Nous sommes en 2022 et le monde tient toujours sur un fil, que ce soit sur le plan sécuritaire, économique, géopolitique ou sur le plan des valeurs morales sur lesquelles les sociétés étaient fondées.

Au nord, la guerre fait rage. Au Proche-Orient, le climat est des plus tendus. En Europe, on parle d’opérer des adolescents en mal-être (après un matraquage médiatique des lobbies engagés pour la cause) pour les faire changer de sexe. Les mœurs sont à la débauche dans toutes les couches sociales et plus personne ne sait ses enfants totalement à l’abri. Les médias sont outranciers et bafouent toute valeur sacrée qu’il reste à l’humanité. Et dans toutes les sociétés, il ne se passe pas un jour sans que l’on n’entende de répugnants faits divers perpétrés sur des enfants.

Mais est-ce vraiment la volonté de D.ieu dans Son monde ?

Certains n’hésitent pas à se cacher derrière cette question pour nier Son existence ; cependant, plus nous avançons dans le progrès, plus la science nous démontre qu’un univers si parfait ne peut être le fruit du hasard, comme nous nous sommes efforcés de le démontrer dans bon nombre d’articles, à la lumière des travaux les plus récents des chercheurs, dans différents domaines. Prétendre le contraire relève aujourd’hui de la foi plus que de la raison. Si bien qu’il faut faire avec D.ieu, pour le meilleur comme pour le pire…

Providence divine ou pas ?

Le Rambam explique que la foi d’un Juif repose sur le fait que D.ieu gère le monde. La providence divine est le premier de ses treize articles de foi.

Pourtant, à considérer l’histoire dans son ensemble, on a du mal…

Dès les premiers instants de la Création, Adam le premier homme, faute. Suite à cela, durant dix générations jusqu’à Avraham, l’humanité se détourna de D.ieu au point que les Sages ont surnommé cette période « Tohu », l’époque du tourment (Sanhédrin page 97). S’ensuit la période du peuple que D.ieu choisit. Là aussi, son histoire est instable : il oscille entre fidélité et infidélité au point de se voir arracher ses deux Temples et chasser de sa terre de prédilection. Tout cela sans parler des pogroms et de l’horrible Shoah : en bref, on est loin d’une histoire à l’eau de rose…

Cela va si loin que le Léchem Chévo Véha’hlama, l’illustre grand-père du Rav Elyashiv, célèbre maître Kabbalistique, posa la question dans son livre Séfer Hadéa (partie 2) si D.ieu n’avait pas échoué dans Son but ? 

Alors, comment le Rambam, lui, peut être si sûr que D.ieu gère l’humanité ? Il se pourrait que D.ieu créa l’humanité sans la moindre gérance, se contentant de rétribuer les actes des plus méritants.

La réponse à cette question est évidente. Le Rambam n’a fait que la déduire de la Bible, dans laquelle il est écrit : « Il forme la lumière et crée l’obscurité, fait la paix et crée le mal, Je suis l’Éternel qui fais tout cela » (Isaïe 45, 7).

On ne pouvait être plus clair : c’est D.ieu, Lui-même, qui fait tout cela ! Premier élément à digérer.

Questionner pour chasser l’ignorance

Mais en bon Juif, on ne peut pas s’arrêter là. Cela nous mène à nous interroger : pourquoi ?

Le Ram’hal, l’éminent rabbi Moché ‘Haïm Luzzato nous en dévoile quelque peu le principe. 

Le Rav nous explique que D.ieu nous ayant créé à Son image, notre principale essence est celle de la liberté. Notre libre arbitre est non seulement celui par lequel nous existons mais aussi celui pour lequel nous existons. D.ieu orchestre absolument tout dans notre vie pour que nous ne ressentions pas de contraintes dans nos actes, afin que la moindre de nos décisions soit purement le fruit de notre volonté ; ainsi, nos choix nous définissent totalement, que ce soit pour le bien comme pour le mal. Nous sommes les maîtres de notre état spirituel. À ce titre, D.ieu laisse au mal une totale liberté d’expression, afin de permettre à celui qui serait secrètement attiré de libérer son désir brûlant et de franchir la ligne du bien vers un mal clinquant. On aide ainsi l’homme à s’assumer en quelque sorte, et on tranche une ligne franche avec, d’un côté, ceux qui sont partisans du bien et de la morale, et de l’autre, ceux qui cherchent autre chose…

Mais il y a également une autre règle que celle de donner toute sa liberté au libre arbitre, c’est la règle de l’unité de D.ieu qui tend à Se dévoiler par-delà le mal et le surpasser pour montrer Sa toute-puissance. Le Ram’hal écrit à ce propos : « L’intention de ce voilement n’est pas de demeurer caché, mais au contraire de se révéler plus tard en retirant tout le mal qui a résulté de ce voilement, Il a fermement établi de dévoiler Sa face de Sa bonté cachée » (Da’at Tévounot, chapitre 3). Le Ram’hal explique tout au long de son livre que plus le mal grandit, plus sa chute en devient vertigineuse, ce qui a pour but de montrer à tous sa perfidie. Élever pour mieux abattre.

Le dessin est donc un peu plus clair. D’un côté, élever le mal afin qu’il n’existe plus de barrières sociales entre les fervents de la débauche et leur adhésion aux différents groupes la prônant (LGBT and co.), de l’autre, permettre à l’aide de l’élévation de ce même mal, que puisse jaillir une fois sa chute, la lumière du Bien et le réel bonheur qu’elle apportera à l’humanité. 

C’est d’ailleurs ainsi que le Léchem répondit à sa propre question citée plus haut concernant la Providence divine. Il dit que la foi en la résurrection des morts n’est pas uniquement le fait d’avoir la certitude que D.ieu ressuscitera les défunts. Mais c’est également la foi de constater comment D.ieu agença toute la réalité qui nous paraissait alors totalement confuse vers son but originel, le choix des âmes et la souveraineté de son règne.