« Tu connais le nouveau resto untel ? Il est trop sympa ! ». « Et la dernière chanson unetelle, trop sympa ! ». « Wow, l’offre de séjour de Pessa’h à tel endroit… ça a l’air trop sym-pa ! ». « Oh, le mariage de ma copine… le dernier smartphone… la maison de tartempion, etc. ». Et j’en passe tellement, de choses qui ont l’air si sympas.

Alors oui, c’est une certitude, le sympa s’invite de nos jours partout et en tout temps. On a un besoin viscéral de paraître sympa, de vivre sympa, de l’incarner.

Pourquoi pas, me direz-vous ?!? Ces perspectives semblent inspirer justement des bouffées d’air frais dans notre quotidien, non ?

Afin de répondre à cette interrogation, analysons ensemble cela de plus près, et essayons de décrypter l’une des raisons pour lesquelles le sympa est devenu un fantôme omniprésent indispensable au pseudo-bien-être de tout un chacun aujourd’hui.

Emportés par la foule qui nous traîne, nous entraîne…

Faisons un petit retour en arrière dans l’histoire.

À force de recherches hédonistes inabouties jusqu’à ce jour d’ailleurs (traduction : mais il est où le bonheur, il est où ?), le monde profane a été emporté par plusieurs raz-de-marée humains ; il y a eu les nombreuses révolutions politiques - qui ont cru nous faire atteindre le vrai bonheur du peuple (autoritarisme, communisme, marxisme, capitalisme, etc., sans grand succès ) -, religieuses, mais aussi philosophiques. Chacune de ces vagues ayant emporté de nombreux rêveurs, en perte de repères.

Concernant les dernières révolutions philosophiques, il y a eu la sombre période de Mai 68, en France, où le corps n’a plus eu de barrières, plus d’interdits.

Quelques décennies plus tard, le monde occidental moderne a trouvé une nouvelle forme de pseudo-bonheur. Cette nouvelle forme, ce n’est plus de vivre des instants de bonheur, mais de les diffuser à tous et en tout temps.

C’est alors que les projecteurs font désormais grands feux sur… l’image. Snaps, Instas, et selfies n’ont de cesse de trouver de nouvelles formes d’images où l’on peut - où l’on doit ! - se mettre en scène de la façon qui nous présentera sous notre meilleur jour sur Facebook ou ailleurs.

Les dernières applis à la mode misent donc tout sur le potentiel de pouvoir nous offrir cette chance inestimable (raison primordiale qui justifie le succès planétaire de WhatsApp, où l’on peut transférer des fichiers vidéo en un clin d’œil) de communiquer aux autres nos bonheurs de chaque instant.

Comment s’étonner alors, que le besoin d’incarner le sympa nous poursuive partout ? Si on doit se mettre en scène en tous lieux et en tout temps, par les images et vidéos, qui oserait mettre son égo au défi en affichant au grand jour ses zones d’ombre ? Pas question ! On va s’afficher avec le plus d’aspects flatteurs possibles.

Jamais sans mon selfie

C’est donc l’occasion de nous demander si tous ces sympa-addict incarnent réellement le bonheur qu’ils affichent.

En bref, est-ce que ce resto sympa dans lequel on a mangé, ce séjour sympa duquel on envoie des photos à longueur de journée, cette nouvelle acquisition que l’on poste à qui veut bien nous en faire un retour glorieux au plus vite, et auprès du plus grand nombre de témoins, nous rendent-ils réellement la vie super sympa ?

Savez-vous comment la Torah répondrait à cette interrogation ? Elle nous dirait que, dans la vie, rien de constructif et de vraiment positif ne s’acquiert par la facilité.

Ex : des enfants réussis, ce qui peut procurer le plus grand bonheur qu’il soit, ça ne se fait pas en deux minutes, n’est-ce pas ?

Et même pour réaliser seulement un délicieux gâteau, il ne faut pas juste claquer des doigts, alors a fortiori, pour le reste, n’en parlons pas !

Donc, ces semblants de kifs que l’on veut exposer à longueur de journée, c’est clairement une succession de plaisirs faciles et vides. Ce ne sont pas des moments qui portent en eux-mêmes les graines qui feront fleurir demain nos plus grandes satisfactions dans la vie.

Le kif, le sympa, le plaisir facile, c’est de toute évidence le Yétser (penchant) de notre génération. Savez-vous pourquoi ? Parce que le Bon D.ieu (qui a inventé ce nom bizarre ? Comme si, ‘Hass Véchalom, il existait un mauvais D.ieu, lol !) a énormément facilité notre accès aux Mitsvot dans notre génération, c’est donc le deal du siècle entre Hachem et le Yétser : Mitsvot faciles d’accès ok, mais une tonne de plaisirs faciles et de kifs pour rééquilibrer le libre arbitre des Juifs… Marché conclu.

Plus une grande ville où le Cachère ne se vend pas à profusion, n’est-ce pas ? Où l’on ne trouverait pas un Mikvé propre et simple d’accès, où l’on devrait se cacher pour respecter le Chabbath ou étudier la Torah librement, où il n’y aurait pas d’école pour soutenir l’éducation juive de nos petits trésors, etc.

Interrogez donc l’histoire au sujet des générations qui nous ont précédé… Combien nos ancêtres ont dû souvent lutter pour pratiquer les Mitsvot, c’est inimaginable ! Ainsi, pour eux, le Yétser leur proposait d’autres types de combats : l’assimilation par toutes les voies, entre autres. À chacun son programme.

Alors voilà, c’est comme cela, nous, nous devons lutter contre notre réalisation au travers des plaisirs faciles, et du semblant de sympa à longueur de temps, car ce n’est qu’illusion...

Faut-il alors vivre dans le PAS sympa ?!?

Non, pas du tout, tout ce que l’on doit vivre au quotidien doit être fait de façon plaisante. MAIS, et attention, tout est dans ce MAIS…

Mais dans un sympa plein de profondeur… dans un sympa qui laisse derrière lui, non plus du vide, mais de la vraie satisfaction, un arrière-goût de plaisir authentique.

Par exemple, oui, on va aller à ce mariage sympathique, mais on va y aller dans le but, de réjouir au maximum notre amie, la mariée ! Ça, c’est un plaisir sur le moment, et qui de surcroît perdurera pour l’éternité…

On va aller tenter ce nouveau restaurant, mais dans le but de passer un doux moment de rapprochement avec son mari.

Et pourquoi pas, si on le peut, on va se laisser tenter par ce séjour de Chavou’ot qui fait rêver, mais dans l’intention, puisque l’on mettra les pieds sous la table, de préparer davantage de Divré Torah profonds et de mises en scène amusantes pour nos enfants…

Tout est finalement une question d’INTENTION : le sympa partout et toujours, oui, mais ce qu’il va porter comme fruits par la suite, à nous de le décider selon l’intention que l’on y met, au choix, du vide, ou un cumul de choses constructives. Ces choses qui vont apporter de la vraie satisfaction à tout le monde : à nous-mêmes, aux autres, et par-dessus tout, à Hachem.

À nous donc de jouer ;-)

À très vite Bé’ézrat Hachem.