Ils sont environ 30 millions de personnes de par le monde à avoir vécu une expérience de mort clinique (EMI ou NDE en anglais, pour Near Death Experience). Les textes anciens de la tradition juive décrivent avec précision ce qui advient de l’âme après sa séparation du corps, et il n’est pas anodin de constater que les récits modernes corroborent ces sources avec une exactitude déconcertante…

Voici l’un de ces témoignages, véridique et célèbre en Israël, celui de Charon Na’hchoni. Alors que Charon est en route pour sa base militaire, un violent accident de la route le propulse vers un autre monde… Dès lors, sa vie prend un autre tournant. Nous vous livrons ici son témoignage.

Il y a quelques années, dans la ville de Ness Tsiona dans le centre d’Israël, un petit garçon était introduit dans l’alliance d’Avraham Avinou. Dans la salle, l’émotion était palpable. Comme pour toute Brit-Mila, direz-vous. Certes, mais, cette fois, l’atmosphère était particulière. Ci et là, on pouvait entendre les invités chuchoter entre eux : « Qui l’eut cru ? », « Qui pouvait espérer que Charon se tiendrait à nouveau sur ses jambes, parmi les siens ? »

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26 juin 1997, 6h40 du matin sur la route qui relie Ré’hovot à Ashdod. Une violente collision se produit entre le véhicule conduit par Charon Na’hchoni, en route pour sa base militaire où il doit achever sa période de réserve, et un semi-remorque qui roule en sens inverse à 100 km/h. Le choc frontal entre les deux véhicules est terrifiant : le moteur incandescent de la voiture est propulsé vers l’intérieur de l’habitacle, la clavicule de Charon est détachée, son visage s’écrase contre le volant, son nez et sa mâchoire sont brisés ; ses deux mains ainsi que ses avant-bras, ses jambes, ses genoux et son bassin sont totalement fracturés et ne sont plus reliés au tronc que par la peau, tandis que tout le bas de son corps est brûlé au quatrième degré…

Alors que la police et les secours arrivent sur les lieux de l’accident environ une heure plus tard, il ne leur reste plus, après un long travail de découpage de la carrosserie, qu’à constater la mort de Charon : celui-ci est extrait avec précaution de l’épave, placé sur un brancard et recouvert d’un drap. Le commissaire en charge de l’affaire note sur son rapport : « Décès de l’une des personnes impliquées dans l’accident ». 

17 minutes plus tard, un évènement étrange se produit : un médecin militaire qui voyage sur la ligne 212 de la compagnie Egged entend à la radio qu’un accident de la route vient d’avoir lieu à proximité : vu l’immense bouchon qui s’est formé sur la route, il descend du bus, marche à pied jusqu’au lieu de l’accident et propose son aide aux équipes de secours. On le dirige immédiatement vers les blessés des autres véhicules. « Et celui-ci ? », demande-t-il, en pointant du doigt le brancard recouvert d’un drap. « On ne l’a pas recouvert d’un drap parce qu’il avait froid, vois-tu… », s’entend-il répondre. L’homme entreprend alors une ultime tentative pour sauver Charon : il demande au commissaire de lui procurer un objet tranchant – un tournevis en l’occurrence – et effectue avec son aide une trachéotomie ; avec un stylo qu’il vide de sa cartouche, il purge le sang accumulé dans les poumons… Charon tousse, son pouls est faible mais reprend lentement… Le commissaire corrige son rapport : « Après 17 minutes de mort clinique, le pouls a repris. »

Lorsque des mois plus tard, Charon explique à Rabbi David Abi'hssira qu’il ne parvient pas à retrouver l’homme qui lui a sauvé la vie malgré ses recherches actives, Rabbi David lui répond sans ambages : « Tu ne pourras pas le retrouver. Rares sont ceux qui ont le mérite de le voir… » 

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Quelques mois et 18 interventions chirurgicales plus tard – au cours desquelles le corps de Charon est entièrement reconstitué avec des plaques, des vis et du plastique –, alors que Charon est sur son lit d’hôpital, il se met soudain à adresser une verte remontrance à ses proches réunis autour de lui et occupés à discuter d’argent. « Cessez donc de parler de ces bêtises ! Ces paroles ne sont pas en rapport avec la vérité ! » s’exclame-t-il. « J’ai visité le monde de la vérité, je sais ce qui est important et ce qui ne l’est pas ! » lâche-t-il sur le même ton. Surpris, mais persuadés que Charon est encore sous le choc depuis son accident, ses proches ne cherchent pas à en savoir davantage. Ce n’est qu’une fois tous les visiteurs partis que Charon accepte enfin, suite à l’insistance de son beau-frère, de lever le voile sur l’expérience spirituelle unique qu’il a vécue et qui l’a métamorphosé. C’est vrai que depuis son accident, ses proches ont peine à le reconnaître, et pas seulement sur le plan physique : Charon semble être un autre homme, il adresse parfois des remontrances à ses visiteurs au sujet de péchés qu’ils auraient commis, il répète souvent qu’il aime D.ieu, Qui a été si bon envers lui… Des comportements avec lesquels il était bien peu familier avant son accident.

