Ce qui est attendu de nous en ce mois d’Eloul, le mois de la Téchouva ? Que nous baissions la tête un tant soit peu. Pour regarder où ? Au fond de notre sac !

Nos Sages enseignent que celui qui prend la peine de baisser un tant soit peu la tête pendant le mois d’Eloul aura le mérite de marcher la tête haute tout au long de l’année.

Que signifie au juste baisser la tête ? Baisser la tête signifie non seulement faire « profil bas » – au moins pendant un mois –, c’est-à-dire abandonner notre égo et faire preuve d’humilité, mais également cesser de regarder autour de nous pour procéder enfin au travail que nous avons repoussé durant toute l’année : jeter un œil au fond de notre propre sac…

Je me souviens que l’une de mes filles avait la fâcheuse habitude de laisser chaque jour son goûter de 10h presque dans sa totalité au fond de son cartable. Jour après jour, à la pause du matin, elle croquait une seule et unique bouchée de son sandwich pour reléguer le reste dans l’une des poches intérieures de son sac. Le jour où, malencontreusement, j’ouvris son cartable, je faillis m’évanouir… Je fus accueillie par une épouvantable odeur de moisi et une vision cauchemardesque de pain à l’état de décomposition avancé. « Quelle chance !, ne pus-je m’empêcher de penser, quelle chance que ce soit moi qui ai ouvert son sac et non la maîtresse ! Quelle honte cela aurait été pour ma fille ! Qu’est-ce que la maîtresse aurait pensé de nous ? » Vite, je vidai le contenu, lavai et lessivai le tout, jusqu’à ce que le sac de ma fille reprenne son allure de cartable flambant neuf.

Mes chères amies, que dire ? Le contenu de notre sac n’est pas reluisant lui non plus… Il est difficile, désagréable, il est presque impossible d’y plonger notre regard… Pourtant, il est infiniment plus facile de s’atteler nous-mêmes à la tâche que de subir la honte de voir le Tribunal céleste le faire à notre place à Roch Hachana !

Le courage de faire Téchouva

Le moment le plus propice pour procéder à une introspection est sans aucun doute le mois d’Eloul. Ouvrons notre sac, vidons son contenu, avouons avec courage nos fautes devant Hachem, et exprimons nos regrets sincères ! Hachem ne restera pas insensible à notre volonté de nous rapprocher de Lui et Il nous prendra en pitié. Dès lors qu’Il constatera notre disposition à démarrer le travail, Il nous assistera dans notre démarche.

L’essentiel est d’avoir le courage de faire face et de ne pas succomber à la tentation d’accuser les autres… Certains rejettent la cause de leurs propres échecs sur leur conjoint, leur famille, leur éducation, leur employeur, leur belle-mère, la société, et que sais-je encore. Prenons exemple sur Ezra le Scribe, qui fut comparé à Moché Rabbénou et qui eut le courage de déclarer : « Mon D.ieu ! J’éprouve de la honte et de la confusion à élever ma face vers Toi, car nos iniquités se sont multipliées sur notre tête et notre culpabilité a grandi jusqu’au Ciel ! »

Un bateau sur les flots

La Téchouva, cette démarche consistant à reconnaître, regretter, et abandonner fermement nos erreurs du passé, a la force d’effacer totalement nos actes pour faire de nous des êtres nouveaux, totalement différents ! Le Ari Hakadoch enseigne que la Téchouva ressemble à un bateau qui navigue sur les eaux. De la même manière que l’écume laissée par un bateau est immédiatement effacée par les flots au point qu’il est impossible de discerner son passage, ainsi en est-il de la Téchouva qui efface totalement nos écarts du passé pour laisser place à une toute nouvelle réalité.

Souvenons-nous : celui qui souhaite par-dessus tout nous accorder une bonne année, pleine de satisfaction, de réussite, et de bonheur, c’est D.ieu ! L’auteur du Nétivot Chalom explique que les trois livres ouverts devant Hachem à Roch Hachana – celui de la vie, celui de la mort et celui intermédiaire – sont également ouverts devant l’homme, et c’est lui qui décide du livre où il sera inscrit. Il suffit qu’il tende la main dans la bonne direction, celle du changement positif, de la volonté de s’amender, et des bonnes résolutions !