J’ai lu dernièrement une rubrique qui soulevait le sujet délicat de savoir quelle était la solution idéale à envisager pour aider des parents âgés qui peinent à continuer à vivre indépendamment, et quelle devait être l'attitude de leurs enfants soumis à l'injonction de la Torah de prendre soin du bien-être de leurs parents. Un des intervenants déclarait : ”Je suis incapable de m’occuper d’eux personnellement, et le mieux serait de …” Cette phrase m’avait frappé car on est habitué à un langage plus nuancé, du genre: “il me serait difficile de m’en occuper convenablement”, mais non pas “j’en suis incapable”. 

En fait, au-delà de ce sujet douloureux des parents âgés, il y a dans les paroles de ce fils l’air du temps. Aujourd’hui on ne parle plus de relever des défis, de s’efforcer, de surmonter les difficultés ou même d’essayer partiellement de remplir son devoir. On brandit le drapeau blanc de l’abdication devant tout ce qui exige trop d’efforts, sans gène et sans justificatif. Quand un couple va mal, le divorce devient la solution la plus évidente, appuyée par des arguments du type: “Je suis comme je suis, à prendre ou à laisser !”. Les parents sont habitués à se voir opposer un refus à leurs demandes de la part de leurs enfants, justifié par des “pas maintenant”, “je suis fatigué”, “je n’ai pas de force”, etc. 

Cette approche est aussi présente dans le domaine spirituel : si auparavant on parlait de travailler sur son caractère, de s’efforcer de s’améliorer, d’essayer de changer de conduite, aujourd’hui ce langage a très peu d’écho. Il est donc primordial de trouver un chemin adapté à notre époque, surtout à l’approche des Jours Redoutables, les Yamim Noraïm.

La solution se trouve dans le désir : quand on ressent une attraction vers quelque chose, les difficultés rencontrées sont très facilement surmontables. Un alpiniste ne se plaint pas lors de son ascension. Personne ne refuse de voyager de nuit pour partir en vacances.

Léhavdil (sans vouloir comparer), des milliers de personnes se retrouvent tous les jours en pleine nuit au Kotel Hama’aravi ou à la Yéchiva du Rav Réouven Elbaz à Jérusalem pour réciter les Séli’hot, enthousiasmées par l’ambiance qui y règne. De gros dormeurs pourront vous raconter qu’à Roch Hachana à Ouman, ils se lèvent une heure (!) avant le début de la prière fixée au lever du jour (Hanets Ha’hama) pour se préparer à cette prière qui va les porter pendant de nombreux mois.

La règle qui se dégage, c’est que lorsqu’on ressent un attrait pour quelque chose, toutes les embûches qui se dressent devant nous pour les obtenir vont s’estomper, et ce principe est valable à la fois dans le domaine matériel que spirituel. 

Si cette vérité qui fait partie intégrante de l’expérience humaine a toujours été valable, aujourd’hui elle devient critique car elle est indispensable. De plus en plus, on associe le chant, la danse et la joie dans toutes les expériences religieuses. Même dans l’étude de la Torah, un bon enseignant lancera de courtes plaisanteries pour créer un climat détendu et n’hésitera pas à raconter des anecdotes pour illustrer son enseignement. Le ‘Hazon Ich disait que pour ramener des gens qui se sont éloignés du Judaïsme, il fallait utiliser l’attrait et non la contrainte.

Chaque époque possède ses “outils” pour se rapprocher de la Torah et il est important de capter l’air du temps afin de ne pas rester figé, mais au contraire de rebondir et continuer à progresser.