Rivka est la seconde de nos quatre matriarches, c’est-à-dire qu’elle symbolise l’un des quatre fondements Divins et féminins qui nous été transmis de génération en génération à travers la chaîne spirituelle du peuple juif.

Eliézer avait été chargé de la mission de la plus haute importante par son maître Avraham : “Va dans mon pays et dans mon lieu natal chercher une épouse à mon fils, à Its'hak” (Béréchit 24,4). C’est donc en terre de Canaan qu’Eliézer se met en quête d’une épouse digne d’Its'hak. Pour être sûr qu’elle a les qualités requises pour entrer dans la dynastie d’Avraham, il fait un fameux “pacte” avec D.ieu : “Eh bien ! la jeune fille à qui je dirai : ‘Veuille pencher ta cruche, que je boive’ et qui répondra : ‘Bois, puis, je ferai boire aussi tes chameaux’, puisses-Tu l'avoir destinée à ton serviteur Its'hak”(Béréchit 24,14).

Ainsi, arrivant en terre de Canaan, il se trouve près d’un puits et voit Rivka, que la Torah nous présente d’emblée comme une personne bonne et généreuse. Sur la demande d’Eliézer, elle puise pour lui de l’eau du puits alors que c’est la première fois qu’elle le rencontre. Pourtant, Eliézer aurait pu puiser de l’eau pour lui-même et pour ses serviteurs, mais Rivka accepte. Non seulement elle accepte, mais elle propose d’offrir à boire à ses chameaux : il s’agit d’une dizaine de chameaux ayant fait le voyage depuis Béèr Chéva’ jusqu’à Aram-Naharaïm ! Ils ont besoin de boire des centaines de litres d’eau, et, pourtant, pendant tout le temps où Rivka se fatigue à puiser de l’eau pour ses chameaux, Eliézer la regarde, immobile et silencieux !

Silencieux ? Pas vraiment ! Assistant à cette scène, ébahi par la bonté sans bornes de la jeune fille et plein de reconnaissance envers Hachem, il remercie D.ieu et reconnait qu’elle est la femme destinée à Its'hak. En effet, la maison d’Avraham est une maison où l’on pratique la bonté désintéressée, et Rivka s’est montrée digne d’en faire partie, car elle a accompli un acte de bonté pur, c’est-à-dire n’attendant aucune rétribution en retour. C’est cette générosité du cœur qui permettra à Rivka de succéder directement à Sarah. Il y a une continuité directe depuis 'Hava, la mère de tous les vivants, jusqu’à Sarah, puis Rivka. Comme le dit Kohélèt : “Le soleil se lève, le soleil se couche”, et le Midrach de commenter : “Le Saint béni soit-Il n’avait pas permis au soleil de Sarah de disparaître que brillait déjà celui de Rivka”.

Cependant, qu’on ne se méprenne pas au sujet de Rivka ! On pourrait penser qu’il s’agit d’une jeune fille naïve qui laisse un homme étranger exploiter son bon cœur. C’est le contraire qui est vrai ! Rivka est parmi les plus fortes : elle vit au milieu de gens pervertis et a été élevée dans une famille de malhonnêtes, comme le sont d’ailleurs toutes les personnes de son entourage. Et pourtant, nos maîtres la qualifient de “rose parmi les buissons d’épines”.

Elle ne se laisse dominer ni par son père ni par son frère, Bétouel et Lavan, aussi sournois l’un que l’autre, qui essayent de la dissuader de partir avec Eliézer. Pourtant, surtout à une telle époque, une jeune fille se doit d’obéir à son père, mais ce n’est pas le cas de Rivka : “Je pars de mon propre chef, même si vous ne le voulez pas” (Béréchit Rachi 24, 58).

Cette force de caractère s’est imprégnée de génération en génération parmi ses descendantes. Même au milieu d’un environnement perverti, depuis l’Egypte esclavagiste jusqu’à notre époque aux valeurs morales vacillantes, en passant par les cosaques tortionnaires et l’URSS totalitariste, les femmes juives vaillantes sont parvenues à maintenir les valeurs traditionnelles du judaïsme, créant ainsi un halo de paix dans des sociétés des plus dépravées.

Rivka incarne ainsi la femme forte qui assume ses décisions et demeure fidèle à ses principes. Même après son mariage avec Its'hak, c’est elle qui établira les fondements du foyer...