Question d'une internaute : Bonjour, j’ai trois enfants de 8, 6 et 3 ans. Honnêtement, j’ai beaucoup de mal à m’épanouir dans mon rôle de maman. J’ai souvent l’impression que ce ne sont que des tâches à enchaîner, sans grande valorisation. On nous répète sans cesse que c’est “le rôle de la femme”, mais moi je ressens surtout de la fatigue, et parfois même de l’oppression. À vrai dire, je me sens plus épanouie à l’extérieur, dans mon travail, où j’ai de la liberté et où je peux gérer mon planning. À la maison, au contraire, j’ai l’impression d’être enchaînée. Alors je me demande : comment trouver du plaisir dans la maternité au quotidien ? Est-ce que certaines femmes sont naturellement plus faites pour ça que d’autres ? Et surtout, comment arriver à se reconnaître et à s’épanouir dans ce rôle si exigeant ?
La réponse de Mme Nathalie Seyman
Tout d’abord, merci et bravo pour votre appel à l’aide qui devrait aider beaucoup de femmes ! On parle souvent de la maternité comme d’un rôle naturel, presque instinctif, qui devrait combler chaque femme. Mais la réalité est bien plus nuancée : entre les tâches répétitives, la fatigue et parfois même un sentiment d’oppression, beaucoup de mères peinent à s’y reconnaître pleinement. Et ce n’est pas une preuve de manque d’amour ou d’incompétence ; c’est juste une preuve d’humanité. Dans la Torah, la femme (comme l’homme) est créée à l’image d’Hachem et sa valeur ne se limite pas donc pas seulement à son rôle de maman. La maternité est une facette importante de son identité, mais elle ne doit pas effacer les autres dimensions de sa personne. C’est pourquoi il est essentiel de déconstruire l’idée de la “mère parfaite”, pour comprendre qu’il existe mille façons d’être une bonne mère. Ensuite, de réfléchir à ce qui peut rendre la maternité plus vivable, plus douce, en respectant sa personnalité et ses besoins. Enfin, d’explorer des pistes très concrètes pour s’épanouir dans ce rôle exigeant sans s’oublier soi-même.
Être une bonne mère, ce n’est pas être une mère parfaite
La maternité est souvent présentée comme un rôle qui devrait combler une femme naturellement, mais la réalité est bien plus nuancée. Être maman, ce n’est pas seulement donner de l’amour et recevoir de l’amour : c’est aussi beaucoup de tâches répétitives, d’agacements, de fatigue, parfois même de solitude. Être mère, c’est non seulement un travail à plein temps mais en plus un rôle exigeant ! Donc ressentir de l’oppression ou de la lassitude ne veut pas dire que vous aimez moins vos enfants ou moins votre rôle de mère ! Un grand avocat ou un grand médecin, par exemple, même s’il aime de tout cœur son métier et qu’il l’a choisi, bien sûr qu’il ressentira, malgré les nombreuses satisfactions qu’il en retirera de son travail, du stress, de la fatigue, de la lassitude… C’est humain et c’est le contraire qui n’est pas logique. Même si cela reste tabou encore aujourd’hui de se “plaindre” de la maternité, cela ne veut pas moins dire que ce sentiment n’existe pas !
En réalité, s’épanouir dans son rôle de mère dépend vraiment de nous-même, de notre identité, de notre personnalité et de la façon dont nous allons adapter ce que nous sommes à ce rôle.
Il n’existe pas une “bonne mère” universelle. Chaque femme vit sa maternité à sa façon, selon sa personnalité, son histoire et ses besoins. Certaines trouvent beaucoup d’épanouissement dans le quotidien avec les enfants, d’autres dans leur travail ou dans un équilibre entre les deux. Aucune manière n’est plus valable qu’une autre.
Ce qui compte, ce n’est pas d’être parfaite, mais d’être présente, authentique et aimante — de ne vouloir que le bien de ses enfants tout en préservant aussi son espace personnel. Vous avez le droit d’aimer votre travail, de chercher des moments à vous, et de ne pas être comblée par la maternité à chaque instant. Vos enfants ne gagnent pas d’avoir une maman qui s’oublie, mais une maman qui sait aussi se ressourcer.
La maternité peut devenir plus douce si on ne s’impose pas toute la pression que l’on voudrait se mettre et si on accepte qu’elle n’a pas besoin d’être une source de bonheur permanent, mais qu’elle peut s’inscrire dans un équilibre plus large : entre le rôle de maman, celui de femme, et celui de professionnelle. C’est dans cet équilibre que vous pouvez trouver votre propre chemin.
Un mère parfaite c’est une mère aimante, présente et bienveillante, et surtout pas parfaite.
Comment s’épanouir autour de la maternité ?
La maternité est une expérience riche, mais aussi complexe. Elle confronte chaque femme à des attentes sociales, familiales et intérieures qui peuvent parfois étouffer son propre ressenti. Beaucoup de mères oscillent entre amour profond pour leurs enfants et impression de s’oublier derrière des tâches répétitives et des responsabilités constantes.
D’après ce que vous décrivez, ce qui semble freiner votre épanouissement est principalement le sentiment d’être enfermée dans un rôle contraint, où les tâches domestiques et parentales prennent toute la place, laissant peu d’espace à vos désirs et votre liberté. Vous ressentez la maternité davantage comme une succession d'obligations, plutôt que comme un moment de plaisir ou de satisfaction personnelle. Ce décalage entre ce que vous êtes et ce que l’on attend de vous provoque fatigue, frustration et parfois sentiment d’oppression.
