Ah, l’amour ! Sûrement le thème qui a fait couler le plus d’encre depuis la nuit des temps. Chansons, romans, poèmes… À travers les siècles, les artistes ont tenté de décrire ce sentiment d’attraction envers l’autre, ce tourbillon qui nous remplit de joie ou nous fait souffrir. Je t’aime, tu m’aimes, lalalalalala… Mais si je vous disais que, bien souvent, l’amour tel qu’on l’entend n’est pas le véritable amour selon la Torah ? Si je vous disais que l’amour n’est pas un simple sentiment, et qu’on peut donc choisir d’aimer ? Voyons cela de plus près…
Qu’entend-on par amour ?
Tout d’abord, il est essentiel de distinguer la passion de l’amour. Je pense que tout le monde en a conscience : on n’aime pas de la même manière un époux avec qui on a partagé des moments clés – naissances, déménagements, soucis d’école… – et une jeune fiancée qui ne voit en son futur mari qu’un prince charmant. D’ailleurs, la Torah nous enseigne que l’amour véritable se construit avec le temps. Il est écrit à propos d’Its’hak et Rivka :“Its’hak la fit entrer dans la tente de sa mère Sarah, il prit Rivka pour épouse, et il l’aima.” (Genèse 24:67) Ce verset souligne un point fondamental : Its’hak a aimé Rivka après leur mariage, et non avant. L’amour véritable ne précède pas l’engagement, il en découle.
Pourtant, même si, en théorie, chacun sait que l’amour se construit, le taux de divorce n’a jamais été aussi élevé. Le phénomène des “mariages Kleenex”, autrefois réservé aux stars hollywoodiennes, touche aujourd’hui un nombre croissant de personnes.
Aimer n’est pas un état passif
Autre point fondamental : la société moderne nous a vendu l’amour comme un état passif. Passif, cela signifie que les gens s’attendent à ce que l’amour leur tombe dessus. D’ailleurs, qu’entend-on souvent lorsque des personnes souhaitent se séparer ? Il n’y a plus d’amour entre nous. On parle de l’amour comme d’un réservoir qui peut se vider et qu’on n’a pas la possibilité de remplir à nouveau. Là aussi, cette vision est aux antipodes d’une démarche juive. Autre exemple de cette vision passive de l’amour : la princesse attend son prince charmant. Vous allez sûrement sourire, mais Disney est responsable de bon nombre de problèmes de couples, tant il a formaté les cerveaux de millions de jeunes filles.
En fait, selon le Or’hot Tsadikim, l’amour n’est pas un sentiment, c’est une Midda, un trait de caractère que l’on peut doser. Ah bon ? Mais pourtant, quand on aime, on a le cœur qui bat fort, on a des papillons dans le ventre… En réalité, l’erreur est de croire que l’amour se résume à ces sensations. Les papillons sont comme la décoration d’un beau gâteau : si vous n’avez pas de gâteau, les décorations n’ont pas lieu d’être. Et les décorations sont un plus, pas une condition sine qua non. On peut toujours les rajouter une fois l’amour bien établi. Nous avons la possibilité d’“activer” l’amour, de le réenchanter, de le provoquer pour faire venir toutes les émotions qui l’entourent.
Par exemple : quand vous vous préparez un café, vous pensez à en faire un pour votre conjoint, vous envoyez un petit message gentil à votre fille avant son examen, etc.
Aimer, ce n’est pas attendre de l’autre
Une autre idée erronée, c’est de croire que l’on aime l’autre pour ce qu’il nous apporte. Bien sûr, si on pose la question “Aimez-vous votre conjoint parce qu’il vous apporte du soutien, du réconfort, des compliments ?”, personne n’aura l’honnêteté de répondre oui. Mais au fond, nous savons bien que, bien souvent, nos relations sont construites autour de cet “échange de bons procédés”. Tant que le mari gagne bien sa vie, qu’il est en bonne santé, qu’il emmène sa femme au restaurant, l’amour est au beau fixe. Mais que se passe-t-il au moment des secousses ? Les conjoints s'aiment-ils autant ?
La société moderne nous a vendu une conception de l’amour erronée : j’aime que l’autre comble mes besoins. Or, on ne peut donc pas construire l’amour sur la base de ce que l’autre m’apporte.
Comment aimer ?
Alors maintenant que nous avons compris que l’amour se construit, que l’amour n’est pas un état passif, que l’amour ne consiste pas à prendre de l’autre, vous vous demandez sûrement : comment aimer véritablement ?
En réalité, pour aimer, il faut donner, selon Rav Dessler. Et donner sans attendre de retour de la part de l’autre. Le mot Ahava (amour en hébreu) est un verbe qui signifie “je donne”. Et c’est là que réside la formule gagnante : l’amour est un état actif. On donne, on agit pour l’autre. On ne dépend pas de lui, on est acteur de son amour. Par des actions régulières, on bâtit un édifice. Et cet amour, c’est la somme de ces actes de don qui vont construire le donneur et faire de lui une personne aimante. Petit bonus : selon le Or’hot Tsadikim, dans le Cha’ar Ha’anava, en citant Michlé, il est expliqué que les actes d’un véritable donneur sont agréés par le Ciel. Hachem veille alors à ce que cette personne soit appréciée de tous, même de ses ennemis. En somme, l’amour viendra à lui automatiquement.
Alors vous l’aurez compris : aimer, c’est entre vos mains ! L’amour est un choix qu’on nourrit chaque jour en donnant et en construisant ensemble.





