J’ai reçu récemment deux lettres qui se concentrent sur des tensions entre enfants et beaux-parents. La première lettre décrivait une famille chaleureuse dans laquelle tous les frères et sœurs s’entendent bien et sont très affectueux et respectueux envers leur mère âgée. La mère, écrivent-ils, est une gentille grand-mère qui traite chaque membre de la famille avec beaucoup d’amour. Tout le monde l’apprécie, à l’exception d’une belle-fille qui l’ignore constamment au point même de la snober aux fêtes de famille. Cette attitude peine profondément la mère et le reste de la famille. Personne ne comprend pourquoi elle est si froide envers sa belle-mère, qui en dépit du manque de réciprocité, fait toujours le maximum pour être aimable. Les frères et sœurs ont abordé le sujet avec leur frère (mari de la belle-fille), mais il a refusé de se mêler par peur de mettre son Chalom Bayit, son entente conjugale, en péril.

La seconde lettre est également centrée sur ce type de problème. Dans ce cas néanmoins, le gendre est distant et la belle-mère est l’auteure de la lettre. Il apparaît que ce jeune homme, marié depuis deux ans et père d’une petite fille de six mois, est très antipathique envers la famille de son épouse. La belle-mère écrit que ses parents sont d’origine hongroise et que dans sa famille, la chaleur, l’amour et le respect régnaient toujours entre les générations. Les enfants appelaient toujours les parents et grands-parents pour souhaiter un bon Chabbath ou une bonne fête. Les petits-enfants ne partaient jamais en colonie de vacances sans dire au revoir à leurs grands parents. Lorsque les grands-parents venaient en visite, toute la famille accourait pour les accueillir et leur rendre le Kavod, l’honneur dû. Mais ce gendre ne téléphone pas la veille de Chabbath et ne l’accueille pas chaleureusement lorsqu’elle vient en visite. Elle écrit qu’elle ne veut pas perturber le Chalom Bayit de sa fille, mais elle se sent très blessée et surtout, est très soucieuse pour le bébé et les enfants qui suivront si leur père donne cet exemple. Elle dit qu’elle connaît beaucoup de jeunes gens qui n’ont jamais changé d’attitude malgré le passage du temps. Comment réagir ?

Chers amis,

Contrairement à la mentalité américaine qui recommande de se tenir à distance, la Torah nous enseigne que nous sommes tous responsables les uns des autres, et nous sommes certainement responsables des membres de notre famille. Si nous relevons une attitude antithétique à la Torah (et la profanation du cinquième commandement - honorer les parents entre certainement dans cette catégorie), nous ne pouvons nous permettre de garder le silence, il faut chercher à rectifier la situation et à aider les parties concernées.

Nous trouvons tout dans les écrits de nos Sages. Dans chaque situation, la Paracha de la semaine nous offre des réponses. Nous sommes actuellement à la Paracha de Dévarim, dans laquelle Moché Rabbénou réprimande le peuple et nous enseigne comment communiquer des critiques sans offenser, blesser ou embarrasser - un défi de taille, bien sûr, mais qu’il nous faut maîtriser.

Lorsqu’il réprimanda le peuple, il s’adressa à Kol Israël, à chaque Juif, nous enseignant qu’il a critiqué le peuple directement - devant eux. Mais lorsqu’il vint à parler du peuple à Hachem, il fut leur plus grand défenseur. Alors plutôt que d’aborder ce sujet avec d’autres membres de la famille, il vaut mieux se rendre directement auprès de la personne avec laquelle on a est en conflit. Impliquer les époux dans une telle conversation pourrait non seulement perturber leur Chalom Bayit, mais peut également s’avérer très destructeur, car il est très douloureux pour quelqu’un de sentir que la famille est mécontente de son époux/se.

La personne qui émet la critique doit véritablement aimer l’individu qu’elle réprimande. Comme il est écrit : « Ne hais point ton frère en ton cœur: reprends ton prochain. » (Vayikra 19 :17) : à savoir que si vous reprenez quelqu’un, vous ne pouvez avoir de ressentiment, mais vous devez avoir un sentiment d’affection envers eux. Moché Rabbénou non seulement aimait le peuple qu’il réprimandait, mais au milieu de ses remontrances, il les bénit et surtout, ses critiques n’ont été énoncées que par allusion et jamais explicitement, pour éviter d’éveille la honte chez ses interlocuteurs.

