Un texte du Talmud relate l’histoire célèbre de ce non-juif qui vint se présenter devant Hillel pour se convertir, à condition que ce dernier lui enseigne toute la Torah le temps qu’il pourrait tenir sur un pied. Hillel lui répondit : « Ne fais pas à ton prochain ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse ».

Voilà l’essence de toute la Torah, le reste n’étant qu’une conséquence de ce principe de base. De même, quand on interrogea Rabbi Akiva sur le principal verset de la Torah, il cita ce commandement, universellement considéré comme l’un des fondements de l’éthique juive, « Aime ton prochain comme toi-même ; Je suis l’Eternel ». Depuis Avraham, le service de D.ieu ne peut se concevoir sans cette notion de l’autre ; la bonté envers mon prochain est l’un des trois piliers sur lequel le monde tient.

Cet autre est aussi à comprendre dans le sens le plus large, les vivants et les morts. A savoir que la forme la plus élevée de la bonté est celle accompli envers le défunt, appelée dans la Torah la « bonté de vérité », par pur altruisme, sans rien attendre en retour. En effet, la bonté envers l’autre ne s’arrête pas avec la mort, tout comme le commandement d’honorer ses parents, bien au contraire. Il existe un pont indéfectible entre les vivants et les morts. Et, grâce à la force de la vie et au pouvoir des mitsvot, le fils pourra continuer à honorer son père, l’homme à aider son prochain…

Ainsi, les lois du deuil viennent pour souligner ce lien entre ceux qui ne sont plus et ceux qui sont encore. Toutes ces règles sont d’abord des règles d’entraide familiale et communautaires, qui permettent aux endeuillés de retrouver la force de continuer ; car la vie doit triompher, comme nous l’ordonne le verset « Je place devant toi la vie et la mort, et tu choisiras la vie ».

Je ne citerai que l’obligation de prendre un repas juste après l’enterrement, notion de solidarité communautaire - puisque ce repas est préparé par les proches - et surtout d’hymne à la vie car manger c’est faire triompher la vie sur la mort. Car il faut vivre pour continuer d’« aimer » et d’aider nos proches disparus…