À plusieurs occasions, la Torah nous ordonne d’être joyeux, comme durant les fêtes ou lorsqu’on apportait les prémices au Temple ; un ‘Hatan doit se réjouir avec son épouse la première année de mariage. Mais voilà que la ‘Hassidout va mettre l’accent sur la Mitsva d’être continuellement en état de joie, considérant cet attribut comme fondamental et incontournable pour tout service divin. De la même manière mais à l’opposé, la tristesse forme un écran opaque nous empêchant de distinguer la vérité et la bonté divine. En vérité, cet enseignement ne constitue pas une “innovation” de la ‘Hassidout, car il tire sa source de la Torah elle-même.

Dans la Parachat Ki-Tissa, on nous rapporte un événement gravissime qui se déroula durant la première année de la sortie d’Égypte, peu de temps après la Révélation de D.ieu au mont Sinaï : la faute du Veau d’or. Moché Rabbénou, face à cette déchéance, brisera les Tables de la loi conçues par l’Éternel et devra intercéder auprès de Lui durant 40 jours pour obtenir Son pardon. Cet acte idolâtre est difficilement explicable quand on sait tous les miracles dont le peuple hébreu fut témoin peu de temps auparavant. De plus, il est connu que le Yétser Hara’, ne pouvant pas faire tomber l’homme d’un seul coup, s’y prend en général malicieusement en le poussant à commettre une petite faute, puis ensuite encore une autre, jusqu'à ce qu'à la fin, il parvienne à son but. Or lors de la faute du Veau d’or, la dégringolade s’effectua très rapidement !

Le Rav ‘Haïm Chmoulevitch de la Yéchiva de Mir explique qu’effectivement, cette faute n’est pas à placer dans le registre habituel des écarts. Elle n’était pas due à une attirance vers l’idolâtrie, mais au sentiment de désespoir qui s’était emparé des Bné Israël. En effet, Moché était parti pour une durée de 40 jours afin de recevoir la Torah de D.ieu, et avait promis de revenir au terme fixé. Cependant, suite à une mauvaise compréhension de ses paroles, les Bné Israël ne le voyant pas réapparaître crurent qu’il ne reviendrait plus, s’imaginant même qu’il était décédé. Ce fut un vent de panique qui souffla dans le cœur des Hébreux : “Comment peut-on se lancer dans une telle aventure, traverser le désert sans provisions et conquérir la Terre promise, sans la présence de Moché Rabbénou ?” Perturbés et fragilisés par leur situation, ils furent vite influencés par le ‘Erev Rav - ces étrangers qui s’étaient joints aux Juifs - et acceptèrent le Veau d’or comme alternative à leur “berger” absent.

De là, nous apprenons une leçon fondamentale dans les épreuves de la vie : Il ne faut surtout pas perdre la tête, mais au contraire garder la joie et rester confiant dans l’avenir. Pour parvenir à la joie, il est de notre devoir d’entretenir dans nos foyers un esprit de gaieté en n’hésitant pas à utiliser l’humour, car c’est grâce à cet attribut que l’on puise les forces nécessaires enfouies au plus profond de notre être. Il est tout aussi fondamental d’affermir notre Émouna qui apporte la sérénité, en sachant que tout est sous contrôle et que D.ieu, dans Sa bonté infinie, ne cherche que notre bien. 

Nous sommes encore dans le mois d’Adar, période de miracles et de joie, et profitons-en pour nous renforcer dans la Sim’ha et la Émouna. Les événements actuels en Israël pourraient nous inquiéter et nous déstabiliser. Nous vivons une situation d’anarchie où d’un côté, des dizaines de milliers de manifestants expriment leur désaccord sur les réformes que voudrait instaurer le nouveau gouvernement, soutenus par des chefs politiques de premier rang qui appellent à la révolte, et d’un autre avec des actes terroristes répétitifs qui font de nombreuses victimes. Mais de même que D.ieu renversa la situation précaire de nos ancêtres à l'époque de Mordékhaï et d’Esther, de même nous aurons nous aussi le mérite de voir bientôt le salut du Klal Israël.