Un proche de Rabbi ’Haïm, qui est aussi l’un des habitués du Beth Haknesset Lederman, où il a l’habitude de prier, lui demanda une fois si le fait de mettre son chapeau et sa veste lors du Birkat Hamazone était seulement une bonne habitude et si on pouvait passer outre en cas de nécessité.

« Il m’arrive parfois d’avoir des rendez-vous d’affaires au restaurant, s’expliqua-t-il, et cela peut paraître bizarre aux yeux des personnes s’y trouvant. »

Il ne faut pas prendre cela à la légère, lui répondit le Gadol. Comme il ressort du Michna Broura, c’est une obligation stricte. « En outre, ajouta Rabbi’Haïm, c’est une Ségoula pour la richesse, et cela ne te causera certainement aucun tort. »

Quelques semaines passèrent, et voilà qu’un beau jour, notre ami se retrouva à négocier l’achat d’un immeuble valant plusieurs millions de shekels avec un ponte de l’immobilier, du reste non pratiquant. Comme c’est l’habitude dans ce genre de tractations, elles furent organisées autour d’un repas d’affaires, dans un restaurant.

Les grandes lignes de la transaction se dessinaient progressivement, mais ils se heurtèrent à un désaccord concernant la fixation de son prix. Le principal point d’achoppement des discussions, se prolongeant jusqu’à la fin du repas, portait sur une somme de près de 5 millions de shekels. A un moment donné, notre ami faillit céder et accepter ce supplément, injustifié à ses yeux. Il décida cependant d’attendre d’avoir récité le Birkat Hamazone pour conclure l’affaire. Il se leva alors pour faire au préalable Mayim A’haronim, décrocha sa veste et son chapeau du crochet. Il se dirigeait vers sa table lorsque le vendeur bondit soudain vers lui. « Vous savez quoi ? lui dit-il. Pour une telle transaction, 5 millions de plus ou de moins, cela ne fait pas de grosse différence… Je suis d’accord pour signer. »

Notre ami lui signifia d’un geste de la main qu’il n’allait pas tarder à lui répondre, et s’assit pour réciter le Birkat Hamazone.Quand il eut terminé, le contrat fut signé pour la satisfaction des deux parties. Après avoir échangé une chaleureuse poignée de main et s’être souhaité Mazal et Brakha, l’acheteur ne put retenir sa curiosité : « Qu’est-ce qui vous a poussé à céder sur les 5 millions ? » lui demanda-t-il.

« Comment cela ? » répliqua le vendeur, surpris à son tour. « J’ai vu que vous mettiez votre veste et votre chapeau pour partir, décidé à rejeter mon offre, et je me suis dit qu’il était dommage de laisser passer cette occasion à cause d’une telle somme… »