Pourquoi les Bné Israël ont-ils dit "Na'assé Vénichma'" alors qu'ils ne connaissaient rien de la Torah qu'on leur proposait ?

Cinquante jours après leur sortie d'Égypte, D.ieu s'adresse aux Bné Israël et leur pose la question cruciale : "Êtes-vous prêts à accepter la Torah ?" Et les enfants d'Israël de répondre immédiatement et de façon déterminée : "Na'assé Vénichma'" ("Nous ferons et nous comprendrons"). Et ce, bien qu'ils n'avaient pas vu ce qui était écrit dans cette Torah qui leur était proposée.

Il est important de comprendre la logique qui sous-tend cette déclaration ? En effet, qui achète un cheval sans lui regarder les dents ? Si l'on dit à quelqu'un : "Prenez ce livre et faites ce qui y est écrit", sera-t-il d'accord pour le faire ?

Il est connu que les Nations du monde se sont toujours moquées du comportement du peuple juif à ce propos. La Guémara dans le traité Chabbath (88, 75) l'évoque.

Un hérétique remarqua un jour que Rabba était occupé à étudier avec tant de ferveur, que du sang jaillit de son doigt (qu'il serrait sous son pied sans y penser - à l'époque on étudiait en étant assis sur le sol).

L'hérétique lui dit : Quels excités vous êtes ! Vous permettez à vos bouches de devancer vos oreilles (Vous avez devancé "Na'assé" à "Nichma'"). Et vous persistez dans votre imprudence.

Vous auriez mieux fait d'écouter d'abord et de vous demander ensuite si vous pouviez accepter ou non.

Rabba lui répondit :

Nous sommes intègres et droits. C'est de nous qu'il est écrit : "L'intégrité des hommes droits les dirige" [Proverbes 11, 3]. Et c'est de ceux qui marchent dans la voie de la perversité qu'il est écrit : "Mais les détours des méchants et des rusés causent leur ruine".

Et effectivement, on peut légitimement se demander si l'engagement des Bné Israël n'a pas été trop téméraire, trop hâtif, ou trop docile. Quand ils sont sortis d'Égypte, ils étaient plongés au 49ème degré d'impureté, et étaient donc loin de savoir ce qu'était la Émouna. Leur mode de vie était très similaire à celui des Égyptiens. Comment pouvaient-ils autant compter sur D.ieu qu'ils venaient tout juste de reconnaître ?

Cependant, nous nous posons ces questions parce que nous vivons dans une génération dans laquelle D.ieu "se dissimule" à nous, et que nous ne Le ressentons pas, contrairement à cette génération de Bné Israël qui Le percevait clairement.

Prenons l'exemple d'un père qui offre un cadeau à son fils, et dont le fils sait et reconnaît que son père ne recherche que son bien en permanence. Le fils va-t-il refuser le paquet au titre qu'il ne connait pas à l'avance son contenu et l'intérêt qu'il présente ?! Bien sûr que non ! Il recevra avec joie et gratitude le cadeau de son père aimant, sans se poser aucune question. Au contraire, s'il faisait mine d'interroger son père sur la valeur du cadeau, il se conduirait comme un imbécile.

Or, dans le cas des Bné Israël, Hachem Lui-même est descendu de Ses hauteurs pour donner à Son peuple la précieuse Torah. Comment aurait-il pu leur venir à l'esprit que ce présent n'était pas bon pour eux ?!

Certes, il est vrai que les Bné Israël avaient quitté l'Égypte depuis seulement 50 jours, et qu'auparavant ils ne savaient pas ce qu'était la Émouna. Mais pendant ce court laps de temps, et même avant cela, ils n'ont pas seulement entendu parler de D.ieu, ils ont aussi pu Le "ressentir" de façon tangible et évidente. Cela a commencé avec les dix plaies, pour lesquelles chacun d'entre eux a pu percevoir la Divine et merveilleuse Providence. Puis, il y eut la sortie d'Égypte, quand tout un peuple est sorti en l'espace d'un jour d'un pays où ils avaient été esclaves pendant des siècles, sans que personne ne les arrête. Enfin, le pic s'est dévoilé clairement à leurs yeux lors de l'ouverture de la mer Rouge, où une simple servante a pu voir ce que même les prophètes ne peuvent percevoir (Cf Rachi dans la Paracha Chémot, 15,2).

En d'autres termes, le peuple d'Israël avait alors atteint un très haut degré de prophétie dans sa relation avec D.ieu. Leur lien était direct et intime, et il n'y avait pas besoin d'un quelconque autre facteur de motivation pour donner crédit à la parole divine. C'est ce lien que les nations ne comprennent pas, à l'image de cet hérétique qui se moque de Rabba.

Il nous incombe désormais d'apprécier à sa juste valeur le cadeau que nous avons reçu de notre Père…