Il est rare que suite à une demande de prier pour un malade, un très grand article dans le New York Times soit publié, mais c’est exactement ce qui s’est produit avec le jeune Andrew Avraham Lévy. Il y a deux ans, des membres de sa famille en Israël avaient publié dans des forums religieux une demande de prière pour lui. Le magazine du New York Times a publié récemment un article sur le sort d’Andrew, un sort que ce journal a été obligé de qualifier de « miracle. »

Lorsqu’Andrew Lévy contracta la leucémie, ses parents avaient toutes les chances de penser que c’était le bébé le plus malchanceux au monde. La leucémie la plus répandue chez les enfants, ALL, a un taux de guérison très élevé. Mais Andrew a contracté une autre sorte de leucémie, dite AMKL, qui ne frappe que 45 enfants par an aux Etats-Unis.

Généralement, les taux de guérison sont autour de 50%. Mais le cas d’Andrew n’était pas un cas ordinaire. Au début, découvrirent les médecins, la leucémie était d’un type génétique spécial et rare, avec un taux de survie de 10%. Mais ce n’était pas tout : dans les cellules cancéreuses d’Andrew se trouvait un phénotype (structure de protéines sur une cellule cancéreuse) qui, en soi, offrait un taux de survie d’un sur dix seulement. En associant ces deux diagnostics difficiles, Andrew avait une chance sur soixante de survivre.

Les médecins s’obstinèrent à dire qu’il y avait de l’espoir, mais lorsque Dan et Esther Lévy, les parents d’Andrew, se renseignèrent sur un cas similaire où l’enfant avait guéri, aucun médecin ne réussit à trouver un cas de survie dans les registres médicaux.

Andrew eut besoin le plus rapidement possible d’une greffe de la moelle épinière. On procéda à des tests chez sa sœur âgée de trois ans, Léa, et son frère Wils, cinq ans ; ce dernier s’avéra un parfait donneur pour son frère. Pour le préparer à la greffe, Andrew eut droit à deux séances épuisantes de chimiothérapie. Mais même après ces séances, la transplantation eut lieu alors que dans son corps, il restait des traces du cancer - ce qui réduit les chances de réussite.

La famille Lévy a eu droit à l’aide de la communauté juive, que ce soit dans l’envoi de repas ou pour occuper les autres enfants. La mère ressentit cependant une grande solitude. Dan resta à la maison pour s’occuper des deux aînés, mais Esther fixa sa résidence à l’hôpital et dormit sur le canapé à côté de son fils souffrant. Elle fut réveillée à de multiples reprises par ses cris, puis elle tentait de le distraire et de lui faire oublier ses douleurs. Il hurlait si elle quittait son chevet, même pour quelques instants.

Trois mois plus tard, suite à la greffe, la situation s’était améliorée. Andrew devait encore rester sous surveillance et prendre de nombreux médicaments, mais il semblait que la greffe avait réussi. Le couple Lévy décida de ne pas retourner dans leur appartement précédent, mais d’acheter une maison privée avec une cour et un jardin dans la localité voisine. Ils estimaient que toute la famille avait besoin d’un tel environnement pour se remettre de ce traumatisme.

Mais deux mois plus tard, ils apprirent une mauvaise nouvelle. Les médecins convoquèrent Dan et Esther Lévy et leur annoncèrent que la leucémie était revenue. Le nombre des cellules cancéreuses était encore faible, mais il augmenterait rapidement. Ils proposèrent de commencer immédiatement des traitements de chimiothérapie pour préparer Andrew à une deuxième greffe de moelle épinière.

« Oh, mon D.ieu ! » s’exclama Esther. Elle avait l’impression qu’Andrew et sa famille ne résisteraient pas à cette catastrophe. Le pire, c’est que ces traitements difficiles ne donnaient pas vraiment de signe d’espoir. Les chances étaient faibles pour la première greffe de moelle épinière, mais pour cette seconde, elles étaient très proches de zéro. Quant aux souffrances d’Andrew, elles étaient inévitables…

Les parents d’Andrew prirent une décision inhabituelle. Ils ne voulurent pas envoyer leur fils à nouveau à l’hôpital pour des traitements brutaux au terme desquels il finirait, semble-t-il, par mourir. « Nous le prenons à la maison, annoncèrent-ils à l’équipe médicale sidérée. Nous voulons qu’il profite du temps qu’il lui reste à vivre. »

Dan et Esther souhaitaient offrir à Andrew quelques mois de temps de qualité au soleil et à l’air pur. Mais ces projets ne se concrétisèrent pas. Environ deux semaines après la nouvelle du retour de la maladie, ils s’installèrent dans leur nouvelle maison, et ce même jour, Andrew dut s’aliter. Il soupirait et pleurait de douleur à chaque instant où il était réveillé. Esther devait le tenir dans les bras 24 heures sur 24. Dan prit des vacances de son travail pour rester avec sa famille. Des infirmières de l’hôpital vinrent chaque jour, tentant de réduire les douleurs d’Andrew en administrant de puissants médicaments.

