Le ’Hinoukh consiste à habituer l’enfant à une bonne conduite en vue qu’il la conserve même lorsqu’il ne sera plus sous la tutelle de ses parents. Concrètement, cela implique de lui faire intérioriser l’importance de son acte, qui n’était initialement pas naturel. Soit l’encourager, en lui donnant un bon sentiment d’avoir agi ainsi. Par cela, l’enfant est fier de lui, et désire persévérer, jusqu’à ce que cette conduite devienne naturelle, c.-à-d. qu’il soit satisfait de lui-même de se conduire de la sorte.

Cette définition implique plusieurs directives.

1. Tout d’abord, l’encouragement doit être sincère. Il doit être fondé sur une performance réelle. L’éducateur, qui voit plus loin que l’enfant, est lui-même convaincu de la grandeur de l’acte du petit, et lui communique de ce fait sa joie de le voir évoluer ainsi. Il n’est en aucun cas question de mentir à l’enfant en lui donnant un bon sentiment sur un geste qu’il n’a pas produit, ou sur une vertu qu’il n’a pas. L’enfant sentira que l’adulte se moque de lui, et ne lui fera plus confiance. Lorsque ce parent l’encouragera ensuite sur un point réel, l’enfant refusera de l’écouter, et ne supportera plus qu’on le vante sur quoi que ce soit, estimant qu’on essaye juste de le flatter.2. Ensuite, on n’encourage pas un enfant sur une vertu, mais sur un fait. Puisque le but de l’encouragement est de le motiver à persévérer dans ses efforts, il n’y a pas lieu de vanter ses acquis qu’il connaît. Cela ne lui ajoutera aucune envie de redoubler d’investissement. Par ex. si un enfant rapporte une excellente note, il faut le féliciter de ses efforts, afin qu’il s’investisse davantage dans son étude. Alors que le vanter sur ses capacités peut entraîner une conséquence néfaste, qu’il se sente trop sûr de lui et ne révise plus ses leçons. Une exception : lorsque l’enfant manque de confiance en lui. Il sera dans ce cas possible de lui faire remarquer qu’il a les capacités de réussir. Mais là aussi, on ne parviendra concrètement à le faire avancer qu’en lui démontrant par l’intermédiaire d’un fait réel qu’il peut réussir parce qu’il en a déjà fait la preuve.

 

3. L’encouragement doit être pur, sans un brin de critique. Par ex. ‘Bravo, tu vois que quand tu veux tu peux’. En effet, l’encourager a pour but de donner à l’enfant une bonne sensation de l’acte qu’il a fait. Ce n’est pas le moment de lui gâcher sa satisfaction en lui exprimant une quelconque déception antérieure. Il faut uniquement trouver les mots gentils pour toucher son cœur, et les exprimer avec douceur et sincérité.
 

Dans le même ordre d’idée, il est interdit d’utiliser l’encouragement pour obtenir de lui un autre bon geste. L’enfant [comme l’adulte] est paresseux de nature et n’a aucune envie d’être dérangé une autre fois. L’encouragement perdra de ce fait son effet. De plus, l’enfant l’interprètera comme une flatterie vicieuse, ayant pour but de l’asservir. A la longue, il deviendra méfiant et ne supportera plus aucun encouragement. Autrement dit, il ne sera plus possible de l’éduquer !
 

On ne mettra jamais en exergue une vertu qui l’a motivé à agir. Par ex. si le petit frère veut lui arracher des mains le jeu avec lequel il joue et que le grand lui cède, on ne le félicitera pas pour sa gentillesse ou ‘responsabilité’. Peut-être lui en veut-il en réalité à mourir, mais connaît-il la sale manie de ses parents de toujours remettre la faute sur lui, même lorsqu’il est dans son droit, et a donc préféré céder directement, sans avoir droit en sus à un super speech ! Précisons que si on interprète mal son acte, l’encouragement peut s’avérer dramatique, car il remue davantage le couteau dans la plaie. On ne pourra donc vanter que la partie dévoilée de son acte, et même y mêler notre propre satisfaction. Soit, pour continuer l’ex.: ‘Je te remercie d’avoir évité une dispute. Si tu savais le plaisir que tu me procures d’avoir évité des cris supplémentaires !’

L’encouragement sera d’autant plus réussi si on soulève l’aspect difficile de sa concession – sans toutefois l’établir comme une évidence, puisqu’on ne connaît pas la vraie motivation. Par ex. ‘Personnellement, j’aurai eu du mal à concéder à ta place, car c’est toi qui l’avais en premier !’