animaux du ‘Hamas, race dégénérée, (qui pourtant trouvent encore grâce aux yeux de certaines nations dites civilisées, qui osent les appeler "combattants de la liberté"), ne voient pas dans une ambulance marquée d’une étoile de David rouge un quelconque barrage à leur pulsion sanguinaire. Au contraire.
Alors, ils tirent. L’ambulance, sous le choc, se renverse, explose, et l’enfer descend sur terre.
18 innocents partent en fumée, dont ceux cachés sous le véhicule et à ses flancs.
Les anges de Zaka, l’organisation s’occupant de recueillir sur le terrain les restes des victimes, raconteront que la majorité des corps étaient complètement inidentifiables et que malheureusement, ceux calcinés, collés l’un contre l’autre, ne formaient plus qu’une seule dépouille.

Le travail d’identification fut éreintant, à tous les niveaux.
On peut les croire.
La maman de Karine Journo, brisée, s’estime pourtant heureuse : elle a reçu 3 dents de sa fille qu'elle pourra enterrer convenablement.


Vie contre la mort
"Il n’y a pas de lendemain après un tel désastre", confie une autre maman, Sheli Mishal-Yogev, dont la fille Libi, âgée de 22 ans, a été assassinée au festival Nova. Cette tragédie a marqué à jamais Sheli et son mari, le professeur Yariv Yogev, directeur d’une maternité à Tel-Aviv.
La douleur est omniprésente, chaque moment du quotidien lui rappelle le dernier jour de sa fille. Le souvenir de la dernière conversation téléphonique, où Libi leur raconte qu’elle est blessée, perd du sang, et que sa meilleure amie vient d’être tuée à ses côtés, est un traumatisme permanent.
Lorsque l’attaque du ‘Hamas commence, Libi tente de fuir mais se retrouve piégée. Au téléphone avec ses parents, elle leur décrit l’enfer : sa voiture encerclée, des tirs nourris, son amie tuée à ses côtés, elle-même blessée. Ses derniers mots au téléphone avant la fin : “Je vous aime !”.
Malgré l’ampleur de la douleur, Yariv, en tant que directeur de maternité, témoigne d’un phénomène poignant : dans les semaines qui ont suivi le massacre du 7 octobre, autant de bébés sont nés dans son service que le nombre de victimes assassinées lors de l’attaque. Ce parallèle symbolique, entre la vie qui ressurgit, plus forte que tout, leur a permis de ressentir qu’un fil ténu de continuité persistait malgré le chaos.
Chaque nouveau-né semblait, à sa façon, répondre à la barbarie par un acte de création.

Dans 2 jours, au soir, la sirène des commémorations de Yom Hazikaron ne sonnera pas en Israël. Il y a ici tant de personnes qui souffrent de post-traumatismes que le gouvernement a décidé de s’abstenir de la faire retentir, pour ne pas les affoler.
Mais si les cimetières ne désempliront pas de toute la journée, les départements de maternité non plus.
Yariv le sait.

Il aura les mains pleines de travail.
“Bienvenue, petite. Bienvenu, petit.”
‘Am Israël ‘Haï, éternellement.






