Rava a dit (Talmud, Traité Mo’èd Katan 28a) : « La vie, les enfants et la subsistance ne sont pas donnés en contrepartie d’un mérite, mais dépendent du destin », bien que ce soient les trois éléments les plus signifiants dans la vie d’un homme.

Rav ‘Hisda et Raba étaient tous deux de grands Sages qui ont prié pour la pluie et ont été exaucés. Pourtant, Rav ‘Hisda vécut 92 ans et Raba seulement 40 ans ! Dans le foyer de Rav ‘Hisda eurent lieu 60 fêtes et dans celui de Raba, 60 malheurs ! Chez Rav ‘Hisda, il y avait même du pain de fine fleur pour les chiens, alors que chez Raba, on ne trouvait pas même de pain noir pour nourrir les hommes !

Le Ram’hal, dans son ouvrage Da’at Tévouna, explique que le monde est dirigé de deux manières :

La première est un décret divin et échappe à notre compréhension. Même les prophètes n’ont pu en comprendre l’origine – du Ciel est distribuée à chaque âme sa part dans la réparation de la Création. La deuxième est celle basée sur le principe de récompense et de punition, en fonction des agissements de la personne.

Par exemple : il y a pauvreté et pauvreté.

Il y a une pauvreté dont la source est un décret divin, d’après le rôle imparti à l’homme avant sa venue au monde. Et il y a une pauvreté donnée comme punition pour une mauvaise conduite.

Cette sentence punitive, l’homme peut la modifier par la force de sa prière ou en se repentant de ses actes. En revanche, pour modifier une décision céleste fixée avant la naissance, l’homme doit accumuler de nombreux mérites et multiplier les prières, à l’instar de ‘Hanna, la mère de Chmouël, lorsqu’elle voulut avoir un fils.

Et quand nos Sages disent : « Le peuple d’Israël n’est pas soumis au destin », c’est en pensant aux étoiles et aux constellations qui répandent l’abondance ou la pauvreté dans le monde. A l’aide de l’étude de la Torah et des prières, le peuple d’Israël est capable de retourner la situation favorablement, car il n’est pas soumis à l’influence des étoiles et des constellations.

Cependant, certaines choses échappent à l’entendement de l’homme et s’il remarque qu’elles ne se déroulent pas comme ce qu’il attendait, il ne doit pas s’en irriter.

 

Un homme voyage en autobus et se renseigne sur les détails du voyage.

« Cet autobus a pour destination Elad », l’informe le chauffeur.

« Et quel est le prix du trajet ? », demande-t-il.

« Six chékels. »

Satisfait du coût bon marché, il s’assied et regarde par la fenêtre. Tout à coup, une vision étrange l’interpelle qui le pousse à se lever et à passer la tête par la fenêtre : il remarque que certains voyageurs descendent déjà de l’autobus en centre ville.

« Eh, vous là-bas, écoutez » crie-t-il la gorge sèche, « pourquoi descendez-vous maintenant ? Pour le même prix, vous pouvez voyager jusqu’à Elad ! »

L’un d’eux se dévoua pour répondre au nom de tous les autres : « Merci beaucoup de votre inquiétude et de votre dévouement… Toutefois, nous avons besoin maintenant d’être ici… C’est ce qu’il y a de mieux pour nous, nous n’avons pas besoin de voyager jusqu’au terminus. »

 

Ainsi est notre monde.

Un monde dans lequel certains ‘descendent’ de ‘l’autobus’ au milieu de la vie et nous leur crions, étonnés : "Pourquoi interrompez-vous votre voyage ?... N’est-ce pas dommage ?...". Ils nous répondent en souriant avec sérénité : « C’est ce qui nous convient maintenant. L’endroit où nous nous trouvons – est, pour nous, le meilleur qui soit. » 


Extrait du futur livre "Une Vie de femme, près d'Hachem", aux Editions Torah-Box