Il existe une histoire remarquable histoire sur l’illustre sage, Rabbi Eliyahou Lopian, qui avait réprimandé l’un de ses disciples pour rien. Lorsqu’il constata qu’il n’avait pas réussi, il s’excusa auprès du jeune homme et dit : « La seule raison pour laquelle je t’ai critiqué est parce que je me préoccupe sincèrement de toi et j’espérais pouvoir t’inspirer, mais je constate que je n’ai pas réussi à te toucher, et donc je t’ai certainement fait de la peine pour rien, et à ce titre, je m’excuse. »

Lorsque l’élève entendit ces propos humbles et authentiques du Sage, il en fut énormément affecté et il changea du tout au tout.

En conséquence, l’amour et l’humilité sont les conditions préalables pour formuler des critiques. Ceci dit, voyons comment appliquer cet enseignement à votre situation.
Comme je l’ai précisé plus tôt, il serait recommandé pour ceux impliqués directement de résoudre l’affaire. Dans le cas de la belle-mère ignorée par son gendre, je préconise qu’elle lui fasse elle-même signe. Elle doit lui assurer qu’elle l’aime comme un fils, qu’elle est fière de l’avoir dans la famille, et qu’il serait tellement important pour elle de pouvoir entrer dans Chabbath en ayant eu l’opportunité de lui souhaiter Chabbath Chalom et elle lui serait infiniment reconnaissante d’un appel de sa part, mais si c’est difficile, elle sera heureuse de lui téléphoner s’il lui indique l’heure qui lui convient le plus. Il devrait comprendre le message et se proposer de l’appeler, mais dans le cas contraire, la mère doit appeler jusqu’à ce qu’il apprenne, par son exemple, à quoi les relations de famille doivent ressembler. Dans tous les cas, la fille/épouse doit être tenue à l’écart de cette affaire. Elle serait peinée de savoir que son mari n’a pas été agréable avec sa mère.

Quand à la belle-fille qui snobe sa gentille belle-mère âgée, là aussi, une approche directe est préférable. La belle-mère doit parler à la jeune femme et lui expliquer à quel point elle souhaite avoir une relation avec elle. Si néanmoins, elle ne se sent pas le courage pour une telle confrontation, il faudra désigner la personne qui a la meilleure relation possible avec elle pour lui parler. Elle doit lui dire à quel point la mère l’aime et qu’elle ne le réalise probablement pas, mais très souvent, elle donne le sentiment de ne pas réciproquer cet amour. Elle doit lui expliquer qu’elle ne vise pas intentionnellement à blesser sa belle-mère mais que parfois, nous envoyons le mauvais message par inadvertance, et ce serait un véritable acte de bonté si elle pouvait faire le maximum pour montrer à la mère plus de respect et d’amour.

Note au gendre et à la belle-fille : si vous lisez cet article, ne vous imaginez pas que je recommande aux membres de votre famille de vous avoir par des discours séduisants. Je peux vous assurer que vos belles-mères se soucient de vous et souhaitent réellement développer une relation avec vous. Demandez-vous ce que votre belle-mère vous demande : de l’argent, des cadeaux ou une relation chaleureuse et affectueuse ? Tant de gens n’ont pas de famille et feraient tout pour avoir quelqu’un dans leur vie qui se soucie d’eux. Et surtout, je sais qu’en tant que Juifs respectueux de la Torah, vous souhaitez être scrupuleux dans votre respect de la Mitsva d’honorer les parents.

Quand vous lirez cet article, Ticha Béav sera passé, mais tragiquement, la faute responsable de Ticha Béav, la haine, l’animosité et la rancœur entre Juifs n’est pas passée. Chaque génération qui ne reconstruit par le saint Temple est considérée comme si elle l’avait détruit : à savoir que tragiquement, la faute qui a engendré la destruction du Beth Hamikdach sévit encore. Nous ne sommes pas en mesure de contrôler la dynamique de notre peuple ou la situation du monde, mais nous pouvons tenter de contrôler la dynamique de notre vie de famille, et si nous nous conduisons avec amour, ces bonnes énergies se déverseront sur toute notre famille, notre peuple et le monde entier. Ainsi, nous poserons la première pierre de la reconstruction du Beth Hamikdach. Puissions-nous y assister rapidement et de nos jours.