Un mois plus tard, l’équipe de l’hôpital annonça délicatement à la famille Lévy qu’ils devaient se préparer à la mort prochaine d’Andrew. Le petit cessa de manger. Il ne bougeait presque pas. Sa respiration était stridente, et son teint pâle était connu de l’équipe médicale : ils avaient vu beaucoup d’enfants sur le point de mourir dont la physionomie était semblable.

La famille Lévy essaya de digérer cette nouvelle terrible, arrivée si vite. Ils appelèrent un Rav et achetèrent pour Andrew une place au cimetière juif. Ils acquirent également des tombes pour eux-mêmes : ils ne souhaitaient pas qu’Andrew soit enterré seul. Ils se mirent à œuvrer pour la création d’un fonds de Tsédaka au souvenir d’Andrew. Ils expliquèrent à leurs enfants que malheureusement, le traitement n’avait pas réussi et qu’Andrew était sur le point de mourir.

Le mois d’août, après un mois d’attente, quelque chose de bizarre se produisit. Esther qualifie cette période de « Fata Morgana. » Alors qu’il est couché dans ses bras, tel une statue, Andrew se relève subitement et lance une balle posée à côté de lui. Une autre fois, il rit en entendant une blague racontée par sa sœur Léa. Un jour, il est assis et joue à un jeu pendant dix minutes. Progressivement, ces épisodes commencent à se prolonger. Les parents se sentent impuissants au départ, persuadés que ce sont les derniers éclairs de vie avant l’inévitable fin, les éclairs qui ne font qu’augmenter leur torture morale.

Mais lorsque ces moments ont commencé à devenir plus fréquents et à se prolonger, ils se mettent à filmer leur enfant et à envoyer des clips à l’équipe médicale. « Andrew mange une pizza », « Andrew est assis et joue », « Andrew rit. » Les médecins avaient du mal à croire ce qu’ils voyaient.

Un mois après avoir annoncé la mort imminente d’Andrew, les médecins tentèrent de comprendre ce qui s’était passé. Ils arrivèrent à la conclusion que le mois précédent, Andrew n’avait pas encore commencé à agoniser du cancer, il avait souffert d’une grave infection. Il se remettait présentement de son infection, d’où la raison de l’amélioration de son état de santé. En parallèle, les cellules cancéreuses continuaient à proliférer. Malgré tout, comme son état était meilleur, l’équipe médicale proposa aux parents d’accompagner Andrew à l’hôpital pour qu’il reçoive une transfusion, pour éviter au moins qu’il ne meure de saignements.

Dan et Esther acceptèrent, mais à leur arrivée à l’hôpital avec Andrew, une surprise les y attendait. Un test effectué le même jour révélait que le nombre de plaquettes dans le sang d’Andrew avait monté, sans aucune explication.

Le mois suivant, Andrew se remit à marcher, ses cheveux à repousser, il était redevenu un petit enfant joyeux et agité. Lorsqu’il fêta son second anniversaire, en bonne santé comme il ne l’avait pas été pendant toute l’année précédente, les médecins décidèrent que le temps était venu de vérifier à nouveau sa moelle épinière.

Dr Michael Logan, le médecin qui avait effectué les examens de laboratoire sur le sang d’Andrew au début de la maladie, et avait découvert le peu de chances de survie qu’il avait, analysa à présent sa moelle épinière. Il n’en crut pas ses yeux : le cancer avait totalement disparu. Il n’en restait aucune trace.

Comment était-ce possible ? « Cela ressemble à un miracle » admit la femme médecin qui avait effectué la greffe. « C’est contraire à tous nos pronostics - je suppose que c’est la définition d’un miracle. »

Ce miracle avait une explication scientifique, non moins miraculeuse. L’infection qui avait failli emporter Andrew au mois de juillet, expliquèrent les médecins, provoqua la création d’un nombre énorme de globules blancs. Andrew possédait un système immunitaire tout nouveau grâce à la greffe de la moelle épinière de son frère : les cellules cancéreuses ne l’avaient pas encore affaibli. La réaction immunitaire à l’infection élimina celle-ci - et en passant, élimina également les cellules cancéreuses, qui n’avaient pas encore eu le temps de se multiplier.

Cela n’enlève rien du miracle. Si l’infection était survenue plus tard, le cancer se serait déjà trop étendu pour disparaître. Si elle avait frappé plus tôt, le nouveau système immunitaire n’aurait pas encore été prêt. Et le plus important : le miracle n’aurait pas eu lieu si Dan et Esther ne s’étaient pas entêtés à éviter à Andrew d’autres séances de chimiothérapie. La chimiothérapie aurait de suite détruit les cellules saines et fortes, éliminant toutes les chances de celles-ci de faire disparaître le cancer.

« J’ai le sentiment que parmi tous les gens malchanceux au monde, c’est nous qui avons eu le plus de chance », a déclaré Esther Lévy. La famille vit encore sous pression. Les deux premières années suivant la greffe de la moelle épinière sont les plus critiques, et dans le cas d’Andrew, à peine un an s’est écoulé. Sa famille demande à poursuivre les prières pour la guérison d’Andrew Avraham ben Esther, pour que son miracle se poursuive.