“Toute personne qui se relâche dans l’étude de la Torah n’aura pas les forces nécessaires pour faire face à une situation de détresse.” (Bérakhot 63a)

C’est par cette citation que le très célèbre Rabbi 'Haïm Chmoulévitz, directeur de la Yéchiva de Mir pendant quarante ans, ouvre sa liste de conseils à adopter en cas de guerre.

Le premier conseil est donc, bien évidemment, de se renforcer dans l’étude de la Torah. Non seulement la Torah protège, mais elle donne les forces de faire face à l’adversité, de surmonter les angoisses et de vaincre le stress.

Ainsi, lorsque Haman avait lancé le projet d’exterminer tous les Juifs en un jour, il rentra à la synagogue et vit Mordékhaï donner un enseignement sur l’offrande du ‘Omer. Il lui dit alors : “votre ‘Omer à vaincu mes dix-mille shekels [donnés au roi pour vous exterminer]” (Vaykra Rabba 28, 6). En d’autres termes, même un mécréant comme Haman a compris la force protectrice de la Torah.

Le second conseil est de multiplier les prières. Ce conseil semble évident, mais il y ajoute une dimension supplémentaire. Non seulement la prière a le pouvoir d’annuler les mauvais décrets, et celle du public est plus puissante que celle de particuliers, mais le fait de prier montre à D.ieu notre douleur. En effet, la prière est appelée “cri” en hébreu. Une personne qui a mal crie même si cela ne sert à rien. Or nous savons que D.ieu ne punit une personne que si son entourage mérite la souffrance de voir la punition de leur proche. Par exemple, un juge peut mettre en prison un père de famille même si cela provoquera une souffrance injustifiée chez les enfants de celui-ci. En revanche, D.ieu n’applique une punition chez une personne uniquement dans le cas où la douleur de sa femme et ses enfants est justifiée.

C’est ainsi qu’en priant pour les victimes, les blessés, leur famille, les forces de sécurité, nous exprimons notre douleur et notre solidarité. Cela peut suffire à annuler ou repousser des mauvais décrets.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’une personne qui se sacrifie pour la défense du peuple juif a un mérite très particulier. Citons le cas de Papus et Lulianus, deux Juifs non-religieux, qui se sont sacrifiés pour sauver la communauté juive de la ville de Lod. Le Talmud témoigne qu’aucune créature ne peut se tenir là où ils sont dans le Ciel (Pessa’him 50a). Cela ne fait que renforcer l’obligation que nous avons de prier pour la réussite des personnes qui protègent le peuple juif.

Le troisième conseil est plutôt une injonction. Il nous est interdit d’avoir peur. En effet, la peur démontre un manque de confiance en D.ieu. Il faut avoir clairement à l’esprit - et dans le cœur - que D.ieu dirige le monde. 

À ce sujet, nous voyons que la Torah met en garde contre la peur - principal danger en temps de guerre (Sota 44b).

Ainsi le roi Chaoul ne permet à David de combattre Goliat qu’après qu’avoir jaugé l’absence de peur chez David (Chmouel 17, 36-37). Dans le même ordre d’idées, nos Sages reprochent à notre patriarche Ya’acov d’avoir ressenti de la peur alors qu’Essav avance à sa rencontre à la tête de cent-soixante-mille combattants (!). Car celui qui a peur est comparable à la personne qui tire l’oreille d’un chien agressif. Au lieu de le maîtriser, il provoque une morsure inévitable.

Rabbi 'Haïm conclut cette liste de conseils empreints de perspicacité par un verset qu’il commente (Hoché’a 14 ,4).

“Achour ne nous sauvera pas” : c’est-à-dire que nous ne plaçons pas notre confiance en quelque grande puissante que ce soit.

“Nous ne monterons plus sur les chevaux” : ni ne plaçons notre confiance dans les armements, tanks et l'aviation.

“Et nous ne dirons plus nos dieux à l'œuvre de nos mains” : nous prenons conscience de notre manque de maîtrise de la situation.

“Car auprès de Toi seul, le délaissé trouve compassion” : car D.ieu est le seul à pouvoir nous sauver.

Puisse l’Éternel protéger le peuple juif, ramener les captifs, soigner les blessés et envoyer la consolation aux familles des victimes.