Aujourd’hui, le développement personnel est à la mode : livres, coachings, formations, influenceurs… On nous explique comment avoir confiance en soi, comment trouver son “vrai moi”, comme si s’épanouir était aussi simple que commander un nouveau pull sur Amazon Prime. Mais derrière toutes ces méthodes, les promesses sont souvent éphémères : ce qui est à la mode aujourd’hui sera oublié demain, voire remis en cause dans quelques années. Alors pourquoi chercher midi à quatorze heures quand nous avons entre nos mains un trésor éternel ? La Torah…

Une Torah qui ne promet pas des miracles en trois clics, mais qui nous apprend à voir notre vie, nos émotions, nos défis avec un regard vrai et profond, en comprenant ce qu’Hachem attend réellement de nous. C’est ce regard que nous avons choisi de mettre en lumière à travers cette série d’articles de développement personnel, inspirée du Or’hot Tsadikim, l’un des ouvrages de référence sur le raffinement des Middot (traits de caractère).

En hébreu, il n’existe pas de mots distincts pour dire “qualité” ou “défaut”. Les deux sont désignés par le même terme : “Midda”, qui signifie mesure. Lorsqu’il s’agit d’une qualité, on parle de Midda Tova, une bonne mesure, et d’une Midda Ra’a pour un défaut, une mauvaise mesure. Cela en dit long sur la vision du caractère humain selon la Torah. Le judaïsme ne propose pas une vision manichéenne du monde, où il y aurait d’un côté les bons et de l’autre, les méchants. Chaque Midda, chaque trait de caractère, n’est ni entièrement bon ni entièrement mauvais. Tout dépend de la manière dont nous l’utilisons. Même dans le travail sur soi, tout est affaire de subtilité, de nuance, de mesure.

Par exemple, se mettre en colère est un défaut, la plupart du temps. Pourtant, il existe des situations où la colère est justifiée, notamment pour défendre l’honneur de la Torah. Tout est une question de dosage. De même, faire du bien autour de soi est une merveilleuse chose, mais il arrive qu’il faille savoir restreindre sa générosité, et apprendre à donner de manière réfléchie.

Le Or’hot Tsadikim consacre à chaque Midda un chapitre entier. À travers des descriptions exhaustives des dérivés de chaque Midda, il nous enseigne comment canaliser nos émotions, les écouter sans les étouffer, et les orienter pour servir le bien et accomplir la volonté de notre Créateur.

Travailler sur son caractère, chez les Juifs, ce n’est pas une option ni une mode, c’est tout simplement le programme d’une vie. C’est la clé du véritable bonheur, ce qu’on appelle en hébreu la Avodat Hamiddot.

C’est ce que nous faisons, consciemment ou pas, chaque fois que nous essayons de garder notre calme quand notre enfant pleure au milieu du salon alors que nous sommes déjà à bout de forces. Chaque fois que nous combattons cette petite pointe d’envie en voyant la réussite d’une amie, et que nous choisissons de nous réjouir sincèrement pour elle. Chaque fois que nous résistons à la tentation de dire “c’est bon, je suis comme ça, on ne se refait pas”, et que nous nous souvenons que, dans la vision juive, on ne cesse jamais de grandir.

La Torah nous rappelle une idée fondamentale : ne jamais croire que l’on est arrivé, qu’il est inutile de continuer à travailler sur soi. Même si aujourd’hui vous pensez être devenue super zen, ce n’est pas un acquis, il faut continuer à être vigilante et ne pas se reposer sur ses lauriers. “Ne crois jamais en toi jusqu’au jour de ta mort” (Pirké Avot 2:4), enseignent nos Sages. Le travail sur soi est une construction permanente, un combat continu, mais qui apporte une satisfaction profonde.

À travers ces articles, nous irons explorer ensemble chaque Midda, en essayant de l’ancrer dans notre réalité quotidienne. Pas de grandes théories abstraites, mais des exemples vivants, tirés de nos journées bien remplies, avec leur fatigue, leurs élans, leurs défis. Parce que c’est là, dans la vraie vie, entre les courses, les enfants, les amies, que notre véritable grandeur se construit.

Le  véritable développement personnel, celui qui transforme vraiment, celui qui libère, commence au moment où l’on décide de voir le monde à travers un prisme résolument juif, pour accomplir ce qu’Hachem attend de nous, réaliser notre potentiel et devenir – mais cette fois pour de vrai – la meilleure version de nous-mêmes…

À la semaine prochaine !