Faute de magnétophone, son beau-frère s’empare d’un stylo et d’une feuille et s’empresse de noter avec exactitude chacune des paroles de Charon. Il est tard, les couloirs de l’hôpital sont vides. Charon ouvre enfin la vanne de ses souvenirs… 

« Je n’ai que peu de souvenirs de l’accident lui-même, commence-t-il. Ce dont je me souviens avec exactitude, c’est de m’être vu planer au-dessus de mon corps inanimé. J’ai alors été happé dans un très long tunnel au bout duquel brillait une lumière éclatante. Je ne souffrais pas ni ne ressentais de douleur. Je n’avais pas peur. Je me sentais bien et mon seul désir était de rejoindre la lumière qui pointait au bout du tunnel. Je suis alors arrivé dans une sorte de salle immense, dans laquelle j’ai rencontré des gens que j’avais connus dans le passé mais aujourd’hui décédés. J’ai entrevu l’un de mes oncles, décédé quand je n’avais que 11 ans, et je lui ai demandé où se trouvait mon grand-père. "Il est allé plaider ta cause", m’a-t-il répondu. 

« Soudain, j’ai regardé mes vêtements et ai ressenti une honte indescriptible. Ils étaient souillés de taches, qui sont les péchés commis de mon vivant. J’essayais de me cacher, pour dissimuler mes vêtements si sales. Je suis alors arrivé à la barre d’un tribunal. Devant moi, toujours cette lumière intense, d’un éclat si fort que j’étais incapable de lever les yeux vers elle. De chaque côté étaient placées deux autres lumières, moins fortes que celle du milieu. Alors que le tumulte commençait à se dissiper, on m’a posé trois questions : « As-tu exercé ta profession avec foi ? », « As-tu fixé du temps pour l’étude de la Torah ? » et « As-tu espéré en la Délivrance ? », dernière question dont je n’ai même pas saisi le sens. Ce sont les trois questions mentionnées précisément dans le Talmud. Après cela, je n’ai plus eu droit à la parole. Seules les deux lumières, le Bien et le Mal, faisaient entendre leur voix, tantôt pour détailler mes mérites, tantôt pour m’accuser. 

« Face aux accusations lancées contre moi, il m’était impossible de nier ou de trouver une échappatoire. Le film de ma vie était projeté face à toutes les âmes présentes. J’étais en proie à une honte insoutenable. Un point intéressant : les péchés sur lesquels j’avais fait Téchouva de mon vivant n’ont pas été évoqués du tout… 

« Je me suis vu notamment reprocher ma conduite avec l’un de mes collègues au travail (avec lequel j’avais eu un différend et face auquel je refusais obstinément de reconnaître mes torts) ; je me suis vu reprocher d’avoir passé un appel téléphonique de chez ma grand-mère sans sa permission (!), d’avoir promis d’offrir à la synagogue une certaine somme d’argent et de ne pas l’avoir fait ; d’avoir manqué de respect envers mes parents ; de ne m’être pas assez investi dans la réussite spirituelle de mes élèves ; de manquer d’humilité ("Pourquoi as-tu accroché chez toi la lettre de remerciement pour le don fait à telle Yéchiva ?, lui demanda-t-on. Retire-la, il ne faut pas qu’elle soit exposée aux yeux de tous !") ; d’avoir écouté et dit du Lachon Hara' (c’est l’un des péchés au sujet desquels on fait montre d’une rigueur extrême au Tribunal Céleste), de ne pas avoir été assez pointilleux au sujet de la pureté familiale, et bien d’autres sujets encore… 

« On m’a expliqué l’importance de réciter les bénédictions avec ferveur en pensant à chaque mot, alors que de mon vivant, je me contentais de les dire en avalant les mots ; on m’a expliqué combien les hommes méprisent certaines Mitsvot, qu’ils considèrent comme de peu d’importance, alors qu’En-Haut, ce sont de véritables joyaux qui peuvent sauver l’homme de la tourmente ; on m’a montré l’importance d’accomplir les Mitsvot sans ostentation, car cela les vide de leur substance ; et bien d’autres choses encore. 

