La Torah nous rapporte que nos Matriarches Sarah, Rivka et Ra’hel étaient stériles et n’ont donné naissance à une descendance que tardivement et miraculeusement. Nos Sages dans le Midrach (Midrach Rabba 45, 4) nous en rapportent la raison : l’Eternel « désire » la prière des Justes. Cette explication demande un éclaircissement, car il est évident que D.ieu dans Sa perfection n’a besoin ni de nos prières ni de notre service. Iyov (Job) (35, 7-8) l’exprimait en ces termes : « Si tu agis bien (en respectant la volonté de D.ieu), que Lui donnes-tu ? … C’est pour toi (pour ton propre intérêt), fils d’Adam, que la piété importe. »

En réalité, la prière va permettre à l'homme de s’attacher à son Créateur et de graver la Emouna dans son cœur. C’est en se tournant tous les jours vers D.ieu que l’on prend véritablement conscience qu’Il est le seul à pouvoir subvenir à nos besoins. C’est par l’épreuve de la stérilité que nos Mères, en s’adressant au Tout-puissant, parvinrent à un haut niveau de foi et pourront la transmettre à leur descendance.

Mais il y a un autre point à relever sur ce sujet, qui est développé dans la ‘Hassidout, et plus particulièrement celle de Breslev : lorsque l’on veut réaliser quelque chose d’important dans la vie, il faut s’armer de patience. Les Imaot vont donner naissance aux guides spirituels de notre peuple et pour cela, elles devront attendre patiemment, tout en suppliant la clémence divine. Plus le but visé est élevé, la montagne haute, plus il faudra s’armer de persévérance et de patience. Celui qui désire pénétrer dans le palais royal doit renouveler continuellement sa demande et alors il verra un jour la porte s’ouvrir.

C’est un principe que l’on retrouve même dans le monde matériel. Un bon repas demande à être mijoté longuement à petit feu. Une carrière prend de longues années de labeur, une fortune se fait en amassant de petits gains, un sportif excelle après un long entraînement, la création d’une musique, d’un tableau ou d’un livre nécessitent beaucoup d’investissement pour obtenir le résultat escompté. De même dans le domaine spirituel, connaitre le Chass (Talmud) ou posséder la connaissance de toute la loi juive demande de nombreuses années de travail intensif. Changer et améliorer son caractère est tout aussi laborieux, si ce n’est plus encore, et l’acquisition de la Emouna est le travail de toute une vie.

Aujourd’hui, nous sommes témoins d’un mouvement de Téchouva collectif qui touche de plus en plus de personnes. Si dans ses débuts, le Ba’al Téchouva connaît l’enthousiasme de découvrir le judaïsme et toute sa beauté et parvient à effectuer des changements incroyables dans sa vie, il arrive souvent qu’après quelques années, il s’essouffle, car les changements sont à peine perceptibles. Certains se découragent faute de vibrer avec la flamme des débuts. Mais en réalité, c’est justement patiemment avec les mêmes gestes quotidiens caractérisant les Mitsvot que les acquis vont se cristalliser dans le cœur.

Il est bien sûr important d’essayer de toujours trouver du goût aux Commandements et de découvrir de nouvelles voies au service divin. Mais il faut aussi réaliser que le judaïsme se vit comme un foyer de braises ardentes, dans lequel les flammes sont à peine visibles mais dont la douce chaleur reste permanente.

Prenons l’exemple de nos Matriarches qui ont su que les vraies victoires ne s’obtiennent qu’avec de l’endurance et de la patience.