En psychologie, on distingue souvent le rôle imposé et l’identité choisie. Le rôle de mère vient avec ses obligations (nourrir, protéger, éduquer) mais l’identité maternelle, elle, se construit de manière unique. Certaines femmes trouvent leur épanouissement dans le quotidien domestique, d’autres dans un équilibre entre maternité et vie professionnelle, passions ou loisirs. Quand cet équilibre est rompu, le ressenti peut être négatif, comme vous le décrivez.
S’épanouir dans la maternité ne signifie donc pas aimer chaque instant ni trouver du plaisir dans toutes les tâches, mais donner du sens à ce rôle en l’intégrant dans un équilibre plus large : celui de la femme, de l’épouse, de la professionnelle, de l’individu.
On ne fait pas entrer un rond dans un trou carré : n’essayez pas de coller à une image qui ne vous correspond pas ! Créez votre propre personnalité de mère, la constante étant d’être aimante et de transmettre. Et pour cela, il va falloir intégrer quelques règles comme :
- Se déculpabiliser : accepter que la “mère parfaite” n’existe pas et que vos enfants ont besoin d’une maman réelle, pas d’un idéal.
- Redonner de la valeur aux petits moments : identifier les instants de connexion (un sourire, une histoire du soir, une confidence) qui font sens au-delà des contraintes.
- Préserver son espace personnel : garder des activités à soi (travail, loisirs, temps de repos) n’est pas un luxe, mais une nécessité pour rester une mère disponible émotionnellement.
- Savoir déléguer : au conjoint, à la famille ou autres permet de sortir de l’isolement et de l’épuisement.
- Réécrire sa propre définition d’être mère : plutôt que de chercher à correspondre à une norme, il s’agit de trouver un modèle qui vous ressemble, qui respecte vos limites et vos besoins.
En définitive, l’épanouissement autour de la maternité naît lorsque la femme parvient à concilier ses multiples facettes : celle de mère, mais aussi celle d’individu à part entière. C’est cette authenticité, ce respect de soi et de ses besoins, qui nourrit à la fois son bien-être et celui de ses enfants.
Mes conseils
- Acceptez vos ressentis : Commencez par reconnaître vos émotions : fatigue, frustration ou sentiment d’oppression. Verbalisez-les à votre conjoint, à une amie ou à une Rabbanite. Ce n’est pas un échec, c’est humain. Accepter ce que vous ressentez est la première étape pour vous libérer de la culpabilité et avancer.
- Redéfinissez votre maternité : Éloignez-vous de l’idée de “mère parfaite” et créez votre propre définition : une maman qui aime, qui accompagne, mais qui prend aussi soin d’elle. Vos enfants n’ont pas besoin d’une perfection, mais d’une maman authentique, même si elle est différente.
- Créez des moments de plaisir avec vos enfants : Choisissez de petits instants qui vous apportent de la joie : une activité artistique ou sportive ensemble, jouer, cuisiner, ou simplement discuter. Même dix minutes quotidiennes, mais vécues pleinement, peuvent transformer votre perception du quotidien.
- Préservez votre espace personnel : Autorisez-vous des moments pour vous : une activité professionnelle, un hobby, une promenade seule ou avec votre mari, entre amies. C’est ce qui vous donnera les ressources pour pouvoir affronter ce qui est difficile et ingrat dans la maternité.
- Partagez la charge : N’hésitez pas à déléguer certaines tâches au conjoint, à la famille ou à des aides extérieures. Vous n’êtes pas seule, et partager les responsabilités réduit le stress et la fatigue.
- Acceptez l’imperfection du quotidien : La vie de maman n’est pas parfaite et ne le sera jamais. Apprenez à lâcher prise sur ce que vous ne pouvez pas contrôler et à célébrer les instants où tout se passe bien.
- Valorisez vos réussites, même petites : Chaque sourire, chaque réussite de vos enfants, chaque moment de complicité compte. Ce sont VOS réussites ! Notez-les si nécessaire pour vous rappeler que vous accomplissez déjà beaucoup.
J’espère que cet article vous aidera à reprendre confiance en vous en tant que mère et à retrouver votre couronne de reine de votre foyer ! On nous enseigne que chaque âme, avant de descendre sur terre, on lui montre ses parents et le but qu'Hachem a choisi pour elle. Cela signifie que vos enfants vous ont choisie, vous, avec vos forces, vos limites, vos qualités et même vos imperfections. Ce rappel donne une immense valeur à votre rôle : vous êtes exactement la mère dont vos enfants ont besoin. Être une “bonne mère” ne signifie pas réussir chaque tâche, ni aimer chaque instant. C’est avant tout transmettre avec sincérité, aimer sans condition et rester fidèle à qui l’on est. La maternité ne demande pas la perfection, mais l’authenticité : vos enfants ont besoin d’une maman vraie, pas d’un idéal impossible. Comme le dit le Talmud : “D.ieu désire le cœur” (Sanhédrin 106b), ce qui veut dire que ce n’est pas la performance qui importe, mais l’intention du cœur. Et ça, vous l’avez…
Béhatsla’ha !
Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.