« Puis ce fut au tour du Bien de prendre la parole. Il est impossible de décrire le pouvoir qu’ont certaines Mitsvot. J’ai béni chaque instant que j’ai passé ici-bas revêtu du Talith Katan ! J’avais pris sur moi d’accomplir cette Mitsva un mois avant mon accident et les mérites que j’en ai tirés sont inestimables ! Je ne peux en dire davantage mais le mérite du respect du Chabbath, celui du respect témoigné à son conjoint, de l’aide prodiguée à autrui ou encore celui de réjouir les mariés est immense. 

« Quatre grands Rabbanim, dont l’un m’était inconnu de mon vivant, étaient présents pour prendre ma défense. Tous étaient vivants à l’époque de mon EMI, pourtant ils étaient bien là, au Tribunal Céleste. Il s’agit du Rav Kadouri, du Rav David Batsri, du Rav Yoram Abergel et enfin du Rav Mordékhaï Eliyahou. J’ai pu rencontrer ces quatre Tsadikim en diverses occasions après mon accident : tous se souvenaient parfaitement de mon jugement avant même que je n’ai eu le temps de leur en parler ! 

« À la fin du procès, il s’est avéré que la balance était en parfait équilibre : il s’y trouvait sur chaque plateau une quantité égale de bonnes et de mauvaises actions. Le Rav Mordékhaï Eliyahou a alors proposé d’offrir le mérite de l’une de ses Mitsvot à lui, pour faire pencher ma balance du bon côté. Sa proposition a été acceptée et j’ai gagné le droit de revenir à la vie. Puis une voix terrifiante, pénétrante, me demanda si j’étais prêt à prendre sur moi certains engagements pour le futur. J’ai répondu par l’affirmative. La voix m’a ensuite expliqué que j’allais endurer de grandes souffrances mais que celles-ci étaient destinées à me purifier de mes fautes ; je devais donc les accepter avec joie et amour. Il m’a été dévoilé la raison de chaque coup reçu et de chaque membre touché. 

Puis ma grand-mère est venue pour me raccompagner. Ensemble, nous avons de nouveau traversé la salle où j’ai entrevu encore d’autres personnes décédées, certaines depuis très longtemps, d’autres plus récemment. Il y avait des Rabbanim, des gens qui avaient vécu à Ness Tsiona, des militaires, des enfants, etc. De tous, il émanait chaleur et amour, comme si nous étions unis par des liens indéfectibles. Ma grand-mère m’a accompagné jusqu’au bout de la salle. Puis en bas, j’ai aperçu mon corps inerte sur le brancard, avec des infirmiers et des médecins affairés tout autour. J’ai vu et je me souviens des personnes présentes à cet instant, alors que d’après tous les avis, j’étais encore sans connaissance. Puis quelques instants après, je me suis réveillé dans mon corps, alors que l’on me transportait vers l’hôpital en ambulance. » 

Du reste, Charon ponctue son récit de nombreux détails qui permettent d’en assurer la véracité : il livre le nom de personnes qu’il a vues en-haut, alors qu’il n’avait pas connu ces personnes de son vivant, puisqu’elles étaient décédées avant qu’il ne naisse. De même, après s’être réveillé, Charon fut en mesure d’affirmer qu’un certain couple de Ness Tsiona, qu’il connaissait à peine, était sur le point de divorcer, information qui s’est hélas révélée véridique par la suite. Il savait aussi qu’une certaine tante à lui était décédée au moment même où il était jugé au Tribunal Céleste, puisqu’ils comparurent tous deux en même temps et qu’il fut décidé que ce serait elle qui décèderait et non lui.  

À la question de savoir ce que cette expérience signifie aujourd’hui pour lui, Charon répond sans hésiter : « Je sais aujourd’hui avec certitude que cette vie ressemble à un couloir menant au palais du Roi. Le but de ce passage ? Faire en sorte que nos vêtements restent propres afin de pénétrer dans le palais de la manière la plus convenable qui soit… » Et que répondrait-il à ceux qui nient la survivance de l’âme après la mort ? « Ce serait dommage qu’ils y soient envoyés pour vérifier par eux-mêmes… », dit-il non sans une pointe d’humour…

'Haya Herzberg