Dans la Parachat Kedochim, la Torah nous enjoint de nous conduire selon la morale du peuple juif dont le principe de base est "Tu aimeras ton prochain comme toi même“.

L'une des expressions concrètes de cet amour du prochain s'exprime par la phrase citée en titre : "Tu te lèveras devant la vieillesse et tu honoreras l'ancien". Il s'agit ici de la Mitsva d'honorer les personnes âgées. Toutefois nos Sages nous enseignent que le mot Zaken est utilisé dans nombres de passages pour signifier "Zé Chékana 'Hohma", c'est à dire celui qui a acquis la Sagesse. Le sens littéral n'est jamais à rejeter comme nous le rappelle Rachi tout au long de son commentaire, toutefois il faut se demander pourquoi la Torah met en parallèle Séva : la vieillesse et Zaken : l'ancien, le Talmid 'Hakham.

Le Keli Yakar explique ce passage en disant que le vieillard et le sage ont tous deux, quoique très différemment, acquis une connaissance des choses et de la vie qui doit inspirer le respect de leur entourage. En effet, le Talmid 'Ha'ham a étudié en profondeur la Torah et ses commentaires, il est imbibé de la pensée qui s'y trouve, il a acquis la sagesse.

Quant au vieillard, il a vécu de longues années, il a vu et découvert bien des secrets de la vie, il en a tiré des réflexions et des conclusions logiques et justes, lui aussi a acquis la sagesse.

Ici l'expérience a formé l'homme, là c'est la Torah. En conséquence nous avons le devoir de respecter l'un comme l'autre, et les parents veilleront à inculquer le principe ainsi que la pratique de cette Mitsva à leurs enfants : on laisse sa place à un Talmid 'Hakham et à une personne âgée, on l'aborde avec respect et considération, on se lève devant lui, on se met à son service le cas échéant etc…

En fait, la notion de Kibboud Horim, de respect des parents, que ceux-ci ont le devoir d'inculquer à leurs enfants, permettra à ces derniers de pratiquer aussi naturellement leurs obligations envers les Rabbanim et les personnes âgées. De plus, la conduite des adultes dans ce domaine servira d'exemple aux plus jeunes, première condition pour la bonne application des Hala'hot dans tous les domaines.

Evidemment, il peut toutefois se trouver que les personnes du "troisième âge" ne donnent absolument pas l'impression de déborder de sagesse. Il y a ceux qui n'ont pas su tirer des leçons positives de leur vie, ou ceux qui, malheureusement, ont perdu, avec l'âge, les capacités qu'elles avaient avant. Toutefois le devoir de les respecter n'est pas moins présent puisque la Torah nous l'enjoint sans conditions. On pourra alors expliquer aux enfants que ces personnes ont eu leur moment de grandeur, ont fait de belles choses dans leur vie, que le fait d'être à présent diminués n'enlève rien à la valeur de leur vécu, et que, quoiqu'il en soit, leur âge doit nous inspirer le respect.

Lorsqu'il s'agit de grands-parents, on pourra leur montrer combien l'on est redevable à ceux qui nous ont mis au monde, combien ils se sont dévoués pour nous, combien d'estime on éprouve envers eux. Nous avons aussi bénéficié de leurs prières grâce auxquelles le Ciel nous a aidé sur la bonne voie. Combien de grands-mères se sont elles mises à faire leur trois Téfilot chaque jour en mentionnant particulièrement tel petit fils en difficultés à l'école ou à la Yéchiva, telle petit fille en quête de Chidou'h ou sur le point d'accoucher ! Leur disponibilité rend les anciens plus proches de la concentration et du temps consacré à la prière, ce sont souvent eux qui nous ont fait mériter l'aide du Ciel….

A chacun de chercher dans le cas précis les moyens de mettre en valeur ceux à qui l'on doit du respect. Par contre il ne faudra jamais admettre les moqueries, la dénigration, le mépris ni les critiques. Il est tout aussi important de travailler dans ce domaine que dans celui de la Téfila ou de la Chemirat Halachon, pour ne donner que quelques exemples. Dans la mesure où les adultes travailleront cette Mitsva, il est certain que cela influencera les jeunes qui s'y éveilleront à leur tour.

Rabbanite BAMBERGER (Jérusalem)